Rima Hassan n’est pas la bienvenue au Maroc

L'élue française au Parlement européen Rima Hassan.

C’est sur son compte Instagram que Rima Hassan, eurodéputée française d’origine syrienne, a partagé des images attestant de sa présence depuis quelques jours au Maroc. Que fait cette fervente alliée du régime d’Alger et du Polisario au Maroc, pays qu’elle a jusqu’à présent abreuvé de critiques? C’est la question qui se pose.

Le 13/01/2025 à 12h37

Sa visite n’était pas annoncée et c’est sur son compte Instagram que l’eurodéputée française, prétendument d’origine palestinienne, a fait connaître sa présence au Maroc. Sur ses comptes du réseau social, Rima Hassan partage depuis quelques jours stories et vidéos où elle pose avec des enfants. Et ce n’est pas depuis une grande ville du pays qu’elle a entrepris son opération de communication, mais depuis une zone rurale. Elle s’y présente en compagnie d’une ribambelle d’enfants, qu’elle filme en train de sauter dans la piscine de son hôtel, de jouer au football ou de monter à cheval. Des activités organisées, semble-t-il, dans le cadre d’une association et auxquelles s’est jointe la nouvelle figure du parti La France Insoumise (LFI) au Parlement européen.

Un soutien d’Alger au Maroc: un paradoxe qui soulève des interrogations

Sur la Toile marocaine, malgré quelques rares messages de soutien -dûs assurément à la cause palestinienne dont elle a fait son étendard, les internautes ne sont pas dupes et n’ont pas la mémoire courte. Ainsi, une grande majorité l’invite plutôt à se rendre plus au sud, dans le Sahara marocain, lui rappelant l’intégrité territoriale du pays où elle se trouve et qu’elle n’a eu de cesse de contester en affichant un soutien sans faille au Polisario.

Autre raison du désamour que vouent les Marocains à l’élue française: ses critiques acerbes à l’encontre de la politique étrangère marocaine, notamment lorsqu’elle n’a pas hésité à interpeller le roi Mohammed VI sur les rapports du Maroc avec Israël. «On se demande ce qu’attend le Roi du Maroc pour rompre ses relations avec Israël», écrivait-elle ainsi le 24 septembre 2024. Et d’insister dans un deuxième tweet en décrétant, sûre de sa science, que «la majorité du peuple marocain inscrit ses revendications en soutien avec le peuple palestinien. La normalisation avec Israël est une trahison».

Des propos qui ne sont pas passés au Maroc et que les internautes n’hésitent pas à lui rappeler, la questionnant sur la raison de sa présence dans un pays qu’elle ne porte visiblement pas dans son cœur. Et de comparer sa venue au Maroc à celles d’autres figures anti-marocaines de LFI, dont Mathilde Panot, photographiée l’été dernier en train de faire ses courses dans un supermarché Marjane à Berkane.

Messages cachés et instrumentalisation d’images d’enfants

La présence de Rima Hassan au Maroc interpelle, et les sourires d’enfants qu’elle partage sans même s’assurer de leur consentement ni de l’accord de leurs parents ont un goût d’instrumentalisation. Là non plus, la Toile marocaine ne s’y trompe pas et interpelle la concernée quand elle partage la vidéo d’une partie de football jouée par des enfants avec, comme musique de fond, choisie par ses soins, la chanson «Partir loin», mieux connue sous le titre de «Yal Babor ya mon amour». Un célèbre morceau de raï au succès planétaire, interprété par l’artiste algérien Reda Taliani.

Le choix de cette chanson, pour illustrer des images d’enfants présentés comme démunis, dérange profondément. Et pour cause, les paroles dénoncent les injustices vécues dans un pays (précisément l’Algérie), avec l’immigration clandestine comme la solution toute trouvée. Ainsi va le refrain de ce qui est devenu un véritable hymne des harragas de tous bords: «Oh barque, mon amour, emmène-moi loin de la misère. Dans mon pays je me sens humilié. Je suis fatigué et j’en ai marre. Cette fois, je ne manquerai pas l’occasion».

