La réaction malienne ne s’est pas fait attendre suite à la nouvelle provocation du président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui a accueilli dimanche dernier l’opposant malien, l’imam Mahmoud Dicko, lors de l’inauguration de la grande mosquée d’Alger, douze ans après le lancement de sa construction par feu Abdelaziz Bouteflika.
C’est cette nouvelle rencontre inopportune entre le président algérien et l’opposant et religieux malien, que les autorités de Bamako ont privé de son passeport diplomatique tout en lui laissant la liberté de mouvement et d’expression, qui serait derrière le discours virulent à l’égard d’Alger prononcé lundi soir par le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, devant un parterre de représentants de partis politiques maliens et membres de la société civile.
Le chef du gouvernement malien a ainsi déclaré irrévocable la décision de Bamako de mettre fin à l’Accord d’Alger, dont la caducité est «la suite logique du manque de résultats de la médiation internationale conduite par l’Algérie».
Il a aussi rappelé les «récentes tensions diplomatiques avec l’Algérie» qui sont intervenues, selon lui, suite à «une série d’actes hostiles et inamicaux», dont l’accueil à bras ouverts par Alger des rebelles touaregs du nord du Mali, tout en citant en particulier la réception à la Mouradia de l’imam et opposant au gouvernement de transition malien, Mahmoud Dicko, reçu par Abdelmadjid Tebboune en présence de son directeur de cabinet et du chef des renseignements extérieurs algériens, le général-major Djebbar M’Henna.
Mais c’est la seconde réception, en moins de deux mois, de Mahmoud Dicko par le président algérien, dimanche dernier à la grande mosquée d’Alger, qui a ravivé la colère des autorités maliennes.
Choguel Maïga a aussi rappelé au régime algérien ses manœuvres malsaines contre le Mali lors du dernier sommet du Mouvement des non-alignés à Kampala (Ouganda), où Alger a exigé, discrètement mais résolument, de maintenir les sanctions onusiennes contre le Mali. Le chef du gouvernement malien a ainsi déclaré à la face des Algériens que c’est grâce au veto de la Russie, qu’il a qualifiée de «partenaire stratégique», que l’ONU a été empêchée de reconduire les sanctions contre Bamako.
Pour toutes ces raisons, le Premier ministre a déclaré que «l’Algérie est sortie de son rôle de médiateur», une posture qu’elle mettait à profit pour s’ingérer dans les affaires intérieures maliennes et fouler aux pieds sa souveraineté.
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Il a insisté sur ce bannissement des autorités algériennes du Mali, en réaffirmant que les autorités maliennes vont «continuer à le rappeler aussi longtemps que c’est nécessaire».
Le discours du Premier ministre malien est intervenu à la veille de la supervision par le général Saïd Chengriha, chef d’état-major de l’armée algérienne, de manœuvres militaires à la frontière avec le Mali.
Selon un communiqué du ministère algérien de la Défense, «Saïd Chanegriha, chef d’état-major de l’ANP, a supervisé, ce mardi 27 février 2024, un exercice tactique avec munitions réelles intitulé “Tempête du Hoggar 2024”, exécuté par des unités du secteur opérationnel de Bordj Badji Mokhtar, appuyées par des unités relevant des différentes armées».
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Il est clair que cette démonstration de force, à quelques encablures de la frontière malienne, est un avertissement au voisin du sud. Une mise en scène martiale sous forme d’«opération de débarquement aérien au moyen d’hélicoptères d’un détachement des forces spéciales sous la protection d’hélicoptères de combat et une opération de parachutage dans la profondeur des défenses ennemies, dont l’objectif était de détruire les forces d’un ennemi non-conventionnel, en plus d’une opération de ravitaillement aérien en carburant des avions de combat a également été exécutée lors de cet exercice», comme le décrit le communiqué du MDN.
L’utilisation de tout ce que compte l’armée algérienne en matière d’armement dans cet exercice vise à intimider le gouvernement malien, qui ne cesse lui aussi de se fournir gracieusement en armement auprès de son nouveau partenaire stratégique, la Russie.