Depuis la rupture diplomatique avec le Maroc le 24 août 2021, l’Algérie ne cesse de jouer avec le feu, au sens propre, comme le 29 août avec l’exécution de deux jeunes Marocains non loin de Saïdia, comme au sens figuré, à travers une multitude de provocations aussi stériles les unes que les autres. La dernière en date est la fake news concernant la soi-disant demande marocaine d’adhérer aux BRICS, probablement fomentée par Pretoria et Alger.
Les récents déboires diplomatiques d’Alger, dont le dernier en date fut son humiliation par les BRICS, ont amené la junte militaire à commettre l’irréparable, à savoir le meurtre de deux citoyens marocains, tués de sang-froid par les garde-côtes algériens.
Alger cherche-t-elle son casus belli? Vise-t-elle à faire une démonstration de force sanguinaire en toute impunité? Ou encore, tente-t-elle de rassurer les Algériens, dont certains se sont réjouis du drame sur les réseaux sociaux, concernant leur État?
Peut-être tout cela à la fois. Car il est très peu probable qu’un simple garde-côte puisse, de son propre chef, décider de commettre un crime aussi irrémédiable. Il me paraît évident que des consignes ont été préalablement données par leur hiérarchie.
Qu’en est-il de la réaction marocaine? Du côté de l’État, silence radio. Car tous les éléments relatifs à ce drame n’ont pas été encore clairement établis. Et vu le contexte et la gravité de la situation, l’exécutif a tout à fait raison de ne pas réagir dans la précipitation.
Seul le porte-parole du gouvernement, qui aurait peut-être mieux fait de ne pas réagir, a dit en répondant à la question d’un journaliste qu’«en règle générale, cette affaire relève de la compétence du pouvoir judiciaire».
Car cette question va bien au-delà, puisque c’est une claire violation du droit international, tel qu’établi par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982, et elle exige, en plus d’une action judiciaire, une réaction ferme de la part de notre diplomatie.
Des jeunes en jet-ski perdus en mer la nuit ne peuvent aucunement constituer, selon le droit international, une menace pour la sécurité algérienne. Car premièrement, nous ne sommes pas en guerre, deuxièmement, il ne s’agit pas d’une action hostile, et troisièmement, il ne s’agit pas d’un navire de guerre ou de trafiquants de drogue.
Les mesures prévues par le droit international sont nombreuses et progressives, allant du raccompagnement des contrevenants jusqu’aux eaux territoriales de leur pays à l’arrestation pour éclaircir les faits. Rien dans le droit international ne prévoit une exécution pure et simple de civils qui sont accidentellement entrés dans les eaux territoriales d’un autre pays.
Même en temps de guerre, il est nécessaire d’établir, avant de couler un navire, qu’il s’agit d’une cible militaire légitime.
Ainsi, un degré relatif de coercition est accepté par le droit international, à l’intérieur de ses eaux territoriales. Mais les mesures doivent être proportionnelles à la gravité éventuelle de la situation. Dans le cas contraire, un recours disproportionné à la violence pourrait être interprété comme une agression militaire.
Quant au recours direct à la violence, il ne doit être entrevu que quand une menace est établie (trafiquants de drogue, pirates, terroristes...) et suite à des refus d’obtempérer.
Or, il est évident que des jeunes en jet-ski ne peuvent d’une quelconque manière représenter une menace existentielle pour l’État algérien. D’autant plus que, d’après le témoignage du frère de l’un des défunts, il y a eu un échange verbal avec les garde-côtes. Et à ce que je sache, nous parlons la même langue. Il a été par conséquent clairement établi qu’il s’agissait d’une simple erreur inoffensive commise involontairement par des jeunes perdus en mer en pleine nuit.
La préméditation de ces meurtres commis par les garde-côtes algériens est donc criante et ouvertement contraire au droit international. Ainsi, le Maroc se devra peut-être, en plus de traiter cette affaire au niveau national, de porter cette affaire au niveau de l’Assemblée générale de l’ONU, afin d’obtenir une condamnation internationale de ce crime abject. Cela pourrait éventuellement se faire conjointement avec la France, vu que ces jeunes possédaient également la citoyenneté française.
Car il s’agit de plus en plus, dans le cas de l’Algérie, d’un État paria qui, non seulement oeuvre activement à la déstabilisation de toute la région par son soutien direct et indirect à des groupes et des milices terroristes et des narco-trafiquants comme le Polisario et AQMI, mais se permet désormais d’exécuter de sang-froid des citoyens marocains qui, à aucun moment, n’ont représenté une menace pour la sécurité algérienne.