La ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla Elmangoush, a rencontré, il y a quelques jours dans la capitale italienne Rome, son homologue israélien Eli Cohen, sous l’impulsion, et en présence, du chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani. Mais suite à la révélation de cette rencontre par un média israélien, Najla Elmangoush a nié, le dimanche 27 août, tout caractère officiel de son entrevue avec Eli Cohen.
De même, le ministère des Affaires étrangères libyen s’est empressé de sortir un communiqué corroborant les propos de la ministre. Selon lui, «ce qui s’est passé à Rome a été une rencontre fortuite et non officielle, au cours d’une rencontre avec son homologue italien (Antonio Tajani), qui n’a comporté aucune discussion, ni accord ni consultation».
Pour sa part, Eli Cohen a déclaré qu’il a discuté avec Najla Elmangoush de la «possibilité d’une coopération entre les deux pays» et proposé «l’aide israélienne à des fins humanitaires», la Libye étant en proie à des violences armées depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Le chef de la diplomatie israélienne a qualifié sa rencontre inédite avec son homologue libyenne d’«historique» et de «première étape», tout en estimant que «la taille et la situation géographique de la Libye confèrent aux relations avec elle une importance et un potentiel énormes pour l’État d’Israël».
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Rencontre officielle ou pas, une agence de presse londonienne a précisé que «les ministres des Affaires étrangères libyen et israélien se sont entretenus pendant plus de deux heures, lors d’une réunion approuvée au plus haut niveau en Libye». En d’autres termes, c’est Abdelhamid Dbeibah, chef du Gouvernement d’unité nationale (GNU) libyen, qui a donné son feu vert à cette rencontre. D’ailleurs, suite à une désapprobation interne, ce dernier s’est contenté de suspendre Najal Elmangoush de ses fonctions, en attendant les résultats d’une enquête confiée au parquet général.
Alors qu’il est déjà isolé sur le plan international, où il vient d’être humilié par le club des BRICS qui a rejeté sa candidature, le régime algérien a fait montre d’une grande panique suite à l’annonce de cette rencontre israélo-libyenne de haut niveau à Rome, tenue le 24 août courant, jour du jeudi noir algérien aux BRICS. Même si elle n’a pas réagi officiellement, Alger s’est cachée derrière ses porte-voix médiatiques, en prenant soin de ne pas froisser l’Italie, l’un des rares «amis» européens qui lui restent.
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L’Italie, le «meilleur ami» de l’Algérie, selon Abdelmadjid Tebboune, et son premier client en gaz naturel, est pourtant derrière sa nouvelle humiliation. Car c’est l’Italie qui a incité un pays arabe, partageant un millier de kilomètres de frontières avec l’Algérie, à entamer des discussions avec Israël, en vue d’une future normalisation.
Les dirigeants italiens, tels que le président de la République Sergio Mattarella ou la présidente du Conseil des ministres italien,Giorgia Meloni, qui ont visité l’Algérie respectivement en novembre 2021 et janvier 2023, et accueilli, en mai 2022, le président Tebboune à Rome, ont ainsi montré que le cours de l’Histoire s’oriente à rebours du logiciel des caciques d’Alger, prisonniers d’une grille de lecture datant d’avant la chute du mur de Berlin.
Les médias algériens ont également pointé du doigt la Turquie, qui soutient militairement le gouvernement de Tripoli, et qui aurait tout arrangé en vue de la tenue d’une rencontre à Rome entre officiels libyens et israéliens.
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Cette accusation n’est pas sans rappeler celle proférée, le 12 août courant, par Abdelkader Bengrina, l’islamiste du pouvoir algérien, qui a affirmé que la récente visite d’un officiel émirati à Tunis n’avait d’autre objectif que d’inciter la Tunisie à établir des relations diplomatiques avec Israël. Bengrina, chef du parti El Bina, avait expliqué que les Israéliens sont en train d’encercler l’Algérie, en cherchant à établir des relations avec la Tunisie, la Libye, la Mauritanie et le Niger, tous frontaliers de l’Algérie.
En mars dernier, plusieurs médias algériens ont également accusé le gouvernement émirati de faire pression sur la Mauritanie afin qu’elle rétablisse ses relations avec Israël, nouées en 1999 et rompues en 2009. Ces médias sont allés jusqu’à écrire que l’actuel ministre mauritanien de la Défense aurait récemment séjourné à Tel-Aviv, en provenance de Dubaï.
Pour rappel, plusieurs rencontres ont eu lieu ces dernières années entre de hauts responsables libyens et israéliens. Ainsi, un mois avant la présidentielle libyenne avortée de décembre 2021, le maréchal Haftar Khalifa, alors candidat à cette élection, avait dépêché son fils à Tel-Aviv en vue d’annoncer qu’au cas où il serait élu, il rétablirait des relations multiformes avec Israël. En janvier 2022, l’actuel chef du gouvernement libyen, Abdelhamid Dbeibah, avait quant à lui rencontré un haut responsable israélien à Amman dans la résidence de l’ambassadeur libyen en Jordanie.
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L’essentiel dans la peur panique qui s’est emparée du régime algérien réside dans son isolement, la faiblesse de ses services de renseignement et la certitude d’être sur la touche pendant que des événements géopolitiques majeurs s’écrivent à ses frontières.
C’est la panique à son niveau le plus élevé qui apparaît désormais dans les réactions des porte-voix attitrés du régime algérien. Le «cercle de feu» qu’appréhende la junte n’est pas l’œuvre de mains extérieures ou d’un complot, mais plutôt de l’aveuglement et de l’impéritie d’une bande de vieillards qui dirigent un pays jeune et qui sont incapables de prendre la mesure des changements dans le monde.
L’humiliation des BRICS a provoqué un électrochoc chez les Algériens qui ont compris qu’ils sont dirigés par une bande de séniles. Les semaines et les mois qui arrivent seront ceux de tous les dangers pour les gérontes qui se partagent le pouvoir en Algérie.