Ils veulent la peau des tomates marocaines. L’affirmation est de BFMTV qui, sur son site internet, consacre un article et une vidéo au sujet. Vendredi dernier des centaines de kilos de légumes ont été déversés sur l’autoroute A7, dans la Drôme, par des agriculteurs qui s’en sont pris à des camions venus de l’étranger. Poivrons, choux, aubergines mais surtout quantité de tomates jonchaient le bitume. «Cela fait des mois maintenant que la tomate, et plus précisément celle en provenance du Maroc, est dans le collimateur des producteurs français. En juin déjà, des opérations coups de poing étaient organisées dans certaines enseignes de grande distribution», lit-on.
A Arles dans les Bouches-du-Rhône, des producteurs locaux avaient fait irruption dans un E. Leclerc pour coller des étiquettes «Origine Maroc» sur des barquettes de tomates cerises vendues 95 centimes.
«L’attrait de la distribution pour les tomates venues du Maroc ne date évidemment pas de la poussée inflationniste post-Covid. Relativement stables entre 2011 et 2017 à 300.000 tonnes par an, les importations de tomates marocaines ont bondi depuis selon les chiffres des Douanes. Elles ont atteint plus de 425.000 tonnes en 2022, soit une hausse de 40% en à peine cinq ans», souligne BFMTV.
Une croissance qui s’est faite au détriment de la tomate d’Espagne et surtout de la tomate française. La France importe désormais presque autant de tomates qu’elle n’en produit. Le pays est aujourd’hui le troisième importateur mondial de tomates dans le monde, derrière les États-Unis et l’Allemagne. Certes, une grande partie des importations ne font que transiter par la France (envrion 200.000 tonnes sur les plus de 500.000 annuelles) et la consommation de tomates importées est principalement saisonnière (de novembre à avril). Malgré tout, la part des tomates importées augmente dans la consommation.
«Au total, on estime que 36 % des volumes annuels de tomates fraîches consommées en France sont importées, principalement l’hiver mais de plus en plus toute l’année en raison du développement d’une offre marocaine, belge et néerlandaise concurrençant la production française de saison», s’alarmaient en 2022 les auteurs d’un rapport sénatorial repris par la chaîne de télévision
Le Maroc est devenu le troisième exportateur de tomates de la planète et l’Hexagone est de loin son premier client avec 51% de la production écoulée à l’étranger. Loin devant le Royaume-Uni (19%) et les Pays-Bas (11%). C’est évidemment la compétitivité prix de la production marocaine qui fait in fine la différence.
La récolte de la tomate est gourmande en main d’œuvre. Or le salaire horaire chargé d’un ouvrier au Maroc est de 0,74 euro contre 13,64 euros en France, rappelle Légume de France. En magasin, sur certains produits comme la tomate cerise, la différence se traduit par des écarts de prix spectaculaires.