Le régime algérien a encore récidivé en faisant montre d’un manque flagrant de respect envers le gouvernement de la transition malienne et bafoué à nouveau la souveraineté de ce pays. Il ouvre ainsi la voie à une inévitable et énième crise diplomatique entre Bamako et Alger, qui risque cette fois-ci de prendre des proportions incalculables.
Plutôt que de répondre aux très graves accusations du gouvernement malien quant aux actes inamicaux et ingérences flagrantes dans les affaires intérieures maliennes, avec citations de nombreux cas concrets et avérés, le ministère algérien des Affaires étrangères a réagi à travers un communiqué, publié ce vendredi, en se contentant d’écrire que «l’Algérie a pris connaissance, avec beaucoup de regrets et une profonde préoccupation, de la dénonciation par les autorités maliennes de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger», tout en disant avoir pris acte de «cette décision dont elle tient à relever la gravité particulière pour le Mali lui-même».
Et pourtant, c’est bien la diplomatie algérienne qui en prend pour son grade avec ce sérieux revers, quand on sait que l’accord d’Alger n’a cessé d’être brandi dans les fora internationaux par le régime algérien qui le présentait, durant ces 9 dernières années, comme un fleuron d’une prétendue aura régionale, voire internationale, du gouvernement algérien.
L’Algérie accuse ainsi le gouvernement malien d’avoir œuvré depuis son arrivée au pouvoir à saper l’accord d’Alger. «En effet, il n’a échappé à personne que les autorités maliennes préparaient cette décision depuis bien longtemps. Les signes avant-coureurs depuis deux ans en ont été leur retrait quasi total de la mise en œuvre de l’accord, leur refus quasi systématique de toute initiative tendant à relancer la mise en œuvre de cet accord, leur contestation de l’intégrité de la médiation internationale», écrit le communiqué du MAE algérien qui, tout en prenant la défense des opposants maliens se montre offusqué que des personnalités appartenant aux différents mouvements touarègues soient qualifiées de «terroristes» par le gouvernement malien.
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Et quid du Touareg Iyad Ag Ghali, ancien diplomate malien devenu chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) allié à AQMI et protégé d’Alger? Le communiqué algérien renie également au Mali le droit de s’armer avec le financement de pays amis et s’offusque que des mercenaires russes viennent l’épauler dans sa recherche de l’indépendance vis-à-vis des micmacs du régime algérien qui a infesté le Mali et le Sahel de terroristes de tous bords, placés sous la houlette d’«émirs» algériens.
Dans une tentative perfide de diviser le peuple malien et ses gouvernants, le communiqué du MAE algérien ajoute inexplicablement que «l’Algérie a un devoir d’information envers le peuple malien frère» à qui il est notifié que la dénonciation par le gouvernement malien de l’accord d’Alger est basée sur des raisons fallacieuses, et que sa mise à mort et abandon étaient programmés depuis plusieurs mois.
Le MAE enfonce le clou en agitant le spectre d’une guerre civile meurtrière, en menaçant de l’imminence d’«une tragédie et des malheurs pour le Mali et pour le peuple malien». Et d’avertir le peuple malien qui «doit savoir que des décisions aussi malheureuses et aussi malvenues ont prouvé par le passé que l’option militaire est la première menace à l’unité et à l’intégrité territoriale du Mali».
Or, c’est cette option que l’Algérie a sous-traitée depuis plusieurs années en maintenant la flamme de la guerre constamment allumée dans le nord du Mali et au Sahel. Une situation dont ont pris conscience les nouvelles autorités maliennes qui tentent d’y remédier en bottant les tentacules d’Alger hors du Mali et du Sahel.