Le président algérien soumet son homologue mauritanien à un harcèlement infernal. Alors que les deux hommes se sont rencontrés à deux reprises ces deux derniers vendredis, à savoir le 23 février à Tindouf pour le lancement de projets frontaliers, dont tout un chacun prédit qu’ils seront sans lendemains, puis le 1er mars à Alger à l’occasion de la participation de la Mauritanie au sommet du Forum des pays exportateurs de gaz, Abdelmadjid Tebboune a encore téléphoné, mardi 5 mars, à Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.
Selon un communiqué de la présidence algérienne publié mardi sur sa page Facebook, Abdelmadjid Tebboune a eu un entretien téléphonique avec le président mauritanien, auquel «il a renouvelé ses félicitations pour l’adhésion de son pays au Forum des pays exportateurs de gaz. Il a également exprimé ses remerciements pour la présence distinguée de la Mauritanie au septième sommet» dudit forum.
La question qui se pose est de savoir le pourquoi de ce «renouvellement» des félicitations, déjà adressées à Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani trois jours plus tôt à Alger même où il était présent, alors que le président sénégalais, Macky Sall, dont le pays a également adhéré à ce club en même temps que la Mauritanie, avec laquelle il exploitera en commun le champ gazier qui se trouve à cheval à la frontière maritime entre les deux pays, n’a pas eu droit au renouvellement des félicitations d’Abdelmadjid Tebboune?
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Il est clair que ces balivernes peu à propos visent à soutenir, en guise d’amabilités feintes, l’objectif primordial d’Abdelmadjid Tebboune qui n’est autre que de faire revenir le président mauritanien sur sa réticence à adhérer au projet algérien d’un nouveau bloc maghrébin dont serait exclu le Maroc. Ainsi, selon le même communiqué, le président algérien «a informé son frère, le président mauritanien, de la réunion tripartite maghrébine qui a réuni les présidents algérien, tunisien et libyen à la suite du septième sommet du Forum des pays exportateurs de gaz, que l’Algérie a accueilli».
Or, sur la foi d’articles parus dans les colonnes de certains médias mauritaniens, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a bel et bien été invité à cette réunion pendant qu’il était encore à Alger, mais a catégoriquement refusé d’y participer, estimant que cette rencontre n’a pas lieu d’être sans le Maroc «qui constitue une pierre angulaire de la construction maghrébine», écrit le site mauritanien Taqadoum dans un article daté du 4 mars.
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Mardi, soit le jour de l’entretien téléphonique d’Abdelmadjid Tebboune avec Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, le même média est revenu à la charge, en écrivant que la Mauritanie a «administré une claque au régime algérien» en réitérant son refus de rejoindre le projet maghrébin, présenté par l’Algérie comme une alternative à l’Union du Maghreb ou une tentative de sa relance.
Cette manœuvre algérienne vise en réalité, en plus de faire croire que l’Algérie n’est pas vraiment isolée dans son voisinage, à présenter le Maroc comme étant le principal obstacle à la construction maghrébine, alors que tous les pays de la région savent que c’est le Royaume qui a mis sur les rails l’idée de construction, voire d’unité maghrébine lors de la conférence fondatrice de Tanger en mai 1958, à un moment où l’Algérie était encore colonisée, puis la création de l’Union du Maghreb arabe (UMA) en 1989 à Marrakech. C’est d’ailleurs suite à son adhésion à l’UMA que la Mauritanie a décidé de lui donner la priorité en quittant la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont elle a été un membre fondateur en mai 1975 à Lagos.
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Ayant donc sacrifié son appartenance à la CEDEAO au profit d’une union maghrébine qui cale toujours à cause du conflit créé par l’Algérie autour du Sahara marocain, la Mauritanie a donc toutes les raisons de refuser d’adhérer au projet algérien d’un petit Maghreb, constitué de deux États et demi, la Libye étant actuellement divisée en deux zones, chacune ayant ses propres pouvoirs et institutions.
L’agitation d’Abdelmadjid Tebboune à créer à un petit bloc avec la Tunisie de Kaïs Saïed, qu’un député algérien a qualifié de «province de l’Algérie», et l’ouest de la Libye vise en vérité à faire diversion à l’isolement de l’Algérie, dont les agissements hostiles ont provoqué des crises ouvertes à la fois avec les pays de son voisinage (Maroc, Mali, Niger et Espagne) et des pays lointains comme la République démocratique du Congo (RDC) et les Émirats arabes unis. Sans parler de crises silencieuses avec une multitude de pays, à l’instar de l’Arabie saoudite, les Etats-Unis, la Russie et la Chine. L’auteur de ces crises innombrables tente pitoyablement de redorer son blason avec un pays vassalisé et un autre segmenté en deux parties. C’est peine perdue.