Faciliter l’importation de médicaments au Maroc et améliorer les délais de dédouanement, c’est l’objectif de la Direction du médicament et de la pharmacie (DMP), relevant du ministère de la Santé et de la protection sociale. Ce département a lancé, depuis le 3 juillet dernier, un nouveau service en ligne pour simplifier les procédures, en collaboration avec l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII), et le Guichet unique des procédures du commerce extérieur (PortNet)
D’après les trois structures, ce service permettra de soumettre les dossiers requis par la DMP lors des déclarations douanières et d’échanger des résultats de contrôle à travers la plateforme PortNet. Une phase expérimentale qui concerne uniquement les médicaments à usage humain.
Elargir cette mesure aux exportations
Contacté par Le360, Abdelmajid Belaiche, analyste des marchés pharmaceutiques et membre de la Société marocaine de l’économie des produits de santé, salue cette décision. «Toute mesure facilitatrice ne peut être qu’une bonne chose, parce qu’aujourd’hui on assiste au développement de la digitalisation, notamment de l’Intelligence artificielle dans le monde. D’où la nécessité de s’adapter à cette réalité qui a connu une évolution notoire depuis l’avènement du Covid-19», indique-t-il.
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Mais d’après notre interlocuteur, cette dématérialisation des procédures devrait aussi concerner les exportations, surtout que la balance commerciale pharmaceutique du Maroc connait un déficit chronique qui se creuse d’une année à l’autre. «Selon l’Office des changes, depuis plus d’une décennie, les importations devancent les exportations. En 2022, la valeur des exportations marocaines était d’1.3 milliard de DH, alors que celle des importations étaient de 8,3 milliards, soit un déficit d’au moins 7 milliards de dirhams», souligne-t-il.
Pourtant, le Maroc dispose d’une solide industrie locale d’une capacité de fabrication d’1 milliard de boîtes par an, alors que la consommation locale est de 500 millions de boîtes. Un secteur pharmaceutique qui a permis de couvrir une grande partie des besoins en médicaments durant la Covid-19.
Qui est-ce qui pourrait expliquer alors cet important écart en termes de valeur? «Une bonne partie des médicaments importée ont des prix extrêmement élevés, notamment les anticancéreux», affirme M. Belaiche.
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Selon lui, plusieurs autorisations de mise sur le marché (AMM) sont aussi octroyées à l’importation de médicaments fabricables au Maroc. «Beaucoup de médicaments importés qui bénéficient aussi de l’autorisation d’utilisation temporaire (ATU) pour des cas spécifiques, continuent d’être vendus sous ce régime pendant des années alors que la procédure doit être provisoire», renchérit-il.
En clair, plusieurs laboratoires décident de maintenir ces médicaments sous le régime ATU, pour pouvoir imposer leurs prix. Parce qu’en sollicitant l’AMM, le médicament «est obligé de s’aligner sur un prix benchmarké en comparaison avec six pays d’origine», explique M. Belaiche.
Autant d’anomalies qui pourraient être corrigées grâce à une accélération de la dématérialisation des procédures pour l’importation et les exportations des médicaments, mais également de l’ensemble de la chaîne du médicament au Maroc.