Le Maroc est devenu depuis quelques années une terre d’investissement pour des géants mondiaux de l’emballage. Des multinationales qui s’installent dans le Royaume pour élargir leurs bases et profiter du dynamisme économique du pays, perceptible dans plusieurs secteurs. Le dernier en date est le groupe autrichien spécialiste de l’emballage plastique Alpla, qui a annoncé à la mi-novembre la création d’une co-entreprise baptisée Alpla Morocco.
Le 12 juillet, le groupe irlandais Smurfit Kappa, l’un des grands acteurs mondiaux de l’emballage en papier, inaugurait sa première usine africaine d’emballage en carton ondulé dans la zone industrielle de Ain Aouda, dans la région Rabat-Salé-Kenitra. Avec, à la clé, un investissement de plus de 350 millions de dirhams, et la promesse de création de 400 emplois directs et indirects.
Trois mois plus tôt, c’était la holding italienne Pro-Gest, un des leaders européens dans la production d’emballages agricoles et agroalimentaires, qui lançait les travaux de construction de son usine dans la province de Rhamna, à travers sa filiale marocaine AMG Packaging. D’un coût d’investissement de 266 millions de dirhams, ce site permettra de créer, à terme, 170 emplois directs et indirects.
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Déjà, en janvier 2023, l’Autrichien Mondi, autre poids lourd mondial du secteur, démarrait les activités de son usine de sacs en papier à Tanger, d’une capacité de production annuelle de 100 millions de sacs. Il s’agissait de sa troisième unité marocaine, à côté de celles sises à Nouaceur et Agadir, gérés par sa filiale marocaine Pap Sac Maghreb.
Faire du Maroc un hub pour servir l’Afrique
«Ces groupes sont attirés par la croissance économique du Maroc et du secteur de l’emballage, industrie transverse, mais aussi, par la position du Maroc qui est un hub pour l’Afrique», explique Mounir El Bari, président de la Fédération des industries forestières, des arts graphiques et de l’emballage (FIFAGE). Selon notre interlocuteur, «ces investissements permettront d’accompagner le développement de tous les secteurs d’activité, puisque l’emballage est nécessaire dans le packaging des produits, notamment dans les secteurs de l’agroalimentaire, du textile-confection, des détergents, de l’automobile, de la pêche et de l’agriculture».
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Outre les entreprises étrangères, des groupes marocains prévoient également de lourds investissements dans le secteur de l’emballage. C’est le cas de Gharb Papier et Carton (GPC), filiale de Ynna Holding, qui domine le secteur de l’emballage au Maroc avec CMCP-IP (environ 90% de la production totale, estimée à 430.000 tonnes). Cet acteur historique a annoncé en mars 2023 le lancement des travaux d’une septième unité de production à Dakhla.
Fruit d’un investissement de 300 millions de dirhams (à l’horizon 2026), l’unité sera érigée sur une superficie de 40.000 m2 et fabriquera des caisses américaines et des plateaux en carton, destinés notamment aux secteurs de l’agriculture, de la pêche et de l’industrie de la région sud.
D’une capacité de production de 35.000 tonnes (à partir de sa troisième année), le site se veut un modèle en termes d’exigences écologiques, avec une station d’épuration des eaux et une centrale solaire qui devrait assurer 30% de l’énergie nécessaire à son fonctionnement. Surtout, l’objectif de GPC est d’en faire une tête de pont pour desservir des pays d’Afrique de l’Ouest (notamment le Sénégal, la Mauritanie, le Bénin, le Mali et la Guinée), permettant au passage de tripler le chiffre d’affaires du groupe à l’export, à quelque 90 millions de dirhams.
Plusieurs contraintes à lever pour développer le secteur
Le secteur marocain de l’emballage en carton ondulé, qui pèse environ 5 milliards de dirhams et 3.000 emplois directs, joue un rôle primordial dans l’exportation du «made in Morocco». Pour lui permettre de relever ce challenge, il faudrait lui ôter quelques épines qui entravent son évolution.
«Le “made in Morocco” ne pourra pas se développer qu’avec le développement du packaging local. L’industrie du packaging en général, et celle du carton ondulé en particulier, souffrent de contraintes structurelles telles que la cherté de l’énergie, le coût environnemental, l’absence de formation et d’un centre technique du papier-carton au Maroc, qui est une infrastructure essentielle pour la douane pour contrôler la qualité des produits importés», souligne Mounir El Bari.
Évoquant la conjoncture actuelle du secteur, notre interlocuteur explique que la progression de la consommation et de l’e-commerce après la crise de la Covid-19, puis l’augmentation du prix de l’énergie après le déclenchement de la guerre en Ukraine, ont entraîné une hausse de 60% du prix du papier, matière première qui représente plus de 50 % du coût du carton ondulé, dont le prix a à son tour augmenté de 60%.
«Depuis le début de l’année 2023, les prix du papier ont certes baissé, sans pour autant revenir au niveau d’avant-Covid. Au Maroc, la baisse n’a pas été significative. Malgré cela, les acteurs de l’industrie du carton ondulé ont consenti à des baisses de leurs prix, mais ils ne pourront pas le faire indéfiniment», conclut-il.