Le 10 janvier, l’Association professionnelle algérienne des banques et établissements financiers (ABEF) a interdit à ses membres de traiter les transactions relatives aux marchandises transbordées dans les ports marocains. Les conséquences ont été «immédiates et graves», constate le site américain spécialisé en affaires maritimes et navales, Maritime Executive, qui consacre une analyse au sujet.
«Cette décision a plongé l’économie algérienne dans une crise caractérisée par des pénuries graves de denrées dessentielles, notamment de viande et de céréales», observe-t-on. Alors que la pression des consommateurs augmente, l’ABEF a été contrainte de publier une autre directive, moins d’un mois après la précédente, avec de nouvelles instructions pour autoriser désormais les transactions par prélèvement automatique pour les importations de marchandises, notamment de produits frais et de viande, confirme la parution.
«L’ABEF a reçu une lettre du ministère des Transports au sujet des marchandises importées via les ports marocains. Par cette lettre, vous (membres de l’ABEF) êtes priés de réintégrer vos services, et de procéder à la domiciliation de toutes les opérations d’importation de produits, notamment périssables et dont la date d’embarquement à bord des navires est antérieure au 10 janvier 2024», précise Maritime Executive, reprenant une lettre datée du 29 janvier de la même ABEF.
Les marchandises à destination des principaux ports algériens étaient généralement transbordées via Tanger Med, présentée comme une immense plaque tournante des conteneurs pour le commerce international. Cependant, l’interdiction de l’ABEF a conduit de grandes compagnies maritimes telles que Maersk et CMA CGM à introduire des changements au niveau des services de ligne dans les ports d’Afrique du Nord. Les deux transporteurs ont remplacé Tanger Med comme port de transbordement desservant les ports algériens par les ports d’Algesiras et de Valence.
«Certains analystes ont averti que la décision algérienne aurait un impact négatif sur son économie, car le contournement des ports marocains augmenterait le coût du transport et les délais de livraison. Cela aurait à terme un impact sur les prix des matières premières clés sur les marchés algériens», notre Maritime Executive.
Comble de l’ironie, relève la publication, ce boycott intervient après une année record pour Tanger Med. En 2023, le complexe portuaire marocain a traité plus de 8,6 millions d’EVP de fret, soit une augmentation de 13% par rapport à 2022. Cette performance équivaut à 95% de la capacité nominale du port, «un exploit atteint quatre ans plus tôt que prévu», lit-on encore.