Le général Mahrez Djeribi, patron du renseignement militaire algérien depuis mars 2021, vient de faire sa première sortie à l’international. Et pour ce baptême de feu, l’échec fut patent. En effet, le chef de la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA) s’est tout simplement ridiculisé, comme ont l’habitude de le faire d’ailleurs tous les hauts responsables algériens, civils et militaires, adeptes des écarts en cascade.
En assistant les samedi et dimanche derniers, à Tripoli, à une conférence des chefs des renseignements militaires des pays voisins de la Libye, dont l’ordre du jour était la sécurisation de ses frontières, le général Mahrez Djeribi s’est mis complètement hors sujet en s’attaquant au Maroc, non concerné par l’objet de cette réunion.
Il s’est ainsi fendu d’une intervention dans laquelle il a affirmé: «La question du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique, nous rappelle les affres de l’occupation et du colonialisme. Le non-règlement de ce conflit entrave l’instauration de la sécurité dans la région en raison de la violation par le Maroc de l’accord de cessez-le-feu avec le Front Polisario. Ce qui se passe au Sahara occidental occupé est le résultat d’ambitions expansionnistes soutenues par des acteurs extérieurs, ce qui accroît la gravité des menaces qui pèsent sur la région».
Ses homologues libyen, nigérien, tchadien, soudanais et même tunisien ont sans doute été médusés par cette fixation hors propos sur le Sahara marocain, qui n’a aucun rapport avec les frontières des pays présents à ce conciliabule.
Seule l’Égypte, voisine de la Libye, était absente. Non seulement parce que Le Caire soutient le gouvernement de Benghazi, opposé à celui de Tripoli, mais aussi parce que les frontières entre les deux pays sont parfaitement sécurisées. Et ce contrairement à celles que la Libye partage avec le Soudan, le Tchad et le Niger, d’où proviennent des vagues de migrants clandestins et de réfugiés fuyant la guerre, mais aussi des hommes armés (rebelles du Tchad et du Soudan) et des éléments de groupes terroristes venus du Sahel.
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Quant à la Tunisie et l’Algérie, voisins occidentaux de la Libye, ils utilisent le désert libyen en y expulsant manu militari les migrants originaires de pays subsaharien.
Face à ces flux incessants qui l’envahissent de toutes parts, le gouvernement de Tripoli a proposé à ses voisins de «renforcer la coopération régionale pour faire face aux menaces sécuritaires et militaires et développer des plans pratiques pour la coordination de la sécurité et du renseignement entre ces pays voisins».
C’est Abdulhamid Dabaiba, Premier ministre par intérim du Gouvernement d’union nationale libyen, qui a ouvert cette conférence, le samedi 21 décembre, en exhortant ses voisins à aider Tripoli à sécuriser les frontières communes. Il a ainsi réaffirmé «l’engagement de Tripoli à renforcer sa stabilité intérieure et à contribuer à la sécurité de la région», précisant que les «le territoire libyen ne sera jamais un terrain de règlement de comptes régionaux ou internationaux et ne se transformera pas en refuge pour les hors-la-loi».
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Alors que tous les participants ont pris l’engagement de faire tout le nécessaire pour aider la partie occidentale de la Libye à contenir les vagues d’entrées illégales sur son territoire, le représentant de l’Algérie a prouvé une nouvelle fois que la seule préoccupation de son pays est de soulever la question du Sahara marocain à toutes les réunions auxquelles l’Algérie participe, et ce quel que soit leur thème. Il peut participer à une réunion sur une imminente invasion d’extraterrestres qu’il évoquera d’abord le péril qu’encourt le Polisario et l’urgence de «décoloniser» le Sahara atlantique.
Par cette sortie intempestive, le patron des renseignements militaires algériens, qui s’est ainsi mué en homme politique, a montré combien le régime d’Alger était obsédé par le Maroc, devenu son unique sujet de politique extérieure, voire intérieure, comme le prouvent les contenus des télévisions publiques.
Le poids diplomatique du Maroc en Libye ulcère les chibanis qui gouvernent l’Algérie. De l’accord de Skhirat, signé en 2015 par les deux gouvernements antagonistes de Tripoli et de Benghazi, jusqu’à la toute récente rencontre, organisée la semaine dernière à Bouznika entre des représentants des parlements de Tobrouk et de Tripoli, le Maroc a toujours été et reste le principal et incontournable missi dominici de la crise libyenne. Et ce, au grand dam d’Alger, dont toutes les initiatives diplomatiques se sont soldées par une succession d’échecs qui ont conduit à son isolement sur les plans régional et international.