Le soleil déclinait doucement ce dimanche 20 avril 2025, quand le muezzin de la grande mosquée de Ben Ahmed lança l’appel à la prière d’Al-Asr. Comme à l’accoutumée, les fidèles s’apprêtaient à se recueillir. La ville, nichée au cœur de la province de Settat, baignait alors dans une tranquillité familière. Mais ce calme allait basculer dans l’horreur.
Quelques minutes avant le début de la prière, des cris étouffés se sont élevés près des toilettes attenantes à la mosquée. Un mince filet de sang s’échappait de l’un des recoins du lieu, accompagné d’une odeur fétide. Poussés par l’angoisse, des fidèles se sont approchés. L’un d’eux a ouvert un sac abandonné. Ce qu’il a découvert a figé le temps.
Des morceaux de corps humains, démembrés, soigneusement empaquetés dans trois sacs. Pas de tête. À côté, d’armes blanches, encore tâchées de sang. En quelques instants, les prières se sont transformées en hurlements, les visages en masques de panique. Certains ont fui vers la rue, d’autres sont restés paralysés par l’horreur.
La ville paisible, la «capitale des Mzab» devenait le théâtre d’un cauchemar éveillé. La zone a été bouclée. Les autorités locales, la police scientifique et judiciaire ont afflué de Settat, mobilisant toute leur énergie pour percer les mystères d’un crime d’une violence inouïe.
Saïd, 54 ans: le voisin modèle devenu fou furieux
Les pistes mènent rapidement à un nom: Saïd, un homme de 54 ans, bien connu des habitants du quartier Salama. Marchand de fruits et légumes en gros, il était autrefois un voisin apprécié. Un homme discret, travailleur, respecté. Mais depuis un an, quelque chose s’était brisé en lui.
«Il a changé du tout au tout», confie un habitant au micro de Le360. «Avant, c’était quelqu’un de posé, respectueux. Et puis, il est devenu agressif, imprévisible». D’autres témoignent de disputes fréquentes avec les fidèles au sein de la même grande mosquée qu’il fréquentait, de querelles avec les voisins et de violences conjugales. «Il criait sans raison, s’enfermait chez lui, menaçait les gens. On avait l’impression qu’il allait exploser à tout moment», relate un témoin.
Crime de Ben Ahmed: les habitants et les témoins racontent les détails.
Les habitants révèlent qu’il avait été interné à deux reprises à l’hôpital psychiatrique de Berrechid. Mais personne n’aurait pu imaginer l’ampleur de l’horreur à venir.
Dans la maison du cauchemar
Quand la police pénètre dans la maison de Saïd, la scène confirme les pires soupçons. D’autres restes humains sont découverts. Des vêtements ensanglantés. Des objets suspects, liés aux victimes. Deux hommes identifiés: un intermédiaire immobilier (semsar) d’une soixantaine d’années, et un ouvrier journalier dans la quarantaine, père de deux enfants.
Ce qui glace encore davantage le sang, c’est ce que révèle l’enquête sur les lieux du crime: les fameuses toilettes, où les sacs ont été retrouvés, avaient été construites par Saïd lui-même, des années plus tôt. Il y avait même désigné quelqu’un pour les entretenir. Un geste que l’on croyait altruiste… devenu le décor macabre d’un crime prémédité.
Des témoins affirment avoir vu Saïd, peu avant la découverte du crime, errant dans le quartier en sous-vêtements tachés de sang. Une vision surréaliste qui, sur le moment, n’avait pas encore révélé toute sa signification.
Deux victimes, et peut-être plus…
À l’heure actuelle, les enquêteurs confirment la présence de deux victimes. Leurs restes ont été confiés à des experts pour analyses ADN. Les habits retrouvés chez le suspect sont aussi en cours d’examen. Chaque pièce est un fragment du puzzle, chaque témoignage une lueur vers la vérité. La police poursuit également l’analyse des caméras de surveillance, en quête du moindre indice. Car une question persiste: y a-t-il d’autres victimes encore dissimulées?
En attendant, et depuis dimanche, Ben Ahmed n’est plus tout à fait la même. Les habitants murmurent le nom de Saïd avec crainte. Le quartier de Salamé est silencieux, comme figé dans une torpeur collective. La ville autrefois paisible est devenue «la ville du tueur».
Pendant que les enquêteurs continuent leur travail, les citoyens, eux, retiennent leur souffle. Comment un voisin ordinaire a-t-il pu sombrer dans une telle barbarie. Et surtout, jusqu’où cette histoire effroyable ira-t-elle?
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