Algérie: à quoi sert la «mobilisation générale» dans un pays déjà en état de siège?

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune et le chef de l'armée, Saïd Chengriha.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune et le général Saïd Chengriha, chef d'état-major de l'armée algérienne.

La loi sur «la mobilisation générale», adoptée en Conseil des ministres le dimanche 20 avril, a finalement eu l’effet contraire à celui escompté par le régime algérien. Faisant implicitement allusion à une éventuelle entrée du pays dans un conflit armé, la mobilisation générale brandie par le régime d’Alger, dans un contexte de crises et de ruptures totales avec des pays voisins, n’a suscité qu’incompréhension et rejet de la part des Algériens. Ces derniers aspirent plutôt à une mobilisation populaire pour mettre fin au régime des généraux.

Le 23/04/2025 à 16h11

Alors qu’il ne devait s’agir que de l’adoption du texte d’application d’un article de la Constitution, le régime d’Alger a forcé le trait sur le concept de «mobilisation générale», afin d’alimenter une nouvelle manœuvre visant à empêcher toute mobilisation populaire contre le pouvoir, plus que jamais contesté autant à l’intérieur que sur le plan international. Il est clair que le régime d’Alger se sent actuellement dénudé face à son opinion publique qui ne peut que lui reprocher, entre autres, la cascade de crises diplomatiques qu’il a fait éclater, l’une après l’autre, avec de nombreux pays, dont la France et surtout des pays du voisinage immédiat.

Cette manœuvre autour de la «mobilisation générale» a pris naissance dans l’institution militaire, détentrice réelle du pouvoir en Algérie, au sein de laquelle de nouvelles tensions ont commencé à se faire jour, comme le prouve la récente et brutale éviction du commandant de la Gendarmerie, le général Yahia Ali Oulhadj. Le samedi 19 avril, le général Saïd Chengriha, chef d’état-major de l’armée algérienne, a profité de cette énième purge pour brandir devant un parterre d’officiers de la Gendarmerie -qu’il vient de doter d’un nouveau commandant en chef-, son arme de prédilection: la prétendue menace extérieure qui ciblerait l’Algérie.

Selon lui, «l’Algérie, et pour plusieurs considérations, reste ciblée et les ennemis du peuple algérien (…) n’ont pas du tout digéré l’indépendance de notre pays, ni jamais supporté sa résilience, sa force, son unité, sa cohésion sociale et sa fusion avec son armée». Servant de fusible au chef de l’armée et non moins membre du gouvernement, un Conseil des ministres, tenu moins de 24 heures plus tard, a adopté une loi sur la «mobilisation générale».

Cette allusion à une situation de péril faite par ladite loi, donnant les pleins pouvoirs au chef de l’État, et donc à l’armée, n’a d’autre objectif que de susciter la peur, voire la psychose, chez les Algériens. Certains médias français, dont le pays est en profonde crise avec l’Algérie, expliquent que le régime algérien «a adopté un projet de loi autorisant la prise de mesures exceptionnelles par le chef de l’État, en cas de guerre ou de catastrophe naturelle».

C’est du moins ainsi qu’a commenté Le Journal du Dimanche, dans un article paru le mardi 22 avril sur son site. Outre la France, ce dernier énumère les crises que l’Algérie a également créées avec le Maroc, la Libye, le Mali, le Niger ou encore le Burkina Faso. Le Figaro estime pour sa part que «le timing» choisi par le régime algérien pour sortir la loi sur la mobilisation générale des tiroirs suscite des interrogations en France.

Mise à jour subite de «la mobilisation générale»

Il est vrai que la Constitution algérienne, dans ses articles 97 à 102, prévoit les cas extrêmes d’état d’urgence, d’état de siège, d’état d’exception ou de guerre, mis en œuvre provisoirement en cas de grave menace contre le pays. Or, jamais un texte d’application de ces articles n’a été adopté. Car, à part le régime algérien lui-même, aucune autre menace, ni réelle, ni supposée, ne pèse sur l’Algérie. Pourquoi alors cette subite mise à jour de la mobilisation générale à laquelle une réunion du Haut Conseil de sécurité a été également consacrée?

Ce qui est certain, c’est que le régime algérien a échoué à susciter chez les Algériens un élan de soutien à sa démarche. Ceux-ci ont plutôt rapidement compris que la guerre avec un État tiers n’est qu’une diversion… à moins que le régime en place ne commette lui-même l’irréparable en se lançant dans un acte suicidaire. Ainsi, sur les réseaux sociaux, des internautes algériens ont appelé à la mobilisation pour arracher la libération des centaines de détenus politiques qui croupissent actuellement dans les geôles.

De leur côté, les militaires retraités et autres réservistes ont laissé entendre que même en cas de guerre, ils ne répondront pas à la mobilisation générale, car, en tant que laissés-pour-compte, ils ont déjà expérimenté, à leur corps défendant, l’ingratitude du régime à leur égard. Face à ce tollé, le pouvoir a chargé certains de ses porte-voix de communiquer, en adoucissant le sens à donner à la «mobilisation générale».

Opération de communication

Ainsi, le général à la retraite Abdelaziz Medjahed, connu pour les atrocités qu’il a commises durant la décennie noire des années 90, aujourd’hui parachuté directeur général de l’Institut national d’études de stratégie globale, a affirmé sur les ondes de la Radio nationale algérienne que «la mobilisation générale n’est pas synonyme de guerre, mais d’organisation collective, de solidarité et de résilience face à toutes sortes de défis».