Alors, à quoi joue Rima Hassan? Le choix de cette chanson est-il fortuit? Il y a lieu d’en douter. Face à la pluie de critiques, la principale concernée s’est défendue en répondant: «Maghreb United», du titre de l’album où figure un remix de cette chanson. Une explication particulièrement tirée par les cheveux, car s’il s’agissait de prôner le «khawatisme» entre les deux pays voisins, le choix d’une telle chanson est tout simplement inapproprié et hors sujet. Et dans son cas, se prétendre partisane d’un Maghreb uni n’est guère crédible, tant ses prises de position radicales, en faveur du régime d’Alger, abondent.

La passionaria du régime d’Alger

Ainsi, en mai 2024, elle affichait la couleur en comparant «ce que fait Israël à la Palestine» à la colonisation française de l’Algérie. Le 24 juin de la même année, afin d’égratigner le Rassemblement national, dirigé par Jordan Bardella, la députée écrivait: «La même arrogance coloniale que ce parti avait avec l’Algérie et qu’il transpose aujourd’hui sur la Palestine. La Palestine suivra le chemin de l’Algérie, celui de l’autodétermination et de l’indépendance, avec ou sans l’approbation de ceux qui se rêvent encore en colonisateurs». Comparer la Palestine à l’Algérie, établir une similitude entre la France et Israël comme pays colonisateurs, il fallait oser.

Le 9 juillet, alors qu’elle se trouvait en Algérie, à l’occasion de la fête d’indépendance du pays, entre les deux tours des législatives françaises, elle se fendait d’un tweet pour le moins probant: «La Mecque des révolutionnaires et de la liberté est et restera l’Algérie».

À relire ces publications, on ne peut que se rendre à l’évidence: Rima Hassan fait indéniablement partie de ces agents d’influence à la solde du régime d’Alger qui affichent désormais au grand jour leur haine de la France, du Maroc et des juifs, en vue de déstabiliser les «ennemis» de la junte.

Comment en douter quand on découvre, sur son compte Instagram, que c’est à Alger que Rima Hassan a passé le Nouvel An. «Bounani», écrit-elle ainsi sur Instagram depuis une maison dans la Casbah d’Alger, vêtue d’un haïk. Un post gratifié par un déluge de messages d’amour et de soutien de la part d’internautes algériens, la surnommant «la plus algérienne des Palestiniennes», prompts à reconnaître l’endroit où elle se trouve, à la remercier d’avoir porté cette «tenue traditionnelle algéroise» et voyant dans son message, le fameux «Bounani», une référence cachée à une chanson traditionnelle algérienne.

Défenseuse des opprimés, mais pas tous

Amoureuse prétendue de la liberté et défenseuse autoproclamée des opprimés, Rima Hassan n’a pourtant pas eu un mot pour Boualem Sansal, un écrivain, malade et âgé de 80 ans, qui croupit depuis le mois de novembre 2024 dans une prison à Alger, cette même ville où elle se pavanait en haïk. Au vu de sa position privilégiée auprès des autorités algériennes, elle aurait pu intercéder en faveur de l’homme de lettres qui, vu son fragile état de santé, risque de finir injustement ses jours dans une cellule. Tel ne fut pas le cas. Après tout, pourquoi le faire, elle qui avait gratifié du même silence l’actualité syrienne après la chute de Bachar al-Assad, dont elle n’a jamais condamné les exactions sur le peuple… auquel elle appartient pourtant? Enfin, sa présence en Algérie en cette période précise interpelle. Car au même moment, la France était la cible d’influenceurs algériens appelant à commettre des actes de violence sur son sol. Pourquoi une eurodéputée française choisit-elle de pactiser avec un pays déterminé à en découdre avec la France?

Autant de zones d’ombre, de non-dits et de contradictions qui renforcent davantage les interrogations autour de sa venue au Maroc. Que vient-elle y faire? Et pourquoi a-t-elle choisi le week-end où le Royaume commémorait la présentation de son Manifeste de l’indépendance pour s’y rendre? En tout état de cause, Rima Hassan n’est pas la bienvenue au Maroc!

Par Zineb Ibnouzahir
Le 13/01/2025 à 12h37