L’information a un peu secoué l’industrie pharmaceutique en France. Le 22 octobre dernier, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a déconseillé aux Français d’utiliser, par voie orale, certains médicaments antirhume dont le but est de déboucher le nez, comme Actifed, Dolirhume, Nurofen, Humex ou encore Rhinadvil.
«Des infarctus du myocarde et des accidents vasculaires cérébraux peuvent se produire après utilisation par voie orale des médicaments vasioconstricteurs (pseudoéphédrine) destinés à soulager les symptômes du rhume. Le risque est très faible mais ces évènements peuvent se produire quelles que soient la dose et la durée du traitement», alerte l’ANSM dans un communiqué. L’agence va même plus loin en demandant aux pharmaciens de ne plus vendre ces médicaments et à les déconseiller à leurs clients. Aux patients, elle conseille de rapporter aux pharmaciens les boîtes qu’ils n’ont pas encore utilisées.
Aucune décision officielle au Maroc
Au Maroc, cinq médicaments à base de pseudoéphédrine sont actuellement commercialisés, d’après le portail de la Direction du médicament et de la pharmacie (DMP): Dolirhume, Ephedryl (en solution buvable et en comprimés), Humex Rhume, Rhumagrip et Rhumix. Leurs prix varient entre 17 dirhams et 23,50 dirhams. Mais au moment où nous écrivions ces lignes, aucune communication officielle n’avait été faite et aucune décision n’avait été annoncée par le ministère de la Santé et de la protection sociale. Une situation embarrassante pour de nombreux pharmaciens interpelés sur la question par leurs patients.
«Quand nous recevons ce genre d’informations, on est un peu inquiets, surtout les patients qui nous sollicitent pour avoir plus d’éclairages et être rassurés sur les médicaments en question», confirme Abderrahim Derraji, docteur en pharmacie et fondateur du site Médicament.ma dans un entretien avec Le360. «Ce ne sont pas des médicaments qu’on peut qualifier de vitaux. Au Maroc, il y a seulement cinq spécialités à base de pseudoéphédrine qui sont commercialisées dans les pharmacies», souligne-t-il.
Selon notre interlocuteur, la Commission nationale de pharmacovigilance, présidée par le directeur du médicament et de la pharmacie, «va certainement évaluer le rapport bénéfice-risques et déterminer la conduite à suivre au Maroc, ce qui nous permettra de mieux orienter les patients».
Mais vu les effets d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) ou cardiaques évoqués par l’ANSM, «la tendance pencherait sur une réévaluation de leurs risques au Maroc, d’autant plus qu’il existe dans notre pays des médicaments alternatifs sans pseudoéphédrine (molécule qui permet de décongestionner le nez, NDLR) qui soignent le rhume», précise-t-il.
Nous avons contacté le Centre national de pharmacovigilance (CNPV), qui nous a renvoyés vers la DMP, mais nos tentatives sont restées vaines. En attendant une décision officielle, M. Derraji recommande aux patients «d’éviter autant que possible d’utiliser des produits à base de pseudoéphédrine et surtout de les associer des médicaments aérosols (administrés par voie aérienne), qui peuvent contenir des vasioconstricteurs».