Mardi 24 septembre, le Megarama Casablanca accueillait l’avant-première de «Jours d’été», dernier long-métrage de Faouzi Bensaïdi, qui a été toutefois tourné avant l’excellent «Déserts». Pour ce projet très personnel, le cinéaste a joué à l’homme-orchestre: il n’est pas seulement le réalisateur du film, mais aussi l’auteur de son scénario, adapté de la pièce «La Cerisaie», d’Anton Tchekhov, et l’un de ses acteurs principaux, s’offrant le rôle de Kamal, personnage atypique qui transperce l’écran.
Ce dernier est entouré de deux soeurs, l’ombrageuse Aïcha, campée par Nezha Rahil, et l’ingénue Jalila, benjamine de la fratrie, interprétée par Mouna Fettou, qui était également à l’origine du projet. Le trio est lancé dans une course contre la montre pour tenter de sauver le domaine familial, symbole de l’inexorable glissement de cette famille bourgeoise vers la ruine. Entre relations compliquées, loyautés contraintes et de rancœurs tues, «Jours d’été» met en scène le baroud d’honneur d’une tribu qui s’accroche au souvenir de sa noblesse déchue.
Le casting comprend d’autres noms du septième art marocain, comme Mohamed Choubi, Saïd Bey, Mouhcine Malzi ( dans un rôle pour le moins surprenant) ou encore Hasnaa Moumni.
Bien que le film soit inspiré d’une pièce de théâtre, Faouzi Bensaïdi n’y a pas dérogé à la sincérité artistique qui traverse son cinéma. Il avoue ainsi y avoir semé des échos autobiographiques, en mettant «un peu de (lui-même) dans chacun de ses personnages».
Dans «Jours d’été», Tanger et ses paysages ne sont pas de simples décors, mais des personnages à part entière qui contribuent à l’atmosphère poétique et à la construction de chaque scène. «Tanger, avec sa mélancolie et son côté évanescent, était un choix naturel pour ce film. Son atmosphère romanesque correspondait parfaitement à l’essence de l’histoire», explique le cinéaste.
Mouna Fettou, actrice. (A.Et-Tahiry/Le360)
Autre acteur omniprésent, mais invisible, dans le film: la musique. Faite de chants arabes et de compositions mélodiques au piano, elle a accompagné l’intégralité du processus créatif «dès l’écriture du scénario, et a évolué avec le film, jusqu’à occuper une place centrale dans la narration», affirme le réalisateur. «Ce film n’est pas simplement une œuvre cinématographique, c’est une véritable toile où chaque scène est un tableau, chaque note de musique est une émotion», insiste Mouna Fettou, qui ne tarit pas d’éloges sur la vision de Faouzi Bensaïdi.
Avant le tournage, les acteurs ont eu droit à un atelier préparatoire, destiné à travailler les rôles en amont à travers des exercices d’improvisation. «Sans nous en rendre compte, nous étions déjà imprégnés d’un esprit et d’une dynamique de théâtre. Quand nous avons entamé le tournage, c’était comme si nous jouions une pièce filmée, et cela a rendu l’expérience unique et profondément différente», poursuit l’actrice.
Pour l’ensemble du casting, ce huis clos, parallèle à celui du film lui-même, a été une nouvelle expérience: partager le même espace, durant les trois semaines de tournage à Tanger, a renforcé les liens entre les acteurs, perfectionnant leurs interactions à l’écran. «Tourner dans un huis clos nous a permis de créer une véritable dynamique de troupe. C’était comme une colonie de vacances où l’on travaillait, mais avec une énergie collective incroyable», confirme Nadia Kounda, qui interprète le personnage de Rita, la jeune rebelle de la famille.