Une importante délégation d’investisseurs britanniques a effectué, les mardi 18 et mercredi 19 juillet, une visite à Dakhla pour prospecter les opportunités d’investissement dans la région. Cette visite fait suite à une conférence organisée début novembre dernier à Londres, à l’initiative de l’ambassade du Maroc au Royaume-Uni.
Dans une déclaration aux médias, le chef de la délégation britannique, le président-directeur général du groupe Oblin, Brannan Tempest, a laissé entendre que son groupe entend investir jusqu’à 100 milliards de dollars dans les provinces du Sud. L’annonce, confirmée par un communiqué, suscite des interrogations légitimes quant à la nature de cet investissement faramineux.
«Le montant de 100 milliards de dollars englobe une série de projets prévus dans plusieurs provinces, notamment à Dakhla et Laâyoune, qui seront réalisés en plusieurs phases», précise une source proche du groupe Oblin, contactée par Le360.
Il s’agit de la deuxième visite au Maroc en six mois du PDG du groupe britannique. Brannan Tempest figure parmi les personnalités ayant pris part à la 27ème réunion des partenaires du réseau international Dii Desert Energy, organisée en partenariat avec Nareva, les 9 et 10 février dernier à Dakhla.
Le groupe Oblin est actif dans le secteur des énergies renouvelables depuis plus de 15 ans, se spécialisant dans l’hydroélectricité en eau libre (FSEC), l’énergie solaire photovoltaïque et les solutions de stockage d’énergie. Il compte dans son giron plusieurs filiales: OblinCEA, OblinEngine, Oblin Green, Oblin Energy, OblinArk. Le groupe détient également trois brevets en énergies renouvelables.
Les projets prévus dans les provinces du Sud, ajoute notre interlocuteur, seront chapeautés par la filiale OblinCEA, spécialisée dans l’ingénierie, l’approvisionnement et la construction de systèmes solaires photovoltaïques et d’éoliennes. «Une nouvelle société, OblinCEA, a été formée et officiellement lancée le 1er août 2022. Basée à Laâyoune, OblinCEA jouera un rôle clé dans le projet Oblin Green, dont la première phase devrait démarrer en 2023», lit-on sur le site de la filiale du groupe britannique.
OblinCEA a déjà réalisé des projets d’énergies renouvelables en Asie du Sud-Est, notamment en Thaïlande et, tout récemment, au Vietnam où elle a construit deux grands parcs éoliens.
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S’agissant de Dakhla, la firme britannique envisage de lancer une vingtaine de projets sur une surface totale de 200.000 hectares, pour un montant global de 28 milliards de dollars. Ces projets couvrent:
- Usine d’assemblage de panneaux solaires de 2,4 GW à 6 GW par an: 500 millions de dollars et 550 emplois.
- Synthèse hydrogène vert/ammoniac vert: 4,4 milliards de dollars et 250 emplois.
- Installation de dessalement d’eau de mer de 5.000 à 10.000 m2: 68 millions de dollars et 36 emplois.
- Centrale solaire photovoltaïque et éolienne avec stockage d’énergie: 13 milliards de dollars et 1.200 emplois.
- Usine de fabrication de verre vert: 145 millions de dollars et 168 emplois.
- Usine de fabrication de batteries au lithium: 850 millions de dollars et 550 emplois.
- Fabrication de pales et de mâts d’éoliennes sur place: 870 millions de dollars et 385 emplois.
- Usine de production de batteries au lithium: 7,4 milliards de dollars et 250 emplois.
Un montant identique, soit 28 milliards de dirhams, est programmé pour une vingtaine d’autres projets à Laâyoune, dans la commune d’El Marsa:
- Usine de panneaux solaires: 500 millions de dollars et 550 emplois.
- Nouveau port en eau profonde capable de traiter des conteneurs ISO et de l’hydrogène vert/ammoniac vert en vrac: 690 millions de dollars et 56 emplois.
- Synthèse hydrogène vert/ammoniac vert: 4,4 milliards de dollars et 250 emplois.
- Installation de dessalement d’eau de mer de 5.000 à 10.000 m2: 68 millions de dollars et 36 emplois.
- Centrale solaire photovoltaïque et éolienne avec stockage d’énergie: 13 milliards de dollars et 1.200 emplois.
- Usine de fabrication de verre vert: 145 millions de dollars et 168 emplois.
- Usine de fabrication de batteries au lithium: 850 millions de dollars et 550 emplois.
- Fabrication de pales et de mâts d’éoliennes sur place: 870 millions de dollars et 385 emplois.
- Usine de production de batteries au lithium: 7,4 milliards de dollars et 250 emplois.
Les promoteurs du projet Oblin mettent en avant l’importance de l’intégration industrielle locale. «Les panneaux solaires seront construits au Maroc, sans dépendre des importations en provenance de Chine et d’Asie du Sud-Est», insiste notre interlocuteur. Mieux, ajoute-t-il, les besoins en foncier du projet sont d’une échelle similaire à ceux du projet Xlinks (150.000 hectares) mais Oblin Green produit cinq fois l’énergie promise par la startup Xlinks.
Côté financement, Le360 a appris que des contacts ont été établis avec le groupe Crédit Agricole du Maroc, qui aurait souhaité s’engager en consortium avec d’autres banques de la place. Le groupe Oblin assure que son projet suscite l’intérêt d’investisseurs issus des États-Unis, du Canada, d’Asie et d’Océanie, et se dit ouvert à toute autre option de financement (apport en fonds propres, dette, etc.).
Il convient enfin de noter que ces projets sont encore au stade des intentions, à l’instar des autres mégaprojets annoncés ces derniers mois par les géants mondiaux des énergies renouvelables (Total Eren, Xlinks, CWP, Adani, etc.). Leur concrétisation dépendra des négociations en cours (ou à venir) avec les autorités marocaines.