Vacanciers marocains tués par l’Algérie: la dépouille d’Abdelali Mchiouer enfin restituée à sa famille

La dépouille d’Abdelali Mchiouer a été enfin restituée, ce jeudi 21 décembre 2023, à sa famille.

Le 21/12/2023 à 15h48

VidéoAprès presque quatre mois d’attente et d’angoisse, la famille Mchiouer va enfin pouvoir faire son deuil. La dépouille de leur fils Abdelali, tué le 29 août 2023 de sang-froid par la marine algérienne, leur a enfin été restituée, ce jeudi 21 décembre, au poste frontalier Zouj Bghal. Cette nouvelle, bien que synonyme d’un grand soulagement, n’en dit pas moins long sur l’ubuesque d’un drame teinté, du côté des autorités algériennes, par une haine viscérale de tout ce qui est marocain.

La famille d’Abdelali Mchiouer va enfin pouvoir faire dignement son deuil. Sa quête interminable pour un peu de paix, à défaut de justice, atteint son épilogue avec la restitution de sa dépouille, prise en otage près de quatre mois dans les sombres recoins d’une morgue à Tlemcen. Victime, le 29 août 2023, des balles de la marine algérienne dans les eaux frontalières de Saïdia, Abdelali va pouvoir finalement reposer en paix, dans son pays, près des siens.

«Après quatre mois d’intenses tractations et d’interminables démarches, principalement confidentielles, je suis en mesure aujourd’hui de vous annoncer, avec beaucoup d’émotion et de satisfaction, le rapatriement de la dépouille d’Abdelali Mchiouer au Maroc. Le transfert a eu lieu via le poste frontalier terrestre Zouj Bghal, ce jeudi 21 décembre. Et c’est le consulat marocain en Algérie qui a payé l’ambulance algérienne et les taxes pour le déplacement du corps», détaille pour Le360 Me Hakim Chergui, l’un des avocats de la famille.

«Ce travail de quatre mois sachève aujourd’hui. Le corps d’Abdelali sera mis à la disposition des autorités judiciaires, probablement en vue d’une autopsie, avant d’être remis à ses proches pour ses funérailles. Les modalités de l’inhumation seront rendues publiques ultérieurement», poursuit Me Chergui. Une cérémonie d’adieu que la famille attend depuis de longues semaines, et qu’elle espère un moment de recueillement et d’émotion, mais aussi empreint d’une certaine solennité. «La famille insiste pour que l’enterrement se déroule dans les conditions de dignité les plus grandes. Elle souhaite que chacun, que ce soit ceux qui ont connu Abdelali ou ceux qui, par souci de justice, désirent y participer, puisse assister aux obsèques», fait savoir leur avocat.

Et de revenir sur ce parcours du combattant, parsemé d’obstacles, d’incompréhensions et de douleurs, qu’a dû entreprendre la famille Mchiouer, assistée de son équipe d’avocats. «Nous avons entrepris un grand nombre de démarches, et fait face à de nombreuses portes fermées. Nous avons été confrontés à des entraves administratives, et il serait irréaliste de les ignorer. On a aussi subi un blocage, et là non plus il serait insensé de le nier, d’ordre politique», narre Me Chergui. «Mais finalement, nous avons réussi à surmonter tous ces obstacles et à permettre l’inhumation du corps d’Abdelali, qui va reposer désormais en terres marocaines, chez lui pour l’éternité», ajoute-t-il.

À cet égard, l’homme de loi ne manque pas de rendre un hommage appuyé à toutes les parties qui ont apporté leur aide à la famille Mchiouer et ses avocats dans leur difficile démarche. À commencer par le consul du Maroc à Sidi Bel Abbes, Abderrahim Chakir, qui n’a ménagé aucun effort dans ce sens, faisant montre d’une disponibilité et d’une efficacité irréprochables. L’avocat cite dans la même salve ses confrères algériens, dont l’intervention a été décisive. «La situation s’est débloquée grâce aux interventions de plusieurs de nos confrères en Algérie. Nous les avons mandatés et ils ont réussi à obtenir du procureur général de la wilaya de Tlemcen les documents nécessaires pour l’inhumation et le laissez-passer permettant le rapatriement du corps», explique-t-il.

La quête de justice se poursuit

Mais si la famille Mchiouer est soulagée par la restitution du corps d’Abdelali, elle reste engagée dans sa quête de vérité et sa lutte pour la justice. «En ce qui concerne la bataille judiciaire et la quête de justice que nous avons engagées dès les premières heures, elles se poursuivent. Et nous aurons besoin du soutien et de l’endurance de tous, dans les semaines et les mois à venir. Dans cette tragédie, le combat pour la justice continue, afin de reconnaître à Bilal Kissi et à Abdelali Mchiouer leur qualité de victime d’assassinat», martèle Me Chergui. En attendant, l’avocat souhaite toutefois marquer une pause dédiée au recueillement: «En ce jour et en cet instant précis, l’aspect le plus important est de rendre à la terre un homme innocent, un père de famille qui n’avait rien fait, et de prier pour son salut».

Face à l’ampleur de la tragédie qui endeuille sa famille, la défense de Mchiouer avait, rappelons-le, saisi le Rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires pour mener une enquête. Parallèlement, un effort conséquent a été déployé pour communiquer avec les autorités algériennes: de nombreux courriers et requêtes formelles ont été envoyés à l’ambassade d’Algérie en France ainsi qu’à divers ministères algériens. L’objectif de ces démarches était de percer le voile d’un silence administratif lourd et oppressant, un silence qui semblait engloutir leur appel à la justice et à la vérité.

Cette démarche s’est heurtée à une farouche et sadique résistance. Un mur d’indifférence et de silence s’est dressé devant eux, renforcé par une évidente apathie administrative. Chaque tentative des proches du défunt pour obtenir des réponses s’est vue confrontée à des obstacles bureaucratiques insurmontables, comme nous l’a précédemment expliqué la défense de la famille.

Devant chaque réponse évasive ou absence de réponse, la famille Mchiouer subissait avec douleur et sentiment d’impuissance le poids d’une injustice aussi immense que préméditée. Malgré cela, les proches du défunt n’ont jamais baissé les bras. Leur vœu de justice et de rendre honneur à la mémoire d’un des leurs a enfin été entendue. Et ce n’est pas fini.

Par Hajar Kharroubi
Le 21/12/2023 à 15h48