Transport maritime: le Maroc favorisé par une nouvelle mesure américaine

Vue aérienne du port Tanger Med.

Revue de presseLa Commission maritime fédérale américaine favorise indirectement le transport maritime transitant par le Maroc en imposant désormais à certaines compagnies à destination des États-Unis de passer par le Royaume. Une opportunité importante pour des ports comme Tanger Med. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco.

Le 28/01/2025 à 21h12

Les États-Unis ont accordé à certaines compagnies internationales un monopole sur des routes maritimes spécifiques, à condition que les navires transitent par certains ports, y compris ceux situés au Maroc. Cette décision, relayée par Les Inspirations Eco du 29 janvier, a rapidement suscité des interrogations parmi les professionnels et opérateurs du secteur maritime quant à ses répercussions pour le Royaume.

Pour bien appréhender cette situation, il convient de remonter à la période post-Covid. À cette époque, face à l’envolée des tarifs, les États-Unis ont mis en place le Shipping Act 2022. Comme l’explique le professeur Najib Cherfaoui, expert maritime cité par Les Inspirations Eco, «cette législation renforce les pouvoirs de régulation de la Federal Maritime Commission (FMC). L’objectif est d’éviter que les pratiques des armateurs ne portent préjudice au commerce extérieur américain. La FMC a ainsi la possibilité de demander des documents relatifs à des transactions effectuées en dehors des États-Unis. Cette mesure a des implications directes sur le système de transport maritime mondial, notamment en instaurant une tarification plus juste et équitable». Dans ce contexte, l’accord entre les membres de l’Alliance Hapag-Lloyd/Maersk impacte directement le Maroc.

Le Maroc tire un double avantage de cet accord, précise le quotidien. D’une part, grâce à une baisse significative des coûts du transport maritime. À titre d’exemple, le prix d’un conteneur de 40 pieds entre la Chine et le Maroc est passé de 25.000 dollars en avril 2021 à seulement 4.000 dollars aujourd’hui. D’autre part, la FMC peut intervenir en cas de blocage dans l’acheminement des conteneurs marocains à destination des États-Unis, et vice versa. Cela améliore la fluidité et la sécurité des exportations de produits périssables tels que les agrumes et les primeurs, ce qui est avantageux pour les exportateurs marocains ainsi que pour les importateurs. Cette dynamique profite également aux infrastructures maritimes du pays, notamment à la plateforme de Tanger Med.

Ce port a récemment établi un nouveau record en 2024, dépassant les 10 millions de conteneurs traités, consolidant ainsi son statut de plateforme stratégique dans le bassin méditerranéen. Cependant, cette forte demande soulève des interrogations quant aux capacités du port. Selon Najib Cherfaoui, «il reste 800 mètres de quais à aménager d’ici 2025, ce qui porterait la capacité à 12 millions d’EVP». Toutefois, une saturation naturelle pourrait être atteinte dès 2027.

Les perspectives d’extension du port se dessinent donc. Pour 2028, l’expert recommande une expansion rapide, notamment à travers la construction d’un dernier maillon dans le cadre de Tanger Med Saison 3. Deux emplacements sont envisagés: à l’Est, près de Fnideq et Tétouan, et à l’Ouest, entre Malabata et Fardioua, où les conditions naturelles sont favorables. Toutefois, cette extension pourrait nécessiter un retour vers Tanger Ville, nuance le quotidien.

À plus long terme, il devient essentiel de prévoir des marges de manœuvre pour les générations futures. L’idée serait d’élargir les compétences de la TMSA (administration portuaire), en la transformant en armateur, afin de garantir une expansion portuaire à l’échelle internationale. Cela permettrait également de renouveler les concessions du port, qui arriveront à échéance en 2035.

Par Nabil Ouzzane
Le 28/01/2025 à 21h12