Benki, tu peux toujours rêver!

Karim Boukhari.

ChroniqueEn bon charmeur de serpents, Abdelilah Benkirane espère conduire les «Ikhwan», et peut-être aussi le prochain gouvernement. Mais il peut toujours rêver…

Le 19/04/2025 à 09h00

Quand les islamistes sont arrivés au pouvoir, en 2011, ils représentaient une certaine modernité (dans le sens nouveauté). Mais oui. Le peuple qui a voté pour eux ne l’a pas forcément fait parce qu’il espérait être gouverné par la charia islamique. C’est une donne que beaucoup n’ont pas comprise. Ni à l’époque ni aujourd’hui. Y compris à l’intérieur du PJD…

En plein «printemps arabe», Monsieur Tout-le-Monde avait envie et besoin de nouveauté. Les islamistes représentaient cette nouveauté, cette virginité. Alors on a voté pour eux. On n’a pas voté pour leurs programmes ou leurs barbes, pourtant déjà bien fleuries à l’époque, mais pour la nouveauté que leurs profils «propres et immaculés» représentaient.

L’idée était de les «essayer», puisqu’ils n’avaient jamais trempé dans rien. Il y avait cette promesse d’intégrité ou d’honnêteté que leurs bonnes têtes pouvaient laisser espérer. Il y avait aussi, bien entendu, l’idée de sanctionner l’existant, c’est-à-dire le gouvernement et les partis sortants.

Mélangez tous ces ingrédients et vous obtenez les «Ikhwan» souriants au moment de la pose avec le Souverain, dans ce qu’on pourrait rétrospectivement appeler la deuxième alternance, après celle des socialistes avec le défunt roi Hassan II.

Et puis le temps est passé. Le temps, en politique, est élastique. C’est un accordéon. Tout peut aller extrêmement vite et tout peut s’arrêter pour ne plus redémarrer. Le temps en politique est cet instant T où les étoiles semblent s’aligner. C’est le moment. Un moment. Qui peut arriver alors que personne ne l’attend. Et qui peut disparaître à jamais et se faire attendre indéfiniment.

«Il y a deux paramètres que notre ami Benki ne doit pas oublier. Le premier, c’est qu’il ne représente plus ce monsieur propre et neuf qui a séduit les masses en 2011. Le deuxième, c’est que nul ne connaît les envies des votants de 2026.»

En 2011, en pleine tempête, il fallait incarner une rupture par rapport à l’existant pour espérer séduire les masses. Le PJD était le candidat idéal pour ce moment-là.

Passons sur les mandats de Benkirane et El Othmani. Passons aussi sur la particularité du système marocain sur lequel John Waterbury, avec son célèbre «Le Commandeur des croyants» (1975), avait déjà tout dit. Relisons-le et relisons aussi Rémy Leveau avec l’inégalable «Le Fellah marocain défenseur du trône» (1976) pour comprendre le système dans lequel on vit et dont les fondements, pour ne pas dire les fondamentaux, sont restés les mêmes depuis la publication de ces deux livres majeurs…

Revenons au présent. Le PJD d’aujourd’hui n’est pas celui de 2011. Le Maroc non plus. Les législatives arrivent dans quelques mois (septembre 2026, si tout va bien) et tous les partis sont déjà dans la course pour gagner des places dans le prochain gouvernement. Le PJD aussi, qui s’apprête à tenir un congrès, le week-end des 26 et 27 avril, pour élire un nouveau secrétaire général.

Abdelilah Benkirane fait tout pour être ce numéro un qui conduira le PJD et peut-être aussi le gouvernement à la prochaine rentrée. Les méthodes de charmeur de serpents que lui et ses partisans emploient aujourd’hui sont calquées sur celles de 2011. En gros, le vote-sanction et cette colère populaire qui vous fait voter contre l’existant (ou le sortant).

Mais il y a deux paramètres que notre ami Benki ne doit pas oublier. Le premier, c’est qu’il ne représente plus ce monsieur propre et neuf qui a séduit les masses en 2011. Le deuxième, c’est que nul ne connaît les envies des votants de 2026: ils auront peut-être besoin, pour une fois, non pas d’un bulldozer ou d’un «animal politique», mais d’un ou d’une jeune qui leur ressemble et les accompagne jusqu’au cap tant attendu de 2030. Avec ou sans barbe.

Benki peut toujours rêver, au propre comme au figuré!

Par Karim Boukhari
Le 19/04/2025 à 09h00

Bienvenue dans l’espace commentaire

Nous souhaitons un espace de débat, d’échange et de dialogue. Afin d'améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.

Lire notre charte

VOS RÉACTIONS

Avec Benkeran, l on se retrouve facilement interloqué, souvent pantois, La dernière fois il a parlé des dames députées en leur présence.. ! Ce fut... ahurissant donnant l'impression de ses gros regrets qu' elles fussent les représentantes de son Parti au Parlement. Benkiran à certainement quelques problèmes d'ego. Pour les femmes , à lui de préciser sa position.

À écouter les longs discours creux, manipulateurs et lamentables de notre fkih et ringard national benkiki, il se projette comme l'homme providentiel pour notre cher pays. Le Messi quoi ! Un has-been qui vit dans le luxe dans sa belle villa, avec une belle limousine allemande avec chauffeur, des gardes du corps etc et à le rappeler aux frais des contribuables marocains + une retraite à vous faire péter les méninges de 70000 DH/mois net et ça ose parler de nos pauvres, de nos jeunes chômeurs et des quartiers défavorisés etc ? Il a rien foutu lorsqu'il était sur le trône et là, il ramène sa fraise pour débiter des conneries et des mensonges?! Yalatif mkasder sans limite.

Bjr cher Tarik! Le PJD a donné des élus locaux incorruptibles qui servaient très bien les citoyens dans les différents méandres de l'administration publique.Mais quand certains pjdistes sont passés aux hautes sphères du pouvoir,ils ont montré leurs limites.Les deux mandats se sont soldés par des fiascos dans tous les domaines.Etait-ce l'inexpérience?Assurément.Les dérives de certains ministres,le populisme de Benki,la passivité de Othmani ont montrê,si besoin est,que le PJD n'a plus aucune chance de briguer un 3ème mandat.Auparavant,nous avons assisté au même scénario avec d'autres partis politiques.Septembre 2026,le Maroc aurait-il le parti fort et compétent en qui le souverain et le peuple auraient confiance pendant cinq ans;voire plus?Nous l'espérons de tout coeur.Salut à tous.

Les gouvernements issus de l'USFP et du PJD ont fait preuve de médiocrité et d'incompétence dans leur gestion catastrophique des affaires du pays. Il y a fortes chances que la majorité actuelle soit reconduite lors des prochaines legislatives, comme étant un moindre mal.

Benki & companie: faible QI. Benki & companie sont cuits.

Benki & companie sont finis!

Les "islamistes", en se nommant "ikwan", nous indiquent clairement qu'ils font une séparation d'avec le reste des musulmans. Qui n'en sont pas, d'après leurs critères. Si eux, sont frères entre eux, que sommes nous, le reste des musulmans, pour eux? Après, posez-vous la question du pourquoi l'Occident les aime tant, au point d'en faire les fers de lance de sa Croissade démocratissante.

0/800