Diplômée de l’École supérieure des Beaux-Arts de Paris, Soad Belkeziz, architecte, urbaniste et géographe de renom, s’est spécialisée depuis 1986 dans la sauvegarde et l’aménagement urbain. Son expertise s’étend à la restauration de sites historiques, notamment les médinas de Marrakech et de Taroudant. Elle est également une auteure prolifique, avec des publications notables telles que «Miracle de l’eau: Marrakech, cité-jardin idéale» (2022) et «Cartographie de Marrakech: Gravures et plans» (2023).
De son côté, Mohamed Ben Abdeljlil Belkeziz, linguiste érudit, auteur de près d’une quarantaine d’ouvrages de terminologie scientifique, a été honoré du Prix Mohammed VI de la pensée islamique en 2008, soulignant sa grande contribution intellectuelle.
Dans un entretien avec Le360, Soad Belkeziz a partagé les défis et les réalisations liés à la rédaction de son livre autour de l’œuvre «Manâhil es-safâ», d’Abdelaziz El Fechtali, qui, depuis sa redécouverte en 1960, n’a jamais été analysée avec précision et est restée inconnue jusqu’à ce jour.
«Pendant sept ans, j’ai travaillé sur la rédaction d’un livre portant sur le Palais El Badi et la Kasbah saadienne. Lors de mes recherches, j’ai découvert un ouvrage clé écrit par El Fechtali, mais en raison de mes compétences limitées en arabe, j’ai sollicité l’aide de mon père. Malheureusement, le livre s’est avéré illisible. Nous avons alors consulté d’autres copies disponibles à la Bibliothèque royale, grâce à Chaouki Binebine, pour poursuivre notre étude. Cette collaboration a abouti à une année de travail intense pour comprendre et expliquer seulement un chapitre spécifique de 20 pages intitulé “Manâhil es-safâ bi-akhbâr et-moloûk ech-chorafâ”», raconte Soad Belkeziz.
Une synergie intellectuelle
Et de poursuivre, évoquant l’expérience professionnelle partagée avec son père: «Notre collaboration a été remarquable, combinant l’érudition de mon père en langue arabe avec mes capacités explicatives. Ensemble, nous avons surmonté la complexité des termes techniques et des concepts, comme les systèmes hydrauliques et architecturaux abordés par El Fechtali dans son ouvrage. Cette synergie intellectuelle nous a permis de nous aider mutuellement pour une meilleure compréhension, renforçant ainsi notre lien familial et professionnel».
«Le choix de cet ouvrage s’est imposé naturellement à la suite de mes recherches sur la Kasbah saadienne d’Al Mansur Ed-Dahbi», explique Soad Belkeziz. «Son contenu s’est avéré être une extension logique de mes travaux antérieurs. Nous sommes convaincus de son caractère exceptionnel et nous aspirons à le partager avec le public, considérant qu’il offre une perspective unique sur ce patrimoine». «Par ailleurs, je poursuis mes recherches, car mon étude sur le sujet n’est pas encore achevée», ajoute-t-elle.
«En tant qu’architecte, j’ai enrichi ce travail d’une dimension visuelle à travers des modèles 3D représentant le Palais El Badi et ses structures environnantes, offrant ainsi une perspective immersive unique sur son architecture», souligne notre interlocutrice, interrogée sur l’aspect visuel du livre.