L’inquiétante léthargie de notre opposition politique

Rachid Achachi.

ChroniqueDepuis les dernières législatives et la victoire des trois partis qui constituent aujourd’hui la majorité, l’encéphalogramme de notre champ politique semble totalement plat. Surtout celui de l’opposition ou de ce qui est appelé comme tel. Car à part pousser des cris d’orfraie ou jouer aux inspecteurs des travaux finis, celle-ci doit avant tout s’opposer, comme son nom l’indique.

Le 24/04/2025 à 10h59

Dans un système politique sain, les rivalités, tensions et autres antagonismes politiques constituent la norme et l’expression d’une dynamique interne qui reflètent la pluralité des courants, des causes et des valeurs qui traversent la société. Et si certains ont tendance à se plaindre de ce climat de rivalité parfois anxiogène, il faudrait bien au contraire s’en réjouir. Car un silence peut être ô combien plus anxiogène qu’un vacarme politique ou électoral.

Et au Maroc, nous en savons quelque chose, puisque depuis les dernières législatives de 2021 et la victoire écrasante des trois partis qui constituent actuellement la majorité, l’encéphalogramme de notre champ politique semble totalement plat. Surtout celui de l’opposition ou de ce qui est appelé comme tel.

Du point de vue scientifique, «un électroencéphalogramme plat est synonyme d’un cerveau éteint d’un point de vue fonctionnel, c’est-à-dire à la fois privé d’activité endogène et incapable de traiter des informations issues de l’environnement». Cette définition semble parfaitement correspondre à la réalité de notre champ politique qui, malgré quelques petites esbroufes et autres confrontations verbales, ne semble jusqu’à présent indiquer aucun signe de vie politique, et encore moins intellectuelle.

Certes, en tenant compte de la réalité des rapports de force objectifs, issus des dernières élections législatives, il est certain que sur le plan quantitatif, l’opposition politique ne peut pas faire grand-chose. Mais sur le plan qualitatif, beaucoup de choses demeurent possibles, voire indispensables.

Car à part pousser des cris d’orfraie ou jouer aux inspecteurs des travaux finis, l’opposition doit avant tout s’opposer, comme son nom l’indique. Mais s’opposer en amont et non en aval. S’opposer de manière constructive et pointer du doigt, lors des discussions parlementaires, les dysfonctionnements et les risques relatifs aux textes de loi avant qu’elles n’entrent en vigueur.

Les critiques a posteriori sont certes vitales pour maintenir la pression sur la majorité. Mais elles n’ont de sens et de légitimité que dans la mesure où elles prolongent celles formulées en amont. Admettez qu’il n’y a rien de plus jouissif que de lancer: «Je vous l’avais bien dit!».

«Notre opposition est-elle capable de proposer des solutions, des idées, des réflexions? Autrement dit, un vrai programme politique et idéologique?»

Mais par-delà la critique constructive et le maintien de la pression sur une majorité par bien des aspects sourde et muette, l’opposition a-t-elle également d’autres missions à accomplir?

La réponse est bien entendu affirmative. Ce qu’on attend d’une réelle opposition, c’est d’être également une force de proposition. Mais est-elle seulement capable de proposer des solutions, des idées, des réflexions? Autrement dit, un vrai programme politique et idéologique? Et ma question s’adresse autant à l’aile gauche (PPS, USFP, PSU et FGD) de l’opposition qu’à l’aile droite ou du centre (MP, UC) ou encore conservatrice (PJD).

Les intellectuels, ou ce qu’il en reste, ont définitivement déserté les partis, et le champ est désormais ouvert aux discours creux, aux slogans et aux jérémiades de toutes sortes.

Mais sachez, comme nous l’apprend l’histoire, que la nature n’aime pas le vide. Car en politique comme en chimie, rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme.

Et venir après se plaindre des réseaux sociaux et de leurs critiques véhémentes du pouvoir politique, ou parfois de leur nihilisme, alors que le champ politique a cessé d’incarner la colère, les demandes et les aspirations du peuple, cela revient à nous plaindre des conséquences dont nous chérissons les causes.

Et pour reprendre le grand juriste allemand Carl Schmitt, la distinction entre l’ami et l’ennemi est ce qui fonde le politique. Si cet antagonisme profond déserte le champ du politique, cela ne veut aucunement dire qu’il se soit évaporé. Il s’est juste réfugié ailleurs, dans le monde des réseaux sociaux, comme une avant-dernière étape avant d’investir la rue et de balancer des pavés et des pierres, à la place des hashtags et des émoticônes.

Mais tout n’est pas perdu. Il revient à l’opposition, surtout celle de gauche dont c’est historiquement la tradition, de réinvestir ce champ, en se réinventant politiquement et intellectuellement, afin de pouvoir à nouveau incarner une alternative politique crédible, solide intellectuellement et en adéquation avec la réalité et les défis contemporains du Royaume.

En attendant, la majorité peut continuer à jouir d’une situation de quasi-impunité politique qui, sur le court terme, est certes agréable à vivre, mais qui, à long terme, pourrait causer sa chute en 2026.

