En 2022, l’Algérie avait reconnu la marocanité du caftan et approuvé son inscription en tant que patrimoine culturel marocain auprès de l’ICESCO

Un défilé de caftans marocains. (Photo d'illustration). DR

Alors que l’Algérie a déposé, le 31 mars dernier, une demande auprès de l’UNESCO pour l’inscription au patrimoine immatériel de l’humanité du costume féminin du grand-est algérien en intégrant à son dossier un caftan traditionnel de Fès, ce même pays avait adopté une tout autre position quelques mois auparavant s’agissant du caftan, en reconnaissant sa marocanité.

Le 13/07/2023 à 11h29

À force de verser dans l’appropriation culturelle, en tentant de faire main basse sur un patrimoine culturel marocain qui ne lui appartient pas, et de retourner sa veste au gré de ses humeurs changeantes, l’Algérie finit par s’y perdre et s’emmêler les pinceaux.

En déposant auprès de l’UNESCO une demande d’inscription au patrimoine immatériel de l’humanité de la melehfa et de la gandoura, costumes féminins du grand-est algérien, l’Algérie en a profité pour glisser dans son dossier de présentation la photo d’un caftan ntaâ, reconnaissable entre mille pour être l’emblème même des caftans traditionnels de Fès, de par sa coupe, ses broderies au fil d’or, ses motifs floraux et la figure du paon brodée au bas de la tenue. Pour le Maroc, qui ne s’oppose à aucun autre élément de ce dossier, la présence de la photo de ce caftan, emblématique de la tradition et du savoir-faire des artisans de Fès, ne passe pas.

Une polémique qui n’a pas lieu d’être

Après avoir déposé auprès de l’UNESCO un dossier à candidature unique, quelques semaines auparavant, pour l’inscription du caftan marocain au patrimoine immatériel de l’humanité au titre de l’année 2025, le Maroc a réagi à cette récente demande algérienne en déposant une réclamation à l’adresse du comité d’évaluation de l’UNESCO dénonçant l’usage de cette photo. Une réaction qui a provoqué une levée de boucliers en Algérie, visant à revendiquer les racines algériennes du caftan.

Pourtant, cette énième polémique entre le Maroc et l’Algérie au sujet de la paternité du caftan n’a pas lieu d’être, puisque l’année dernière, l’Algérie avait non seulement reconnu la marocanité du caftan, mais avait également approuvé son inscription en tant que patrimoine culturel immatériel purement marocain. En effet, en juillet 2022, l’Organisation du monde islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ICESCO), dont l’Algérie est un État membre depuis son adhésion en 2000, a inscrit vingt-six éléments dans la liste du patrimoine matériel et immatériel marocain dans le monde islamique.

Parmi les vingt-six dossiers déposés par les services de la Direction du patrimoine marocain en vue d’être approuvés par la commission chargée de leur inscription, on retrouve le caftan marocain, son art et ses savoir-faire. L’Algérie a donc approuvé cette inscription sans rechigner, comme le confirme une source autorisée au sein de l’ICESCO: «L’Algérie est membre de l’ICESCO et ce pays dispose d’une délégation auprès de cette organisation, donc automatiquement, l’Algérie a reconnu le caftan marocain comme patrimoine culturel immatériel marocain».

Rappelant que le Maroc avait également inscrit d’autres éléments à cette liste, dont le couscous, la même source s’interroge à juste titre sur ce nouveau bras de fer au sujet de la marocanité du caftan, cette fois-cu auprès de l’UNESCO. «Comment l’Algérie a-t-elle pu reconnaître le caftan comme étant marocain, tout en déclenchant aujourd’hui une fausse polémique médiatique autour de cette tenue?», s’interroge-t-elle.

C’est la question qui se pose et que l’Algérie devra probablement clarifier. Une chose est sûre: la position adoptée en 2022 par l’Algérie à l’ICESCO, s’agissant de la marocanité du caftan et de son savoir-faire, sera probablement prise en compte par le comité d’évaluation de l’UNESCO, saisi par la Délégation permanente du Royaume du Maroc auprès du même organisme, comme elle devra être prise en compte à l’avenir dès lors que les origines du caftan marocain seraient amenées à être contestées par ce pays.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 13/07/2023 à 11h29