Stress hydrique: ces chiffres qui font froid dans le dos

جفاف سد المسيرة

Le barrage Al Massira est méconnaissable sous l’emprise de la sécheresse. Autrefois un réservoir d’eau abondant, cette infrastructure hydraulique est maintenant marquée par la dessiccation. (Le360)

Pour la septième année consécutive, le Maroc fait face à un déficit alarmant en matière de ressources hydriques. Entre 2018 et 2024, les apports en eau et les réserves des barrages ont drastiquement diminué. Les chiffres.

Le 24/12/2024 à 15h07

Le spectre de la sécheresse continue de peser sur le Maroc, épuisant progressivement les réserves en eau du pays. La situation demeure critique, et les chiffres sont éloquents: les volumes de ressources hydriques ne cessent de décroître.

D’après les chiffres publiés par la plateforme Maa Dialna, le Maroc a traversé, entre 2018 et 2024, une série d’années exceptionnellement sèches, marquées par des déficits hydriques annuels respectifs de -54%, -71%, -59%, -85%, -66%, -72% et -75%. Cette baisse s’est accompagnée d’une chute vertigineuse des ressources: de 10,8 milliards de mètres cubes (m3) en 2018, elles se sont contractées à seulement 3,37 milliards de m3 en 2024.

Dans le détail, le volume atteignait 10,8 milliards de m3 en 2018. En 2019, ce chiffre s’est réduit à 6 milliards, avant de chuter à 4,14 milliards de m3 en 2020. Une légère reprise a été observée en 2021 avec un volume de 5,3 milliards de m3, mais cette amélioration fut de courte durée. En 2022, les ressources se sont effondrées à 2 milliards de m3. En 2023, elles ont remonté modestement à 3,9 milliards, pour atteindre en 2024 un niveau préoccupant de 3,37 milliards de m3.

Des barrages en sous-capacité

Les réserves en eau des barrages sont également en chute libre. En sept ans, elles ont diminué de moitié, passant de 8,9 milliards de m3 en 2018 à seulement 4,4 milliards en 2024. Malgré une légère embellie en 2021, où les réserves avaient atteint 6,5 milliards de m3, la tendance à la baisse reste alarmante.

Face à cette crise, le Maroc a intensifié ses efforts pour garantir l’approvisionnement en eau dans un contexte de pénurie croissante. L’accent a ainsi été mis sur la satisfaction des besoins en eau potable. La distribution a augmenté, passant de 743 millions de m3 en 2018 à 1,06 milliard en 2024.

Cette prouesse a été rendue possible grâce à des initiatives telles que le recours accru au dessalement de l’eau de mer, le renforcement des approvisionnements à partir des nappes phréatiques et une gestion stricte des stocks disponibles. En revanche, le secteur agricole, grand consommateur d’eau, a dû faire face à des réductions significatives dans l’approvisionnement en eau d’irrigation.

Par Nisrine Zaoui
Le 24/12/2024 à 15h07