La réforme du Code de la famille reste d’actualité au Maroc. Acteurs de la société civile, Conseil national des droits de l’Homme, associations féminines, avocats, magistrats… tous demandent une révision de la Moudawana, entrée en vigueur en février 2004, voire une Moudawana nouvelle génération. Objectifs: corriger certains de ses manquements, notamment relatifs au mariage des mineurs, à l’héritage, aux règles de tutelle et de garde des enfants et au statut des mères célibataires.
Et les Marocains, en général, qu’en pensent-ils? Pour répondre à cette interrogation, le réseau panafricain de recherche par sondage Afrobaromètre leur a donné la parole, à travers un sondage réalisé sur un échantillon de 1.200 adultes, entre le 31 août et le 19 septembre 2022.
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D’après les résultats de cette enquête, publiée le 17 mars 2023, près de 8 Marocains sur 10 (78%) affirment que toute réforme du Code de la Famille visant à promouvoir l’égalité des sexes devrait être basée sur la loi islamique. Seuls 20% souhaitent que les réformes soient basées uniquement sur les accords internationaux signés par le Royaume.
Cette référence à la religion est plus prononcée chez les hommes (80%), les résidents ruraux (82%) et les citoyens les moins nantis (81%), que du côté des femmes (74%), des résidents urbains (74%) et des plus nantis (76%).
«Le soutien au fondement des réformes du Code de la Famille sur la loi islamique augmente avec l’âge des répondants (allant de 73% chez les 18-35 ans à 85% chez les plus de 55 ans), et diminue avec le niveau d’éducation (88% chez les sans éducation formelle contre 65% parmi ceux qui ont fait des études postsecondaires)», précise le rapport.
Interrogés sur les questions prioritaires à prendre en compte dans le cadre de cette révision, 32% des sondés citent les procédures de divorce, de réconciliation et de pension alimentaire, 25% évoquent les relations sexuelles hors mariage, et 22% les mariages précoces.
Rappelons que dans son discours prononcé le 30 juillet 2022 à l’occasion du 23 anniversaire de la Fête du Trône, le roi Mohammed VI avait relevé des manquements et des obstacles dans l’application du Code de la Famille. Pour le Souverain, il s’agit de restituer à la femme la place qui lui revient de droit. «Le statut de la femme, ses droits, sont les conditions sine qua non de la stabilité sociale et du développement économique», avait souligné le Roi. Une allocution qui, pour les partisans de la réforme de la Moudawana, ouvrait la voie à la refonte tant souhaitée. Toutefois, le Roi précisait qu’il ne peut «autoriser ce que Dieu a prohibé, ni interdire ce que le Très-Haut a autorisé, en particulier sur les points encadrés par des textes coraniques formels».