Une question, régulièrement soulevée par certains milieux activistes algériens, résume à elle seule la profonde solitude du président Abdelmadjid Tebboune: quels sont aujourd’hui les alliés du régime algérien? La réponse tient en peu de mots — et en encore moins de doigts. Les véritables amis du pouvoir d’Alger se comptent si difficilement qu’en prétendre une poignée relèverait déjà de l’exagération.
Depuis l’arrivée de Abdelmadjid Tebboune au pouvoir en 2019, le régime d’Alger s’est appliqué, méthodiquement, à se brouiller avec à peu près tout le monde. La dynamique impulsée par Tebboune — faite de fanfaronnades irrationnelles, de rancunes tenaces et d’agressivités gratuites — a fini par creuser un véritable vide autour du pouvoir algérien.
L’une des preuves les plus éclatantes réside dans ce constat: lorsqu’Alger organise un événement d’envergure internationale, le niveau de représentation frôle le dérisoire. Aucune figure majeure de la scène mondiale ne daigne s’y rendre. Par la force des choses, la capitale algérienne s’est muée en rendez-vous des seconds couteaux et des «has been», loin des grands cercles où se dessine réellement l’actualité internationale.
Signe des temps — et indicateur éloquent du «prestige» du cercle qui gravite autour du régime algérien —, le plus haut gradé parmi ses invités «de marque» n’est autre que le président tunisien Kaïs Saïed, suivi de près, comme à l’accoutumée, par le chef des séparatistes du Polisario, Brahim Ghali.
Le président Tebboune, comme tous les autistes politiques, refuse de voir cette réalité d’isolement et de boycott. Dans sa récente sortie devant les galonnés de l’armée algérienne, il a tenu à vendre la réalité contraire, énumérant les pays du Golfe avec lesquels Alger entretient d’excellents rapports, à l’exception d’un pays «dont il ne veut pas citer le nom». Cette dernière phrase qui visait manifestement les Émirats arabes unies avait fait les choux gras des réseaux sociaux où Tebboune est devenu l’incarnation d’un ridicule achevé.
Fidèle à son habitude, Abdelmadjid Tebboune a de nouveau convoqué le vieux mythe de la victimisation: celui d’un pays envié pour ses atours, mais assiégé par des forces occultes qui chercheraient à le déstabiliser. Sous sa présidence, la culture du complot a atteint son zénith.
Aujourd’hui, la diplomatie algérienne ressemble à un champ de ruines, jalonné de ruptures, de champs de mines et de barbelés. Avec le Maroc, la cassure est consommée, sur fond d’une guerre froide dont on ne cherche même plus à dissimuler les contours. Avec le Sahel, les relations flirtent avec la crise de nerfs, voire la confrontation militaire ouverte: Bamako accuse ouvertement Alger de soutenir les organisations terroristes de la région.
«Tebboune demeure persona non grata sur la scène internationale. Sa personne, sa politique et son régime sont devenus politiquement radioactifs.»
— Mustapha Tossa
Dans le monde arabe, la méfiance est désormais la règle. Quant aux rapports avec l’Union européenne, ils oscillent entre crispation et désintérêt: la crise avec l’Espagne — officiellement close — et celle, toujours en cours, avec la France, ont relégué le régime d’Alger au rang des pouvoirs instables, imprévisibles et indignes de confiance en Afrique du Nord.
Abdelmadjid Tebboune n’est le bienvenu nulle part. Bien au contraire, sa présence suscite gêne et embarras, au point d’être soigneusement évitée. Récemment encore, le régime algérien s’est démené pour obtenir une invitation du président Tebboune au sommet de Charm el-Cheikh consacré à la célébration du cessez-le-feu entre Israéliens et Palestiniens. En vain. Le chef de l’État algérien demeure persona non grata sur la scène internationale. Sa personne, sa politique et son régime sont devenus politiquement radioactifs — au point que même les forums diplomatiques les plus ouverts préfèrent s’en tenir à distance prudente.
Avec la Russie, la relation se détériore à vue d’œil. C’est pourtant Moscou qui avait opposé son veto à l’adhésion de l’Algérie au groupe des BRICS, invoquant un argument implacable: ce pays ne réunit aucune des caractéristiques propres aux grandes puissances capables de peser dans un ensemble d’influence mondiale. Et ironie du sort, c’est encore la Russie qui, aujourd’hui, s’apprête à refermer la ceinture d’isolement diplomatique du régime algérien, en adoptant une position plus affirmée sur la souveraineté du Maroc sur son Sahara.
Récemment, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a secoué le cocotier algérien en remettant en question les actuelles frontières de l’Algérie — des frontières artificielles, héritées des ciseaux de l’ancienne puissance coloniale. Une sortie loin d’être anodine: Lavrov répondait ainsi à une provocation émanant de la cellule de communication de Tebboune, qui avait évoqué de supposés crimes commis par les forces paramilitaires russes dans la région du Sahel.
La Russie, d’ailleurs, a multiplié les signaux laissant entendre qu’elle s’apprête à rejoindre le camp des États reconnaissant la marocanité du Sahara. En évoluant vers un soutien au plan d’autonomie marocain — comme l’a illustré la récente visite du ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita à Moscou —, la Russie deviendrait ainsi le quatrième membre permanent du Conseil de sécurité disposant du droit de veto à se ranger aux côtés du Maroc, après les États-Unis, la France et le Royaume-Uni.
En attendant que la Chine, cinquième membre du Conseil, adopte une position plus explicite, le Maroc semble en voie de bâtir une quasi-unanimité onusienne autour de sa souveraineté sur le Sahara. Une dynamique qui pourrait bien sceller, lors de la prochaine réunion du Conseil de sécurité, la clôture politique et diplomatique définitive de ce dossier vieux de plusieurs décennies.
Le régime algérien a réussi l’exploit de se mettre à dos presque tout le monde. À force de provocations et d’hostilités mal calculées, il s’est mué en un État paria, catalyseur de tensions et d’instabilité dans la région. À bien des égards, il mérite d’être soumis à la même logique de sanction que celle appliquée aux régimes iranien ou nord-coréen.





