Lorsque l’on atterrit à l’aéroport de Toulouse-Blagnac, il est difficile de manquer la présence d‘Airbus. L’ombre imposante des hangars et des bâtiments de l’entreprise se fait l’emblème d’un héritage historique, symbole d’une industrie qui façonne non seulement le paysage de la ville, mais aussi son âme.
Il faut remonter aux années 1970 pour comprendre comment la ville est devenue le centre névralgique d’Airbus. À cette époque, plusieurs pays européens décident de s’unir pour concurrencer les géants américains de l’aéronautique. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni mettent en commun leurs ressources et leurs compétences pour créer cette entreprise géante, et choisissent Toulouse comme siège principal de cette nouvelle aventure, avant que l’Espagne ne les rejoigne. La ville, déjà dotée d’une riche tradition industrielle, se prête parfaitement à cette ambition.
Un travail de fourmi
À l’intérieur des hangars de Toulouse, des milliers d’ingénieurs, de techniciens et d’ouvriers s’affairent autour des lignes d’assemblage. C’est ici que sont amassés par exemple les fameux avions de la famille de long-courriers A330. Chacun de ces appareils est le fruit d’un travail minutieux où chaque pièce et chaque boulon sont inspectés avec une précision quasi chirurgicale, nous explique Thomas Meignan, guide MANATOUR, un sous-traitant Airbus.
Imaginez donc un gigantesque puzzle dont chaque pièce provient d’un coin différent du globe, notamment du Maroc où sont fabriqués plusieurs composites. C’est ainsi que naît chaque appareil Airbus. Et c’est exactement à Colomiers, sur le site Clément Ader, du nom de l’un des pionniers de l’aéronautique, que la magie opère dans des ateliers où l’Homme et la machine dialoguent en harmonie.
Crédit: Airbus
Les sections d’avions sont réceptionnées, assemblées et transformées en vaisseaux prêts à conquérir les airs. Au-delà de l’assemblage, ce site abrite également des salles d’essai où chaque aéronef doit prouver sa résilience et sa performance avant de prendre son envol. Les ateliers de peinture donnent également vie à la carrosserie, chaque avion se parant de couleurs vives ou de motifs reflétant les compagnies aériennes du monde entier, relève notre interlocuteur.
Au sein du Mock-up Center d'Airbus à Toulouse.
Si Toulouse se démarque par l’assemblage et la technologie de l’aviation, le site Airbus d’Hambourg, quant à lui, se spécialise dans la touche finale qui transforme chaque cabine en un espace personnalisé et innovant. Dans l’Airspace Customer Definition Centre (CDC), ce lieu de haute technologie, équipé des dernières innovations en matière de design aéronautique, les clients sont invités à participer activement à la création de leur produit, nous dit Hélène Menweg, celle qui manage cet espace.
Lire aussi : Comment le géant Airbus accompagne le développement de l’industrie aéronautique au Maroc
Les clients peuvent ainsi choisir parmi une vaste gamme de matériaux, de couleurs et de configurations, tout en bénéficiant de l’expertise et des conseils des meilleurs designers de l’industrie. Chaque décision, de la texture des sièges à la luminosité des éclairages, est prise avec pour objectif d’améliorer l’expérience de vol pour les passagers, ajoute-t-elle.
Le processus de customisation au CDC est un véritable ballet technologique où des simulations 3D aident à visualiser les cabines avant même leur fabrication. Des écrans géants affichent les rendus, permettant aux clients de se promener virtuellement à l’intérieur de leur future cabine, ajustant et modifiant les éléments en temps réel pour atteindre la perfection.
Au sein de l’Airspace Customer Definition Centre de Hambourg.
Ce site d’Airbus ne se contente pas de redéfinir l’intérieur des avions, il pulse également au rythme de l’assemblage et de la logistique aéronautique de pointe. C’est là que prennent également vie les appareils A320. Ces aéronefs, parmi les monocouloirs les plus prisés du ciel, sont minutieusement assemblés, équipés et préparés pour rejoindre des destinations globales, y compris les chaînes d’assemblage finales d’Airbus à Tianjin en Chine et à Mobile aux États-Unis, détaille pour sa part Heiko Stolzke, External Communication Manager d’Airbus.
Mais le rôle de Hambourg ne s’arrête pas là. Le site est également un pivot crucial pour les programmes A330 et A350, où les tronçons avant et arrière du fuselage sont non seulement construits, mais aussi équipés. Ces éléments essentiels voyagent ensuite vers Toulouse, pour y être intégrés dans les chaînes d’assemblage final, fait-il savoir.
Sustainability, IA
Airbus ne fonctionne pas en vase clos. L’entreprise a tissé un réseau dense de partenariats avec les universités, les centres de recherche et les sous-traitants locaux. Elle dispose même de son lycée professionnel privé qui forme des élèves dans trois baccalauréats professionnels: aéronautique (option avionique, structure ou systèmes), usinage et chaudronnerie.
L’innovation est le maitre-mot chez Airbus. À Toulouse, comme dans d’autres sites, des équipes travaillent sans relâche pour repousser les limites de l’aviation. Le projet de l’avion hybride E-Fan X, bien que suspendu, illustre les efforts déployés pour réduire l’empreinte carbone de l’aviation.
Airbus investit également dans les technologies de l’Industrie 4.0, intégrant l’Internet des Objets (IoT), l’Intelligence artificielle et l’automatisation dans ses processus de fabrication, l’objectif étant d’améliorer l’efficacité, réduire les coûts et, surtout, minimiser l’impact environnemental. Un autre aspect clé de cette quête d’innovation est l’utilisation de matériaux avancés. Les composites légers et résistants, dont certains sont en provenance du Maroc, permettent de construire des avions plus économes en carburant, réduisant ainsi leur empreinte écologique.