Comment une presse saine de corps et d’esprit assure généralement la couverture d’un tremblement de terre dans un pays étranger?
Relation des faits, état des lieux implacable, compte rendu de la situation sociale, collecte des témoignages, recensement des actions -ou, du reste, des inactions!-, en plus de dizaines d’autres angles d’approches dans cette complexité des interactions, aucun sujet ne devant être tabou pour peu qu’il ne vire pas à l’obsession et que l’ensemble cadre avec la déontologie, à plus forte raison dans un contexte de catastrophe naturelle.
Ça, c’est dans une configuration où la principale mission consiste objectivement à informer.
Car il y a l’autre presse dont les marques de fabrique sont l’indécence, la calomnie et l’outrance.
Celle-là même qui substitue le mensonge et les préjugés aux faits.
Qui assène une représentation déformée par l’archaïsme des visions et par les pressions, sans se soucier de la nuance ou de l’équilibre de la perception.
Celle qui se targue de liberté là où elle est engluée jusqu’au cou dans les connivences politico-économiques, comme le prouve cette cabale médiatique synchronisée.
Quelle est donc la seule presse au monde qui a oublié les milliers de victimes du séisme pour faire une fixation, depuis les consignes des bureaux parisiens, sur la personne du Roi?
Caricatures, dossiers, enquêtes, éditos… Vie publique, vie privée… Tout y passe, sans qu’aucune bassesse ne soit épargnée avec la volonté consciente de nuire, le désir sournois de déstabiliser, l’ignorance patente de l’histoire et des mentalités.
En 1996, le roi Hassan II, lors d’une interview sur «France 2» menée par Alain Duhamel et Jean-Luc Mano, avait répondu en substance au sujet des relations entre le Maroc et la France: «On vous connaît mieux que vous nous connaissez (…) On connaît votre grammaire, votre langue, votre histoire, votre société, vous ne connaissez rien de nous».
Près de trois décennies plus tard, alors que le Maroc avance à grands pas, sans jamais renier ses fondamentaux, la méconnaissance reste omniprésente chez certains.
S’ils en détenaient une once, ils sauraient à quel point les Marocains sont profondément attachés à leurs symboles, à leurs institutions et à leur roi.
Que ce déchaînement enragé, alors que notre pays est endeuillé et toutes les volontés mobilisées, ne fait qu’accentuer notre cohésion.
Nous savons l’égo démesuré tourmenté par la non-sollicitation de cette fameuse aide, sans laquelle le monde, dans son versant Sud, devrait cesser de tourner.
Les politologues ont analysé par ailleurs, sous leurs différents aspects, les raisons des ressentiments allant du double-jeu du pouvoir français sur la question du Sahara, au leadership marocain en Afrique, en passant par les solides alliances politiques loin du pré-carré d’antan…
Et si en plus de tous ces arguments, cette obsession pour la figure du roi, traduisait une nostalgie -ou jalousie, c’est selon!- pour le système monarchique dans l’absolu, symbole de l’enracinement, de la continuité, de l’unité de la nation au-delà des calculs partisans.
Un mélange ambivalent de rejet et de fascination.
Pas plus tard que cette semaine, dans cette république où certaines figures de la Macronie n’ont pas hésité à évoquer un troisième mandat en regrettant explicitement la limitation imposée aux chefs de l’État par la Constitution, les yeux étaient rivés sur le Château de Versailles.
Qui dit Versailles, dit la demeure du Roi-Soleil, l’incarnation par excellence de l’absolutisme royal, des apparats de la cour et de la démesure.
Plus de deux siècles après la Révolution, exactement la veille de l’anniversaire de la proclamation en France de l’abolition de la royauté, le château de Versailles était en fête à l’occasion de la visite d’Etat du roi d’Angleterre, Charles III et de la reine Camilla.
Après une visite reportée en mars dernier en raison du mouvement de protestation en France et des concerts de casseroles contre la très impopulaire réforme des retraites de Macron -imposée à l’aide du 49.3, décriée pour son emploi abusif comme un «déni de la démocratie»-, le temps est venu de livrer une image à l’international du faste du pouvoir du monarque républicain, dont le pendant pour le peuple était la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde de rugby à la suite de laquelle certaines critiques assassines ont pointé «la carte postale sépia d’une France qui sent la naphtaline».
Là, dans ce décorum palatial, ce ne sont que courbettes, paillettes, robes longues vaporeuses, fendues ou collet monté!
Au menu du fastueux banquet: homard bleu, volaille de Bresse, macaron à la rose…, servis dans une porcelaine de Sèvres sur une table de soixante mètres de long aux 160 prestigieux convives triés sur le volet.
Le tout arrosé de breuvages de grand cru dont un classé 1855 du Château Mouton Rothschild à 2.700 euros la bouteille, sublimés dans des verres en cristal de Baccarat.
La fin de l’abondance, tout le monde le sait, c’est juste pour les «gueux» qui paieront l’addition!
Tout comme chacun sait que dans certains esprits, il serait dans l’ordre naturel des choses de nous laisser décortiquer à longueur de journée comme des bébêtes bizarres; de laisser entrer chez nous avec leurs gros sabots ceux qui prétextent faire du tourisme pour magouiller, en loucedé, en journalistes sans accréditation, une pseudo-enquête, encore une, sur le Roi!
Comme si je demandais un visa touristique comme couverture à une compilation sur les fantasmes monarchiques du président de la république.
Titre: l’homme qui voulait être roi!