Réparer et éduquer

Tahar Ben Jelloun.

Tahar Ben Jelloun.

ChroniqueJe ne vous cache pas que la tragédie de Demnate avec 24 morts m’a mis dans une colère noire et muette. Ce n’est pas la première fois qu’un autocar tombe dans un ravin. On rappelle à ceux qui l’auraient oublié qu’en 2012, un accident de bus avait fait 42 victimes.

Le 14/08/2023 à 11h05

D’après des chiffres officiels, le Maroc perd 3.200 personnes par an suite à des accidents, des crimes, sur les routes. C’est environ le même chiffre que la France, dont la population est le double de celle de notre pays.

Que faire?

Il va falloir garder son calme, examiner le problème des crimes sur les routes de manière scientifique, objective, avec quelques solutions dont l’efficacité devrait être certaine.

Dans un premier temps, faire la chasse aux véhicules qui n’ont plus le droit de circuler.

Ensuite, réviser l’obtention du permis, surtout pour des personnes qui se destinent à être des chauffeurs professionnels.

Réparer les routes des montagnes qui sont souvent abîmées par les fortes pluies.

Imposer l’alcootest. Oui, nous sommes un pays musulman, et les Marocains boivent une quantité importante d’alcool. Ne soyons pas hypocrites.

Imposer la règle de certains pays comme les pays nordiques: celui qui boit ne conduit pas. En Suède, c’est une loi qui fait partie de la vie quotidienne, c’est comme la ceinture de sécurité ou le respect absolu de la priorité.

Faire une campagne intelligente, adaptée à nos mentalités. Nous avons des scénaristes et des cinéastes capables de réaliser un clip dont la durée ne dépasse pas les soixante secondes et qui saura parler aux millions d’automobilistes.

L’information au journal télévisé ne suffit pas.

Pourquoi un autocar est tombé dans un ravin? Quel était l’état du véhicule?

L’état des routes, et aussi l’état du malheureux conducteur.

Toute la presse a consacré des articles à la tragédie de Demnate et au douar Akhachane d’où sont issues les victimes. Mais cela n’est pas suffisant. Le problème devrait être posé au Parlement, et que le ministre vienne dire ce qu’il prévoit pour que ces drames n’arrivent plus.

J’ai remarqué qu’il n’y a plus de gendarmes sur les routes. Il y a certes des radars, mais ce n’est pas assez dissuasif.

J’avais, dans une ancienne chronique, proposé qu’on confisque le véhicule de l’individu conduisant en état d’ébriété. Quand quelqu’un sait qu’il va perdre sa voiture, il s’abstiendra de boire. Il faudrait prendre des décisions radicales et mener une guerre sans merci contre les chauffards, ceux qui doublent dans un virage, qui ne s’arrêtent pas à un stop, qui font des rodéos sur l’autoroute etc.

C’est une question d’éducation. Quand on apprend le respect, il faut le pratiquer partout, en famille, à l’école, dans la rue et aussi en conduisant.

Après le sérieux en tant que valeur de vie, ajoutons le respect en tant que valeur de conduite dans tous les sens du mot.

Pourquoi ne pas inclure des leçons de conduite au collège comme cela se fait en Amérique? Apprendre à conduire comme on apprend les mathématiques ou la chimie. Avec discipline et respect.

Nous savons tous que les crimes sur les routes relèvent d’un manque cruel d’éducation.

PS: Il paraît que le ministère de l’Intérieur est en train de faire la chasse aux mendiants pour ne pas effrayer les touristes. Il est vrai que la mendicité est un fléau difficile à éradiquer. Mais avant d’arrêter ceux et celles qui mendient, il serait logique de leur trouver une occupation, un travail, une insertion sociale. En dehors de quelques professionnels de la mendicité, personne n’a envie de tendre la main dans la rue. Ce qui devrait être interdit en premier c’est l’utilisation des bébés par certaines mendiantes. Jouer sur la sensibilité des gens tout en exposant le bébé, parfois à peine né, à la pollution, au manque de sommeil et à la faim est intolérable.

Par Tahar Ben Jelloun
Le 14/08/2023 à 11h05

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Effectivement s'attaquer au problème de la corruption gendarme et agent de police.

Le manque d'eau et coupures de nuit d'eau CASABLANCA et dans les campagnes et la montagne restent préocuppant. Merci

Suite Je suis persuadé que le fait de revenir sur ces drames en allant vers les victimes innocentes en rappelant leur sort, permettra d’atténuer le nombre d’accidents. NB Les médias marocains se limitent à informer hebdomadairement sur les accidents de circulation en milieu urbain, faisant fi voire ignorant des accidents survenus hors des villes cachant une réalité qui choque : plus de 60 morts et des milliers de blessés chaque semaine. Tout simplement TABOU.

Au Maroc, évoquer l’hécatombe des accidents est un sujet presque TABOU. Les médias officiels se limitent à rapporter les faits si comme il s’agissait de faits divers : lieu de l’accident, nombre de morts et blessés et visite à l’hôpital avec un entretien avec des médecins. Et puis, on passe à autre chose. Malheureusement, nous oublions que ces accidents sont des drames tragiques qui impactent des familles toutes entières (veuves/veufs, orphelins, handicapés à vie, perte d’êtres chers…). Aucune suite ou enquête n’est fournie par les médias dans les jours qui suivent pour déterminer les causes de l’accident, l’état des véhicules impliqués, l’état des routes, poursuites judiciaires éventuelles à l’encontre des conducteurs et surtout des propriétaires des autocars reconnus coupables. v suite

C’est terrible et tellement triste !. Paix à leurs âmes!.A mon avis,en attendant les réfections des routes qui prendront sûrement plus de temps.Le mieux serait sur ces routes dangereuses ,comme les montagneuses ,de continuer à utiliser les chevaux .Jusqu’à des gares routières sûrs pour les transports en commun.Surtout qu’avec le réchauffement climatique il est beaucoup plus difficile de prévoir les dégâts sur les routes escarpées.Aucun cheval n’ira instinctivement vers le danger.Même si son cavalier a un problème de santé ou autre il sauvera sa vie et retournera à son écurie.C’est une méthode écologique en plus en attendant mieux.Il faut s’adapter au terrain ,interdire les transports non conforme aux règles de sécurité et ne plus prendre de risque avant la fin des travaux au normes.

C’est une mentalité certains marocains se croit tout permis !

Mr Benjelloun, grand merci pour vous atteler sur ce fléau. Moi meme je m'abstient de conduire au Maroc quand j y rentre. A mon avis, le 1er responsable et ceci avant de parler de la vétusté de certains bus ou carcasse de bus, il faut s'attaquer au problème de la corruption de la gendarmerie qui ferme les yeux du moment qu' il y du bakchich. Il suffit de voir les videos (parfois prises par des touristes étrangers) sur ces camions surchargés et qui ont du mal a tenir la route

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