L’information a été distillée samedi par Menadefense, un site de propagande au service de l’armée algérienne. Elle révélait la participation de l’Algérie à la phase tunisienne de l’exercice militaire African Lion, qui a débuté ce lundi 14 avril, et constitue désormais le plus important du genre en Afrique. Cette participation se limitait à l’envoi d’un observateur. Mais, surprise, le régime voisin s’est de nouveau ravisé et a finalement renoncé, 24 heures avant le lancement des opérations. L’annonce précédente a depuis été supprimée.
De quoi ce revirement est-il le nom? Tout simplement de l’improvisation totale qui règne actuellement à la tête du pouvoir algérien, qui navigue à vue, sans repère et sans jeter un regard sur les plans de navigation dont il s’est servi depuis 1962. Du point de vue des relations internationales, le régime s’est entouré d’un cercle de feu. Cherchant à établir de nouvelles alliances, il perd sur tous les registres. Les fous furieux à la tête du régime ne parviennent pas à sortir des innombrables crises qu’ils ont provoquées. En voulant montrer à la Russie qu’ils peuvent multiplier les partenaires, ils viennent de signer l’un des chapitres qui montrent l’étendue de leur désarroi.
Aucune explication ni officielle ni officieuse n’a été donnée, ni à l’annonce de sa participation à l’African Lion et ni à celle de son annulation. L’argument du boycott algérien dû à la présence israélienne est infondé, Tel-Aviv n’étant pas impliqué en Tunisie. Avec huit pays participants (Égypte, Ghana, Kenya, Libye, Nigeria, Espagne, Tunisie et États-Unis), l’exercice tunisien ne représente par ailleurs qu’une infime partie de l’exercice 2025, qui doit se dérouler également au Sénégal et au Ghana, en plus du Maroc, où le plus gros des opérations est prévu avec la présence de pas moins de 16 pays (Cameroun, Cabo Verde, Djibouti, France, Gambie, Ghana, Guinée-Bissau, Hongarie, Israël, Kenya, Maroc, Pays-Bas, Nigeria, Portugal, Royaume-Uni et États-Unis).
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En Tunisie, l’Algérie devait figurer parmi six autres pays observateurs: la Belgique, l’Inde, le Qatar, la République démocratique du Congo, la République du Congo et la Guinée équatoriale. La raison du renoncement algérien est à chercher dans son incapacité à fixer un cap géopolitique ou stratégique. D’un côté, confronté aux limites de son arsenal russe et à sa forte dépendance à celui-ci, Alger s’est livré à une véritable danse du ventre auprès de la nouvelle administration américaine, parlant récemment de la possibilité d’acheter américain. La sortie médiatique de Sabri Boukadoum, ambassadeur d’Algérie aux États-Unis, le 7 mars dernier dans les colonnes du média américain DefenseScoop, en a apporté la preuve.
Revigoré par le mémorandum d’entente militaire signé le 22 janvier dernier entre les États-Unis et l’Algérie (représentés respectivement par le commandant de l’Africa Command, le général Michael Langley, et Saïd Chanegriha, le chef de l’ANP), le diplomate algérien a longuement vanté le passage d’une dépendance militaire quasi exclusive vis-à-vis de la Russie à un armement américain tous azimuts. Une première historique. «Le ciel est la limite», a déclaré l’ambassadeur lorsque le média américain lui a demandé quelles étaient les priorités de l’Algérie dans cette coopération militaire. Pour tout cela, les deux pays ont formé trois groupes de travail pour planifier la mise en œuvre du mémorandum d’entente.
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D’un autre côté, Alger craint fort les représailles de l’ancien allié ainsi trahi. Pactiser avec les États-Unis et prendre part à «leur» exercice en Afrique est un acte hautement symbolique qui se serait ajouté à l’action menée contre le Mali, où les séparatistes touaregs, soutenus par le régime voisin sont combattus… par la même Russie. Prendre part à un exercice américain dans la «zone» revient à fournir les indicateurs d’un possible basculement. Entre ses alliances passées et ses velléités présentes, Alger perd pied. Risquer de perdre la couverture russe ne garantit absolument pas celle des États-Unis d’Amérique. Loin s’en faut. Seuls les séniles à la tête de l’Algérie pensent pouvoir s’affranchir de 65 ans de dépendance à l’armement russe par une envie soudaine de changer de fournisseur.
C’est loin d’être le seul terrain sur lequel l’Algérie glisse méchamment, faute de choix clairs et de calculs avisés. Autre démonstration: l’humiliant aplaventrisme dont le régime d’Alger a fait preuve à l’égard de la France, à l’issue d’une crise de huit mois sur fond de reconnaissance française de la marocanité du Sahara, n’a d’égal que la persistance de ses barbouzeries dans l’Hexagone et la réaction hystérique qui a suivi la récente arrestation d’un agent algérien ayant qualité de diplomate.
Le bon sens voudrait que la diplomatie algérienne temporise et étudie une issue pour maintenir le semblant de réconciliation entamé entre les deux pays. Mais logique n’est pas algérien. Après les agressions verbales contenues dans un communiqué publié samedi dernier, le régime d’Alger a décidé d’expulser douze fonctionnaires français en poste en Algérie, a annoncé ce lundi Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères. «Je demande aux autorités algériennes de renoncer à ces mesures d’expulsion sans lien avec la procédure judiciaire en cours», a-t-il ajouté. Autant dire que, presque malgré lui, le «Système» ne sait plus où donner de la tête, vacillant entre courbettes et réactions épidermiques. Si le ridicule ne tue pas, il peut détruire un pays. Dans le cas russo-américain comme français, l’Algérie a-t-elle les moyens de ses égarements à répétition? Et surtout, pendant combien de temps encore le «Système» peut-il y survivre?
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