Par Rachid Achachi
Le 24/04/2025 à 10h59

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Les électeurs ne sont ni dupes ni amnésiques, ils ont vus à l'oeuvre les gouvernement issus de des partis de l'opposition avec leurs maigres bilans. Donc en 2026, ils voteront en conséquence.

Le gouvernement actuel est critiquable sur plusieurs points (inflation, taux de chomage, conflits d'interêts, ...). Mais l'oppostion n'a pas fait mieux quand elle était au pouvoir. D'ou cette lethargie soulevée à juste titre par l'auteur.

Malgré des élections démocratiques, j'en veux pour preuve les achats de voix, qui dans un système non démocratique n'auraient aucun sens puisque les résultats seraient faussés dés le départ, nos politiques ne sont pas à la hauteur, se sont encore des enfants qui ont besoin d'un garde-chiourmes. Ils ne sont quasi d'aucune utilité, incapable d'initiatives, toujours en attente de directives royales. Tous les grands projets de ces 20 dernières années sont dus au Roi, et uniquement à lui. Alors Akhannouch ou Benkirane, kif kif bourricot. Ta ouhed li hamere laoujeh

Comme disait l’ancien premier ministre anglais : “il n’y a ni gauche ni droite, mais seulement des solutions qui marchent et d’autres qui ne marchent pas “. La compétition se déroule donc plus sur le terrain de la compétence que sur celui de l’idéologie. Les partis qui nous promettent " des projets de société " oublient qu’au Maroc la course électorale est organisée pour la deuxième place😂. Or, un projet de société ne se décide pas à ce niveau de responsabilité !

Cette léthargie ne devrait pas nous inquiéter, bien au contraire elle nous renseigne sur la nature de ces partis politiques (USFP, PJD, PPS) qui une fois arrivés au pouvoir, n'avaient que peu de souci de l'interêt général du pays. Les bilans de leurs gouvernements respectifs le prouvent.

Je te rappelle que la campagne électorale n’a pas encore commencé. Dis-donc, t’es payé cash ou en carburant russe pour faire ce que tu fais? Ou bien c’est juste du bénévolat que tu fais, en attendant que des postes se libèrent pour qu’on te place quelque part dans le cirque Don Akhannouch & Co? A propos de l’usage de l’anglais, il ne doit déranger que les ignares ou les envieux!

C'est quoi cette manie chez-vous d'insèrer dans vos commentaires des expresssions en anglais? Vous voulez montrer que vous maitrisez aussi bien la langue de Shakespeare que celle de Molière? Un peu d'humilité SVP!

Sans vouloir défendre un quelconque parti - ils sont pareils, mais c’est à se demander si vous n’êtes pas un troller à la solde d’Akhannouch & Co! I can tell when I see one; especially a hyperactive one 😉

La raison de cette léthargie est simple: le bilan du gouvernement actuel est plutôt globalement positif (surtout sur le plan social). Donc l'opposition a du mal à trouver des motifs pour critiquer et s'opposer au gouvernement actuel qui semble bien parti pour s'assurer une seconde legislature en 2026.

Mais quand on est face à un dilemne, entre deux maux il faut choisir le moindre. Pour une majorité de citoyens, c'est clair: la majorité actuelle est un moindre mal! Les prochaines éléctions vous le confirmeront.

On ne peut pas du tout qualifier de positif le bilan du gouvernement Akhannouch & Co. Les programmes sociaux qui ont été lancés ces dernières années existent grâce à l’initiative exclusive de Sa Majesté, qui voulait que l’Etat prenne en charge la partie de la population «laissée derrière (the left behind)». En effet, le gouvernement actuel se limite à sa fonction exécutive de ces programmes; ni plus, ni moins. Et si les autres partis dits de «l’opposition» peinent à convaincre le citoyen du bien fondé de leur «conscience retrouvée», devant une coalition gouvernementale imposante, c’est parce qu’eux aussi traînent des casseroles. Leur passé est là pour en témoigner. Au milieu de tout ça, il y a le citoyen impuissant; parce qu’il est pris entre deux très mauvais choix. Un vrai dilemme!!!

Le seule but de l'opposition c'est le pouvoir , pour le reste , il n'y a aucun programme politique sérieux pour permettre à notre pays de restaurer l'éducation , la santé ou de permettre à notre jeunesse d'aller de l'avant. Toutefois , si la majorité sommeil , d'autres , sont entrain de détruire tous les efforts qui ont été fait pour notre économie: l'activité des ports de Tanger et de Casablanca sont réellement en danger d'après certains médias .En effet, la compagnie maritime danoise songe à quitter notre pays au profit de l'Epagne , suite à des manifestations absurdes .Pour d'autres , ils n'hésitent pas à inviter certains personnages étrangers, contestables et qui contestent même notre intégrité territoriale ! J'espère que cette attitude masochiste ne détruira pas notre pays !

