Les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) représentent une part croissante du tourisme mondial, avec une population disposant d’un fort pouvoir d’achat. Attirer ces voyageurs devient donc un enjeu stratégique pour le Maroc. Pour ce faire, l’Office national marocain du tourisme (ONMT) et la Confédération nationale du tourisme (CNT) veulent mettre les bouchées doubles.
Afin de stimuler davantage la demande pour le Maroc, les deux entités comptent intensifier leurs actions de relations publiques, leurs campagnes numériques, et leur participation à des salons B2C, B2B, Leisure, MICE et Luxe comme le souligne le dernier toolbox taskforce ONMT-CNT émis à l’occasion de la participation du Maroc à l’Arabian Travel Market qui se tient du 6 au 9 mai à Dubaï.
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Sur le plan de la distribution, l’ONMT et la CNT veulent diversifier leurs partenariats, notamment avec les plus grandes agences de voyages en ligne (OTA) du marché, ainsi qu’avec les grandes compagnies aériennes des pays du Golfe, afin de renforcer davantage la connectivité de ces pays vers le Maroc. Une attention particulière sera accordée au marché saoudien, le plus grand bassin émetteur du CCG.
Selon Zoubir Bouhoute, consultant en tourisme, le Maroc a intérêt à investir dans ce marché pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les touristes venant des pays du Golfe, en particulier des Émirats arabes unis, du Qatar et d’Arabie saoudite, ont généralement un fort pouvoir d’achat, ce qui en fait une clientèle attractive pour le secteur touristique marocain. Ils dépensent généralement plus lors de leurs voyages en comparaison avec d’autres groupes de touristes, ce qui peut générer des revenus importants pour le secteur hôtelier, les commerces locaux et les activités de loisirs.
Miser sur le marché du Golfe permet au Maroc de diversifier sa clientèle touristique, affirme ce consultant: «En diversifiant ses sources de touristes en attirant ceux du Golfe, le pays devient moins dépendant des fluctuations économiques ou des événements géopolitiques qui peuvent affecter les flux touristiques depuis certaines régions. Cela permet au secteur de renforcer sa résilience et d’assurer une croissance plus stable à long terme.»
60 vols opérés chaque semaine
Rappelons qu’en 2023, le Maroc a enregistré 190.492 arrivées de touristes en provenance du CCG et du Moyen-Orient, atteignant 96% de son niveau de 2019. À fin mars 2024, les performances du premier trimestre ont montré un total de 35.696 arrivées.
Pour ce qui est de la connectivité aérienne, 60 vols sont opérés chaque semaine, soit une capacité totale de 3.350 sièges. Dans le détail, Emirates Airlines propose 7 vols hebdomadaires de Dubaï à Casablanca (517 sièges par semaine). Etihad Airways assure 4 vols par semaine d’Abu Dhabi à Casablanca (235 sièges). Air Arabia effectue 7 vols par semaine de Sharjah à Casablanca (186 sièges). Un stopover peut être effectué avant l’arrivée.
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Qatar Airways relie, quant à elle, Doha à Casablanca 7 fois par semaine (330 sièges). En revanche, SAUDIA assure 3 vols hebdomadaires de Riyad à Casablanca et 7 vols de Jeddah à Casablanca, pour une capacité totale de 596 sièges. Flynas relie Jeddah à Casablanca via 3 vols hebdomadaires (164 sièges).
Royal Air Maroc propose 7 vols par semaine de Casablanca à Dubaï, 7 vols à Doha et 2 vols vers Jeddah, soit un total de 831 sièges. Quant à Kuwait Airways, elle connecte Koweït City à Casablanca via 3 vols hebdomadaires, assurant 217 sièges. Gulf Air propose quant à elle 3 vols hebdomadaires de Manama à Casablanca avec 282 sièges disponibles.
Le marché du CCG en chiffres
Selon le toolbox taskforce ONMT-CNT, le marché émetteur du CCG connaît une expansion soutenue. En 2000, il comptait 8 millions de voyageurs, atteignant 14 millions en 2005 et 24 millions en 2010. La tendance s’est poursuivie jusqu’en 2015 avec 40 millions de voyageurs, et les prévisions estiment ce nombre à 61 millions pour 2030.
Les voyageurs en provenance d’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et du Koweït restent en moyenne 13 nuits à l’étranger. Les séjours courts, de 1 à 3 nuits, représentent 23% des voyages, tandis que les séjours plus longs, de 4 nuits et plus, constituent 77% du total. Les dépenses des voyageurs du CCG devraient atteindre 140 milliards de dollars d’ici 2025, puis 216 milliards de dollars d’ici 2030. Les ressortissants du Golfe dépensent en moyenne 430% de plus que la moyenne mondiale pour l’hébergement.
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Les préférences en matière d’hébergement au sein des pays du Conseil de coopération du Golfe révèlent un attrait marqué pour le luxe et la commodité. Les établissements 4 et 5 étoiles captent 45% des voyageurs, tandis que les appartements et villas meublés représentent 38% des choix. Les hôtels 3 étoiles, 2 étoiles et économiques sont choisis par seulement 8% des voyageurs, et l’hébergement privé séduit 7% d’entre eux, laissant 2% pour d’autres types d’hébergement.
Au Moyen-Orient, on compte plus de 6.000 agences de voyages et voyagistes, dont 60% sont basés dans les pays du CCG. Ces agences couvrent plusieurs marchés et appartiennent souvent à des groupes diversifiés impliqués dans le commerce, la vente au détail, la construction, le transport et la logistique. Leur stabilité financière leur permet de servir d’agents de vente généraux pour les compagnies aériennes internationales.
Ces agences de voyages proposent généralement des forfaits vacances tout au long de l’année. Les départs fixes, prisés pour les courts séjours comme les vacances de l’Aïd, les fêtes nationales et les longs week-ends, gagnent en popularité. Les forfaits de plus longue durée sont principalement promus durant les vacances d’été.