Un quartier, une histoire EP-8: à la (re)découverte de Beni Ider, mémoire vivante de la médina de Tanger

Le quartier de Beni Ider à Tanger. (S.Kadry/Le360)

Le 27/03/2025 à 21h00

VidéoDans ce huitième épisode de «Un quartier, une histoire», Le360 vous emmène (re)découvrir Beni Ider, l’un des espaces les plus chargés d’histoire de la médina de Tanger.

C’est un quartier animé, cosmopolite et chargé d’histoire. Beni Ider occupe une place particulière dans la mémoire tangéroise. Il fut un espace de vie pour des familles musulmanes et juives, des érudits, des journalistes, des diplomates et des artistes. Structuré comme les autres quartiers de la médina: ruelles étroites, maisons en enfilade, escaliers en pente douce, placettes discrètes, il est une empreinte du passé, mais surtout une scène intemporelle.

Selon Younes Cheikh Ali, président de la fondation Moments de Tanger, Beni Ider est un quartier vivant où chaque coin évoque un pan d’histoire locale. Plusieurs personnalités y ont résidé. Parmi elles, Rahimo El Madani, née à Tanger en 1921, est connue pour avoir été la première femme marocaine à écrire dans la presse. Dès 1936, elle signe des articles dans Le Rif, journal de Tétouan, où elle plaide pour l’éducation des femmes. Elle maîtrisait l’arabe, le français, l’espagnol et l’anglais, et mena une carrière dans l’enseignement entre Chefchaouen, Tanger et Tétouan, avant d’obtenir une licence en lettres à l’université de Grenade.

Beni Ider a aussi été un lieu d’apprentissage religieux. L’érudit Mohamed Temsamani y a appris à lire, écrire et mémoriser le Coran avant de poursuivre ses études auprès des grands savants de Tanger et de Fès, tels qu’Abou Chouaib Doukkali ou Mohamed Zouiten.

La richesse du quartier ne se limite pas à la sphère intellectuelle marocaine. Beni Ider a été le lieu de résidence de Mohammed Asad, philosophe et diplomate d’origine autrichienne, converti à l’islam et devenu une figure importante de la pensée musulmane contemporaine. Il a vécu entre Tanger et l’Espagne, après une carrière de journaliste et de diplomate pour le Pakistan aux Nations unies.

Au cœur de ce même quartier trône un édifice chargé de sens pour l’histoire diplomatique: la Légation américaine de Tanger. Première acquisition des États-Unis hors de leurs frontières, elle a ouvert ses portes en 1821 comme mission diplomatique, avant de se muer en école de langues, puis en siège du Corps de la paix, pour devenir aujourd’hui un musée doublé d’un centre d’études.

Beni Ider porte aussi l’empreinte de l’histoire du judaïsme marocain. Une portion du quartier abritait des familles juives marocaines, formant un voisinage d’autrefois qui reflète la coexistence séculaire entre les communautés tangéroises.

Par Said Kadry
Le 27/03/2025 à 21h00

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