Plusieurs journalistes et membres de la délégation choisie pour accompagner Abdelmadjid Tebboune lors d’une visite à Tindouf, programmée initialement entre les première et deuxième semaines de ce mois de novembre, ont déjà rempli toutes les formalités de voyage, surtout les tests PCR pour le Covid-19, et étaient fin prêts pour cette visite… finalement annulée à la dernière minute sans la moindre explication.
Seuls subsistent de cette visite des panneaux dressés à Tindouf pour lui souhaiter la bienvenue. Les autorités de Tindouf n’ont pas eu encore le temps de les masquer.
Qu’est-ce qui explique cette annulation in extremis d’un déplacement auquel Tebboune tenait beaucoup et qui devait lui permettre de proclamer in situ son «indéfectible attachement à la cause sahraouie» (comprendre sa viscérale hostilité au Maroc)? Tebboune a-t-il eu peur qu’en se rendant à Tindouf, des éléments du Polisario, mandatés par le clan des généraux Saïd Chengriha, Khaled Nezzar et Mohamed Mediène, dit Toufiq, ne l’assassinent?
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Ce qui est certain, c’est que sur les 58 wilayas et 44 wilayas déléguées que compte l’Algérie, il n’est pas du tout facile de trouver une ville où Abdelmadjid Tebboune pourrait se rendre et prendre un bain de foule sans des mesures de sécurité draconiennes. Sauf à rééditer le scénario, bien mis en scène, de la toute première visite depuis 2019 qu’il vient d’effectuer, il y a trois semaines, en dehors d’Alger. Le 29 octobre dernier, il s’est en effet rendu à Djelfa, à 300 km au sud de la capitale, visite qui lui a servi de test en prévision de la programmation d’autres virées dans certaines wilayas du pays.
Or, à Djelfa, le wali et les autorités locales ont eu toutes les difficultés du monde, selon certains médias algériens, à convaincre les habitants locaux et les chefs de tribus de réserver un accueil populaire à Tebboune. Finalement, ce sont les autorités militaires et leurs services de renseignement qui ont mis à contribution des troupes de danse, des soldats, des agents des forces de l’ordre et membres de leur famille, dont certains venus d’autres wilayas, en vue de permettre à Tebboune de prendre un semblant de bain de foule à Djelfa devant les caméras de télévision.
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Ce scénario a-t-il été sciemment ourdi par les généraux en vue de berner Abdelmadjid Tebboune par le biais de la confection d’une fausse popularité, pour l’encourager à visiter d’autres wilayas au risque de se voir vivement conspué, voire assassiné comme le fut le président Mohamed Boudiaf en juin 1992? La liste des wilayas choisies pour les prochaines visites du président est édifiante et loin de rassurer son entourage.
En effet, ces visites ont été programmées dans des villes frondeuses comme Tizi-Ouzou, là où le Hirak a organisé sa dernière manifestation en juin 2021, quelques jours seulement avant que les populations de cette wilaya ne soient horrifiées par des incendies de forêt meurtriers. Ont été retenues de même la ville de Khenchella, d’où est partie la première manifestation déclenchant le Hirak, et celle de Tindouf, qui est parmi les plus militarisées du pays, sans compter la présence sur place des milices et gangs armés des séparatistes du Polisario.
Tebboune aurait été aveuglément attiré dans le traquenard de Tindouf après qu’on lui a fait miroiter le lancement du projet d’exploitation du gisement de fer de Gara Djebilet comme étant une grande réalisation à présenter dans le maigre bilan de son mandat présidentiel. Pourtant, ce projet est irréalisable faute de rentabilité, mais aussi à cause de son éloignement de la côte méditerranéenne et de la lourdeur des moyens financiers et logistiques nécessaires à son exploitation.
À Tindouf, ville située à quelque 1.460 km d’Alger, dans l’extrême sud-ouest du pays, Tebboune aurait été une proie facile pour ses adversaires en vue de se débarrasser de lui sous les balles du Polisario, quitte à faire d’une pierre deux coups en imputant cet assassinat à des terroristes ou à des mains téléguidées par… le Makhzen.
En tout état de cause, en annulant ce déplacement à Tindouf, Tebboune apporte la preuve qu’il ne se sent pas en sécurité en Algérie et ne fait pas confiance à son armée. Les 12 mois qui le séparent des prochaines élections présidentielles seront pour lui interminables et ponctués de pièges qu’il ne sera pas toujours facile d’éviter in extremis.