Pourquoi le Maroc se tourne vers l’importation de riz cargo

Le riz cargo, également appelé riz brun, est un riz semi-complet, partiellement décortiqué. Il s'agit d'un produit intermédiaire destiné à être transformé, notamment en riz blanchi.

Face à une chute drastique de sa production rizicole en raison de la sécheresse, le Maroc mise sur l’importation pour sécuriser son approvisionnement en riz cargo. Les détails.

Le 07/01/2025 à 12h34

La production nationale de riz est en berne. Les épisodes successifs de sécheresse ont mis à mal les cultures, notamment dans la région du Gharb, principal bassin de production du pays. D’où la décision du ministère de l’Industrie et du Commerce de suspendre les droits de douane et la TVA pour encourager l’importation de 55.000 tonnes de riz cargo entre le 1er janvier et le 31 décembre 2025. Une mesure saluée par la Fédération nationale interprofessionnelle du riz (FNIR).

Selon le président de la FNIR, Mohamed El Arabi El Ghazouani, les chiffres parlent d’eux-mêmes: «Alors que les années normales voyaient une superficie cultivée oscillant entre 8.500 et 8.700 hectares, l’année 2024 n’a vu que 925 hectares cultivés dans le Loukkos, avec une absence totale de culture dans le Gharb. Résultat: une chute vertigineuse de la production, passant de 69.000 à seulement 7.000 tonnes».

«Le Gharb, qui représente habituellement 90% des surfaces cultivées, a été particulièrement touché. Cette baisse de production met une pression accrue sur l’approvisionnement en riz blanchi, produit final destiné à la consommation courante. Le riz cargo, ou riz brun, constitue une matière première essentielle pour les industriels, qui le transforment via des processus de polissage et de raffinage. Sans un approvisionnement suffisant, la chaîne de production locale risque d’être fortement perturbée», fait observer Mohamed El Arabi El Ghazouani.

La suspension des droits de douane et de la TVA va réduire les coûts d’importation de cette matière première, permettant ainsi aux industriels de maintenir leurs marges tout en stabilisant les prix pour les consommateurs. «C’est une décision cruciale pour éviter une hausse des prix et garantir un approvisionnement régulier. Cette mesure joue aussi un rôle essentiel dans le soutien aux industriels du secteur rizicole. En réduisant les charges fiscales sur les importations, on protège l’activité des entreprises locales, leur permettant de rester compétitives face à la hausse des coûts liée à la rareté de l’offre nationale. Cela contribue également à la préservation des emplois dans cette filière clé, particulièrement dans le Gharb (qui représente 90% de superficie cultivée) et le Loukkos (10%)», commente notre interlocuteur.

La FNIR mise sur le développement de nouvelles semences

Face à cette situation, la FNIR compte privilégier des importations de qualité en provenance de pays asiatiques réputés, tels que la Thaïlande et l’Inde, ainsi que des pays sud-américains, comme l’Argentine et l’Uruguay. «La qualité est notre priorité», affirme Mohamed El Arabi El Ghazouani.

Bien que l’importation soit aujourd’hui incontournable, le président de la FNIR assure que les acteurs de la filière travaillent en parallèle sur des solutions à long terme: «Le développement de nouvelles semences résistantes à la sécheresse et la modernisation des infrastructures industrielles font partie de nos priorités, l’objectif est de renforcer la résilience de la production nationale et de réduire la dépendance vis-à-vis des importations à long terme».

Par Hajar Kharroubi
Le 07/01/2025 à 12h34

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