Algérie: une ressortissante espagnole kidnappée par un groupe terroriste dans l’indifférence des autorités locales

La ville de Djanet, dans le sud-est de l'Algérie, où a été égorgée une touriste suisse le 11 octobre 2024.

Une touriste espagnole a été enlevée mercredi 15 janvier dans le sud algérien par des terroristes armés appartenant à la branche de Daech au Sahel. Malgré sa confirmation par certains médias espagnols et même de pays sahéliens, cet enlèvement n’a fait l’objet d’aucune annonce de la part des autorités algériennes, qui gardent toujours le silence suite à cette grave faille sécuritaire, enregistrée sur leur territoire.

Le 16/01/2025 à 16h35

Une nouvelle mauvaise actualité sur l’Algérie fait la Une des médias espagnols, maghrébins et sahéliens. Selon des informations parues sur le site du quotidien espagnol El Pais, et publiées ce jeudi 16 janvier, «le gouvernement espagnol a ouvert une enquête sur l’enlèvement d’une touriste espagnole, qui aurait été kidnappée dans le sud de l’Algérie par des éléments armés appartenant au groupe de l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et transférée au Mali voisin». Cette enquête a été ouverte suite à des informations fournies aux autorités espagnoles par «des sources locales», qualifiées de «fiables et concordantes» par El Pais, en attendant leur confirmation officielle par l’Algérie, qui n’a toujours pas réagi.

La touriste espagnole a été enlevée le mercredi 15 janvier dans le sud algérien, par des membres du groupe terroriste de l’EIGS, mais le lieu exact de l’enlèvement n’a pas été précisé. Sachant que tous les accompagnateurs de la touriste espagnole ont été libérés au niveau de la frontière algéro-malienne, l’on se demande ce qu’attendent les autorités algériennes pour les interroger en vue de communiquer sur cet acte terroriste.

Également confirmé par le site mauritanien Saharamedia, très au fait des activités des groupes terroristes au Sahel, cet enlèvement intervient une semaine seulement après que le ministère britannique des Affaires étrangères et du Commonwealth a émis une mise en garde conseillant aux voyageurs britanniques de ne pas se rendre en Algérie, et particulièrement dans les zones frontalières que ce pays partage avec ses voisins de l’Est et ceux du Sahel.

Pour sa part, l’Espagne a conseillé à ses ressortissants de signaler tous leurs déplacements en Algérie aussi bien aux deux consulats espagnols sur place qu’aux services de la gendarmerie algérienne, pour plus de sécurité. De nombreux autres pays occidentaux conseillent la prudence et la plus grande vigilance à leurs ressortissants se rendant en Algérie, toujours considérée comme un pays extrêmement risqué que l’armée et la police sont incapables de sécuriser. Le bien-fondé de toutes ces mises en garde, qui portent un coup dur aux tentatives de l’Algérie de s’ériger en destination touristique, a été confirmé en l’espace d’une seule semaine, suite à l’enlèvement il y a six jours d’une Autrichienne au Niger, puis de la nouvelle victime espagnole en Algérie.

Ces deux rapts ont été commis par l’EIGS, ce groupe né d’une scission avec AQMI (Al-Qaida au Maghreb islamique) et créé en 2015 par l’ancien milicien du Polisario, Adnan Abu El Walid Es-Sahraoui, tué en 2022 dans une frappe française au Mali. Ce groupe terroriste, à l’instar d’AQMI, dispose d’importantes ramifications dans le sud algérien.

Ce qui est normal, car à part le JNIM (Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans) dirigé par un Touareg malien (Iyad Ghali), protégé par l’Algérie et établi dans le sud algérien, tous les autres groupes terroristes opérant au Sahel ont toujours été dirigés par des ressortissants algériens, pour la plupart sortis de la matrice des services algériens durant la décennie noire des années 1990.

Par Mohammed Ould Boah
Le 16/01/2025 à 16h35