Dans ce deuxième épisode de l’émission ramadanesque «Film Hyati» (Le film de ma vie), Le360 va à la rencontre du réalisateur Hassan Benjelloun. À travers ses œuvres imprégnées de subtilités politiques, sociales et esthétiques, cette figure marquantes du cinéma marocain depuis les années 70 ne se contente pas de refléter le regard d’autrui mais laisse émerger une expression cinématographique puisée dans sa propre culture, tout en explorant les vastes possibilités du 7ème art. Dans cet entretien, il révèle comment le premier film qu’il a visionné a éveillé en lui l’amour du cinéma et a inspiré sa vision en tant que réalisateur.
«À l’âge de 6 ans, je découvrais “Mangala, fille des Indes”, ce film hindi emblématique des débuts des années 50. Ce film m’avait tellement ému, au point de réclamer à chaque membre de mon entourage allant le voir de m’y emmener une nouvelle fois. J’avais même mémorisé les chansons du film, si bien qu’on me sollicitait souvent lors des rassemblements familiaux pour les interpréter», déclare le réalisateur de «Jalal Eddine», ajoutant que, malgré son jeune âge, il répétait sans cesse vouloir se marier avec une femme hindoue.
Ce film a également eu un impact important sur le parcours professionnel de notre invité: «En tant que réalisateur, “Mangala” m’a profondément inspiré. Ce film incarnait à lui seul tout ce que le cinéma représente: l’histoire, le rire, les larmes et le spectacle. J’ai toujours cherché à suivre cet exemple dans mes propres réalisations cinématographiques.»
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Hassan Benjelloun partage, par ailleurs, avec nostalgie une anecdote marquante vécue dans une salle de cinéma: «Mes souvenirs de jeunesse au cinéma à Settat sont imprégnés de la vie qui régnait autour. Chaque jour de la semaine était associé à un genre cinématographique différent, de l’européen à l’indien en passant par l’égyptien et l’américain le week-end.» Ainsi, relate-t-il, «les amateurs de chaque genre venaient habillés en conséquence, créant une atmosphère unique où l’on pouvait croiser des gens en chapeau-cravate un mardi, en jellaba un vendredi, voire même en cow-boy le dimanche, comme s’ils étaient eux-mêmes sortis tout droit d’un film».
Plus particulièrement, «lors des séances de films de Bollywood, dès que la musique retentissait, toute la salle se levait pour danser et chanter en chœur. C’était un véritable moment de plaisir et d’harmonie», se remémore Hassan Benjelloun.