Même son de cloche chez Ibtissam Hamlaoui, présidente de l’Observatoire national de la société civile, poste qu’elle cumule avec celui de présidente du Croissant rouge algérien. Elle a déclaré, le lundi 21 avril, que «la mobilisation générale n’a rien à voir avec les hostilités militaires, mais qu’il s’agit en l’espèce d’une mobilisation en vue de faire face aux attaques médiatiques dont l’Algérie est actuellement la cible».

Elle a ainsi repris à son compte les récentes déclarations du patron des renseignements extérieurs algériens, le général Fethi Rochdi Moussaoui, et celles du ministre de la Communication, Mohamed Meziane, qui ont fait de la guerre médiatique le plus grand danger qui menacerait l’Algérie.

Reste à savoir si un régime illégitime, avec à sa tête un président boudé par 90% de l’électorat algérien, comme l’ont confirmé les résultats réels de la présidentielle anticipée de septembre dernier, a le courage de décréter une mobilisation générale, face au risque de la vaste désobéissance civile qui lui sera opposée. D’ailleurs, il est illogique de décréter une mobilisation générale du moment que l’Algérie vit depuis 2020 sous un état de siège ou d’exception, certes non déclaré expressément, mais qui constitue une réalité amère vécue au quotidien par les Algériens, soumis au Code pénal le plus liberticide du monde, qui a fait de «l’Algérie nouvelle» une prison à ciel ouvert.

Par Mohammed Ould Boah
Le 23/04/2025 à 16h11

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À quoi sert la mobilisation chez wled oum hassan? À museler le petit peuple algérien, s'il ose manifester sa frustration, sa misère noire quotidienne et sa liberté. Malheureusement ce petit Dz risque de subir une bis repetita BOUCHERIE, comme dans les années 90! Pour rappel, les caporaux wled frança (Nezzar, Belkheir + => bowal chiengriha,Toufik etc) n'ont pas hésité un instant à faire dégommer femmes enceintes, enfants, bébés, handicapés et hommes qui ont eu le malheurs de voter le FIS. À le rappeler sur cette boucherie aux pays des caporaux wled frança, ont effacé +250000 algériens et algériennes dont +50000 disparu de la surface de la terre (assassinés au Sud de l'algérie). Et cette sous-race bâtarde de l'Est, ose parler du droit de l'homme, de l'autodétermination et autres conneries !?

Algérie: à quoi sert la «mobilisation générale» dans un pays déjà en état de siège? Pour massacré le peuple s'il l'ouvre pour réclamer ses droits absolus légitimes, la junte avait procédé de la même façon,avait mis le pays en état de siège deux mois avant la décennie noire, où les qui tuent ont passé à l'acte en accusant le front islamique qui a été élu Haut la ✋ Main par le peuple contrairement à Tbibine illégitime posé sur le trône par l'armée, résultats de la décennie noire plus de 300 000 massacrés, plus de 60 000 déportés à ce jour sans que leur famille fassent leur deuil, plus de 1 000 000 déplacés, le peuple algérien doit faire très très attention, car des jours sombres l'attendent. Bon courage !

Parler de cet asile psychiatrique alge-rienne c'est une perte de temps et de l'énergie le régime Harki vaurien n'a rien dans son ventre sauf rester au pouvoir pour gouverner et arnaquer le peuple marionnette

cette "mobilisation générale" n'est qu'une parodie d'un "état d'urgence" pour faire croire a la population que leur patrie est en danger. De qui ? sauf de soit même, a provoquer les autres, a faire croire que l'algérie est la puissance dont "on" jaloux; quel trouvaille pour ces hommes a la tête e ce régime, si en regarde bien, ce pays vit mobilisation perpétuelle, ainsi vivent les régimes assis sur du sable mouvant et qui font croire qu'ils sont forts, bref cette mobilisation est générale, elle concernerait aussi les ânes, les cigognes qui ont participé a la lutte contre la france, c'est la révolution des stupides

La panique s’empare des vieux débiles du régime. C’est le paranoïa total à Alger! Comme ils ne se font plus confiance, ils vont finir par se liquider les uns les autres. Ils se sont mis dans un veritable pétrin. Ils ont peur d’une révolte de l’intérieur du système «militaro-politique». Chnegriha et Tabboune doivent perdre le sommeil ces jours-ci, en s’imaginant toutes sortes de scénarios. Ça va d’un simple putsch contre le duo, à un renversement total du régime qui les verrait tous arrêtés, jugés, exécutés sur la place publique et jetés aux hyènes quelque part à la frontière malienne! Peu importe ce qui va se passer, le compte à rebours est lancé, et les caciques du régime sont envahis par une peur bleue qui doit accroître leur consommation de la poudre blanche. C’est la psychose!!!

Cette mascarade de mobilisation générale m'emmène à me poser 2 questions ; La 1ere les Cabranates parlent de pays qui n'ont pas digérés leur indépendance? Ils font allusion à qui, car si c'est la France, alors il faut demander a LFI et les Anegeriens de France quel camp ils vont choisir? Et si ils font allusion au Maroc alors faudra qu'ils nous expliquent leur délire qui dure depuis +50ans à propos du sahara Marocain. Ma 2eme question fait référence à l'article qui dit que des internautes Anegeriens font appel à une mobilisation pour libérer les détenus d'opposition ? Sincèrement jamais entendu et depuis quel pays sont lancés ses appels? Enfin soyons sincères c'est leur création du Polizbel qui les gènes, ils sentent la débâcle arrivé et ne savent plus comment s'en débarrasser, donc guerre

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