En marge de la Semaine judéo-marocaine, qui se tient du 12 au 19 mars courant à Créteil, Serge Berdugo, secrétaire général du Conseil des communautés israélites du Maroc, a mis en avant l’indéfectible attachement de la communauté juive marocaine à sa patrie d’origine. Pour lui, il ne s’agit pas d’«une affaire de nostalgie, mais d’un acte de foi».
Forts de leurs convictions et de leur capacité de saisir les nouveaux contextes favorables, les Juifs marocains ont contribué à écrire une page de leur histoire commune au présent, et ont semé des graines qui ont déjà donné de belles pousses pour l’avenir et pour la continuité de l’histoire, a relevé Serge Berdugo.
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«Nous avons été quelques-uns d’abord, maître Georges Berdugo, feu Jacques Berdugo et moi-même, rejoints par plusieurs compagnons de route, notamment Simon Lévy, Boris Tolédano, Jacques Tolédano, Armand Amzalag, Albert Siboni maître Vidal Serfati, à faire face aux nouvelles réalités et éviter le risque de voir le judaïsme marocain disparaître de son pays comme société vivante, presque par inadvertance», a indiqué Serge Berdugo.
«Une chose était claire: nous n’avions pas de raison de quitter le Maroc. Nous prenions le pouls de la société civile. Il n’y avait ni discrimination, ni animosité et nous prenions la mesure des sentiments de perte que les départs avaient laissés chez nos concitoyens musulmans», a-t-il poursuivi.
C’est ainsi que plusieurs actions ont été entreprises afin de «retisser du lien avec les communautés juives marocaines d’Israël et de la diaspora et de favoriser les chemins du dialogue et de la paix».
Un immense patrimoine à sauvegarder
Afin de sauvegarder le patrimoine juif marocain, deux institutions ont vu le jour. Il s’agit tout d’abord de la Fondation du patrimoine culturel judéo-marocain qui a été initiée par le Conseil des communautés en 1997 et fondée par 4 membres de son bureau, à savoir Boris Toledano, Simon Levy, Jacques Toledano et Serge Berdugo, a expliqué le secrétaire général du Conseil des communautés israélites du Maroc.
«Notre Fondation a centré ses activités autour de la préservation des sites et des signes du patrimoine. Elle a notamment assuré la réhabilitation des synagogues sur l’ensemble du territoire», a-t-il détaillé.
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Quant à la Fondation Dona et Haim Benchimol, son soutien a permis au Comité délégué de Tanger de récupérer, inventorier et sauvegarder des judaica, des documents et des textiles inestimables qui vont enrichir les collections du Musée Juif Beit Yehouda. «Auparavant, le Comité avait restauré la prestigieuse synagogue Nahon, la synagogue Akiba, le cimetière historique de la rue du Portugal et le Centre de recherche des juifs du Nord. Plusieurs autres projets ont été, par ailleurs, achevés en 2022, notamment à Assilah», a ajouté Serge Berdugo.
Un vibrant hommage rendu au Souverain
Selon Serge Berdugo, la sauvegarde du patrimoine juif marocain «n’aurait été possible sans la volonté exprimée par Sa Majesté le Roi de l’intégrer pleinement dans le patrimoine national».
«Depuis 2010, la sauvegarde du patrimoine juif marocain trouve sa source et son inspiration dans la vision éclairée de Sa Majesté le Roi et se réalise sous ses hautes directives. La conduite de ces importants travaux nous a été confiée et nous œuvrons de concert avec le ministre de l’Intérieur, les walis et gouverneurs et le ministère de la Culture», a-t-il fait savoir.
«Le Roi faisait écho à un souhait de notre communauté et assurait qu’une partie de notre patrimoine qui aurait perdu sa fonction originelle (synagogue ou autre) puisse -pour rester vivant- être investi d’une nouvelle fonction en faveur de la société civile. Deux exemples les plus significatifs étant la restauration de la synagogue Attia d’Essaouira, qui abrite Dar Dakira, et le Centre d’études et recherche Haïm Zafrani, et la synagogue Assayag de Tanger qui, après sa réhabilitation en 2021, abrite le musée juif Beit Yehouda», a rappelé le secrétaire général du Conseil des communautés israélites du Maroc.
Le rôle de la société civile mis en avant
Serge Berdugo a fait remarquer que depuis une décennie, les associations de sauvegarde du patrimoine intègrent systématiquement dans leurs plans la part juive de ce patrimoine marocain.
«Maintenant, il nous faut -ensemble- perpétuer tous ces acquis et leur donner un nouveau souffle, car la communauté juive au Maroc reste une composante essentielle du Maroc. Bien sûr, il faudra sans cesse s’adapter aux réalités nouvelles pour pérenniser le judaïsme marocain matriciel. Et nous en sommes tous d’accord, il en vaut vraiment la peine. L’exception marocaine mérite attention et vigilance», a-t-il conclu.
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Pour rappel, l’héritage culturel judéo-marocain et les valeurs de paix, de tolérance et de vivre ensemble prônées par le Royaume seront mis en avant, du 12 au 19 mars 2023 à Créteil, lors de la Semaine judéo-marocaine organisée à l’initiative de la communauté juive de cette ville française et du Consistoire de Paris.
Une semaine dédiée à l’héritage judéo-marocain
Contacté précédemment par Le360, Albert Elharrar, président de la communauté juive de Créteil, avait indiqué que «tous les jours, du 12 au 19 mars, auront lieu des conférences, des tables rondes, des débats, des projections de films à la Maison communautaire de Créteil. Seront présents des invités et intervenants de qualité, et un bouquet de personnalités importantes et éminentes du Maroc et d’Israël, représentatives de la culture judéo-marocaine».
«Le programme de cette semaine est particulier par sa richesse et sa diversité. Je pense que cette semaine restera gravée dans les mémoires de ceux qui nous feront le plaisir d’être présents au Centre communautaire de Créteil, pour partager un programme riche en émotions, en échanges et qui sera l’occasion de découvrir ou redécouvrir un Maroc pluriel, modèle de coexistence et de tolérance», avait relevé le président de la communauté juive de Créteil.