La révolution douce du secteur de l’assurance

D’après le dernier rapport de l’Organisation des assurances africaines (OAA), le Maroc représente 8,7% des primes d’assurance en Afrique, soit environ 5,5 milliards de dollars.. Le360

Revue de presseEntre le développement de la bancassurance, l’introduction de nouvelles assurances obligatoires et le renforcement du cadre réglementaire, le pays se positionne comme un acteur incontournable de l’assurance en Afrique, prêt à rivaliser avec les poids lourds du continent. Cet article est une revue de presse tirée de Jeune Afrique.

Le 16/02/2025 à 21h34

Le secteur de l’assurance au Maroc connaît une transformation majeure. Le pays cherche à tirer parti de sa position stratégique entre l’Europe et l’Afrique pour renforcer son industrie assurantielle. D’après le dernier rapport de l’Organisation des assurances africaines (OAA), le Maroc représente 8,7% des primes d’assurance en Afrique, soit environ 5,5 milliards de dollars. Ce chiffre le place bien au-dessus de l’Égypte (4%), mais encore loin derrière l’Afrique du Sud, qui domine le marché avec 68,2% des parts. L’objectif du Maroc est clair: réduire cet écart avec la Nation arc-en-ciel, qui affichait en 2024 un taux de pénétration de l’assurance de 11,54%, contre 4,1% pour le Maroc, indique le magazine Jeune Afrique.

Cité par le magazine panafricain, Mehdi Tazi, vice-président général de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), nuance cette comparaison en précisant que «les primes versées aux caisses d’assurance maladie et de retraite ne sont pas incluses dans ce calcul. Si elles l’étaient, le taux de pénétration du Maroc atteindrait 8 à 9%, se rapprochant ainsi davantage de l’Afrique du Sud».

Cette progression devrait s’accélérer grâce à plusieurs réformes récentes, lit-on. En janvier, les députés marocains ont validé un projet de loi visant à instaurer un système de sécurité sociale universel, conformément à la volonté du roi Mohammed VI. Parallèlement, le secteur privé se dynamise avec l’introduction de nouvelles assurances obligatoires pour les professionnels du BTP, notamment l’assurance «tous risques chantier» et la «responsabilité civile décennale». Ce choix stratégique vise à renforcer la transparence et la crédibilité du secteur de la construction, particulièrement en vue des grands projets d’infrastructure prévus pour la Coupe du monde de football 2030, écrit Jeune Afrique.

Également cité, Farid Bensaïd, président de la Fédération nationale des agents et courtiers d’assurance (Fnacam), estime que «ces nouvelles obligations constituent une opportunité de croissance pour les compagnies d’assurance et les cabinets de conseil». D’autres assurances obligatoires pourraient suivre, notamment l’assurance habitation. L’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) a mandaté le cabinet ARM Consultants pour étudier la mise en place de cette obligation, un projet relancé après le séisme d’Al-Haouz en 2023.

Le cadre législatif évolue également avec la modernisation du Livre IV de la loi n° 17-99 sur le code des assurances. Ce projet vise à adapter la réglementation aux mutations du secteur, notamment en favorisant le développement de la bancassurance. Désormais, les banques pourront distribuer, en plus des assurances classiques, des contrats multirisques habitation et d’autres produits liés à leurs services bancaires, sous réserve d’une autorisation préalable. Un exemple notable est le partenariat signé en janvier entre Crédit du Maroc et AtlantaSanad Assurance pour élargir leur offre commune. Par ailleurs, les intermédiaires d’assurance bénéficieront de plus de flexibilité avec la possibilité de créer des succursales sans agrément préalable pour chaque implantation, leur permettant ainsi de mieux répondre aux besoins des clients.

Cette refonte réglementaire s’inscrit dans une ambition plus large: consolider la place du Maroc en tant que hub financier régional. Si le pays est déjà une puissance bancaire en Afrique grâce à des groupes tels qu’Attijariwafa Bank, Banque Centrale Populaire et BMCE-Bank of Africa, il souhaite également renforcer la compétitivité de son marché de l’assurance face aux géants sud-africains.

Un autre enjeu majeur est la régulation des fusions et acquisitions. En janvier, le Conseil de la concurrence a validé, après un an et demi d’examen, le contrôle conjoint des activités de Sanlam Maroc et Allianz Maroc par SanlamAllianz Africa. Toutefois, il a précisé que cette opération ne constituait pas une fusion, contrairement à ce qui a été observé dans d’autres pays comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou le Ghana. Une fusion éventuelle placerait la nouvelle entité parmi les trois plus grands assureurs du pays, rivalisant avec la Royale Marocaine d’Assurance (RMA) et dépassant la Mutuelle Attamine Chaabi. Pour les autorités, il est essentiel de maintenir un équilibre concurrentiel et d’éviter qu’un acteur étranger ne s’impose trop rapidement sur le marché.

Par Nabil Ouzzane
Le 16/02/2025 à 21h34

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