Le cirque politique qui nous est imposé, et devant lequel on est complètement impuissant, est le résultat de la vieille stratégie du maintien du «statu quo». Une stratégie se résume à ceci: «If it ain’t broke, don’t fix it», et qui a atteint aujourd’hui ses limites; car elle s’est avérée très coûteuse. Les partis politiques y trouvent leurs comptes, et l’Etat se contente de laisser les choses telles quelles; du moment où les numéros joués par les acteurs de ce cirque ne font qu’alimenter les conversations dans les salons de café. Ils savent que le citoyen a perdu tout espoir de voir arriver les changements promis. En effet, désabusé par les scandales en série de la classe politique, le citoyen s’est retrouvé coincé dans un fatalisme qui l’a rendu une proie facile aux affairistes en charge!

L’espace politique est déjà surpeuplé! Justement, c’est sa balkanisation qui est à l’origine de la situation actuelle. La formule a marché pendant un certain temps, pour les raisons que nous devrions tous connaître normalement, mais elle n’a plus raison de continuer. Elle est caduque. C’est elle qui nous a donné encore une «coalition» gouvernementale bricolée. Sauf que, cette fois-ci, elle n’a pas fonctionné. Ce qu’il faudrait faire, c’est de fusionner les partis actuels en blocs de gauche, centre et droite. Comme ça, les responsabilités seront prises individuellement par les nouvelles formations, et non partagées comme c’est le cas actuellement. Vous vous rendez compte qu’on se retrouve aujourd’hui avec un gouvernement de misfits, et une opposition complètement édentée? Capisce fratello?

Mais quand on est face à un dilemne, entre deux maux il faut choisir le moindre. Pour une majorité de citoyens, c'est clair: la majorité actuelle est un moindre mal! Les prochaines éléctions vous le confirmeront.

Le cirque politique ne nous est pas imposé! C'est le résultat du choix des élécteurs. Puis vous n'êtes pas complètement impuissant, vous pouvez toujours créer votre propre parti politique et lui dicter votre idéologie!

Les partis USFP, PJD et PPS n'ont rien à proposer. Déjà, à l'issue des précedentes legislature tout le monde a constaté que leur bilan gouvernemental est quasi-nul, suite à une gestion calamiteuse des affaires de l'Etat. Comme les électeurs ne sont ni dupes ni amnésiques, il est fort probable que la majorité actuelle soit reconduite lors des prochaines élections.

La majorité communique peu ,de craintes qu'on la traite d'être en campagne. Sinon mal ,à l'instar du parti nationaliste, L'opposition PJDiste ,retrouve ses démons / DOUBLE LANGAGE, DEMAGOGIE , MENSONGES, ATTAQUES PERSONNELLES.. Le PJD ne dit pas son PROGRAMME ( c'est là l'angle d'attaque). Il est "dévoilable", et lui et ses militants profiteurs, prétentieux, incompétents. faisant dans le double jeu-langage, la palabre et le sentiment pour naïfs. On peut communiquer mais avec de communicants crédibles et compétents. Le Pjd EXPLOITE ce qui est à nous tous L'ISLAM ,pour d' intérêts bas et souterrains. Il l cherche à PIEGER la majorité en la poussant à PRECIPITER des mesures ANTISOCIALES à la faire perdre!!!!! .L'animation politique dont traite l'article doit commencer déjà par cela.

Le bilan de ce gouvernement n'a rien de positif au contraire. Quand on voit l'inflation monstre du panier de la ménagère alors que dans le même temps, les exportations de fruits et légumes ont explosés depuis l'arrivé de ce gouvernement surtout que les gros exploitants agricoles ont bien connu Akhannouch quand il était ministre de l'agriculture. Et quand bien même, les intermédiaires seraient responsables, ce gouvernement a laissé faire, s'est opposé à la transparence du patrimoine des parlementaires et maintenant le scandales de 13 milliards de dirhams qui n'ont profités qu' à des buisnessmen encartés au RNI et au PAM.

La classe politique a cessé d'exister érodée par beaucoup de facteurs dont bien sûr les lois du marché , la disparition des idéologies , la fin de l'idée que le politique est nécessaire , la désillusion et le sentiment de combattre contre les moulins à vent ....

Pour ne parler que de la Gauche tout le monde s'accorde pour dire qu'elle est Morte et Enterrée ! ... Cependant on constate que les 3 Partis aux Commandes de temps en temps jouent à l'opposition parce qu'ils en ont besoin et aussi pour ne pas perdre la main juste au cas où... Merci

Le fond du problème réside dans l’absolue nécessité de renouveler la classe politique. Les dirigeants de l’opposition ne sont plus aptes à jouer le rôle qui leur incombe et être en mesure de succéder à la majorité actuelle car ils ne présentent aucun programme de substitution en face d’ un échec évident du gouvernement en place à satisfaire les attentes de la grande majorité de la population.

Bonjour Monsieur Chraibi, Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un problème de génération ! Ce n’est pas parce qu’on est jeune qu’on est génial ! En dépit de son âge avancé,Mitterand portait des idées très appréciées par les jeunes. Il en était de même, chez nous, d’Abderrahim Bouabid ( toutes proportions gardées, bien sûr) Cordialement

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