Besoin d’une fiche anthropométrique? Il suffit de cliquer sur e-police.ma. Un extrait de casier judiciaire émanant du ministère de la Justice ou un autre document provenant de 30 départements ou administrations différents ? La nouvelle carte d’identité nationale électronique et le téléchargement de l’application «Mon identité numérique» y donnent désormais un accès instantané. Et ce, de la même manière qu’à une panoplie de services, notamment bancaires. Une personne recherchée? La plateforme Gestarr permet aujourd’hui d’en retracer le parcours jusqu’à sa remise aux autorités judiciaires compétentes. Quant aux circuits de trafic d’êtres humains ou d’immigration clandestine, ils sont désormais sous haute surveillance, pistés grâce à des drones dédiés.
Non, il ne s’agit pas d’un monde futuriste en gestation, loin de nos contrées, mais bien de services pleinement opérationnels au Maroc, dont il est encore difficile de mesurer toute l’étendue, l’importance et l’efficacité. Sans tapage ni publicité, la Sûreté nationale réussit, à grande vitesse, une transformation digitale inédite au Maroc, rarement égalée ailleurs.
Le bilan 2024 de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) en apporte la preuve à bien des égards. Et c’est tout simplement époustouflant. L’exemple le plus éloquent reste le dispositif de tiers de confiance mis en place par les services dirigés par Abdellatif Hammouchi. Désormais, une simple application (Mon identité numérique), centralisée par la DGSN, permet de s’authentifier auprès d’un nombre croissant de services publics et privés et, ainsi, de bénéficier de leurs prestations sans avoir à se déplacer.
La police de demain, c’est aujourd’hui
Il y a aussi e-police, un portail de services numériques destiné à tous les citoyens. Il regroupe l’ensemble des services fournis par la Sûreté nationale dans un espace unique, avec des réponses rapides aux demandes, la vérification d’identité à distance, ainsi qu’une protection optimale des données personnelles des usagers.
La fiche anthropométrique est le premier service administratif intégré dans ce nouveau portail. Y sont également incorporés:
–Le service de prise de rendez-vous pour l’obtention de la carte d’identité nationale électronique.
–Le service d’inscription aux concours de police.
Suivront bientôt le certificat de résidence et la demande de renouvellement de la carte nationale d’identité électronique.
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Véritable sésame de ce changement de paradigme, la nouvelle CNIE. La DGSN en a produit un total de près de 4,7 millions en 2024, dont plus de 219.000 en faveur de Marocains résidant à l’étranger.
La digitalisation et le recours, désormais systématique, aux nouvelles technologies font partie intégrante du travail de la DGSN en matière de maintien de la paix et de lutte contre la criminalité. Reliés entre eux par le système Gestarr (système de gestion des arrondissements de police), les différents postes de police sont maintenant interconnectés pour le traitement des dossiers criminels ou délictuels, depuis le lancement des enquêtes jusqu’au renvoi aux autorités judiciaires compétentes.
Actuellement opérationnel dans les préfectures de police de Kénitra, Tanger, Settat, Marrakech, Meknès, Ouarzazate, Errachidia, Taza, Al Hoceima, Salé, Safi et El Jadida, ce dispositif est en cours de généralisation sur l’ensemble du territoire national.
Développée en interne, une base de données nationale assistée par Intelligence artificielle regroupe les informations sur les personnes recherchées, incluant leurs identifications, traits physiques et photographies. Elle permet une traque plus efficace de ces individus, avec des délais considérablement réduits. Cette plateforme est actuellement en phase de test à Casablanca et Agadir, en attendant sa généralisation.
Dans le même esprit et pour renforcer l’efficacité, des systèmes de vidéosurveillance dans l’espace public sont en cours d’installation et couvrent aujourd’hui les villes de Casablanca, Marrakech, Fès, Meknès, Agadir, Rabat, Tétouan, Safi et Oujda. Ils sont complétés par 4.300 caméras portées par les fonctionnaires de police et installées dans leurs véhicules. L’objectif est d’assurer un temps de réaction optimal en cas d’incident.
Quelque 26 drones de surveillance sont également déployés, notamment pour lutter contre les réseaux d’immigration clandestine et de trafic de drogue.
Un taux de résolution des crimes de 95%
Grâce à l’Intelligence artificielle, la DGSN teste actuellement un nouveau dispositif technologique permettant la lecture à distance des plaques d’immatriculation sur les axes routiers en périmètre urbain, à Casablanca et Agadir. Cette technologie a déjà permis d’identifier 410 véhicules dont les propriétaires font l’objet de mandats de recherche au niveau national, ainsi que 246 autres véhicules signalés pour vol.
Enfin, grâce à la plateforme «Tifli Moukhtafi» sur Facebook, 59 enfants déclarés portés disparus ont été retrouvés.
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Les nouvelles technologies n’enlèvent rien à un travail de terrain qui porte, cette année encore, ses fruits. L’année 2024 s’est distinguée par des résultats probants, tant dans la réduction des crimes graves que dans le renforcement des capacités des services de sécurité.
Avec un total de 755.541 affaires pénales enregistrées, la situation globale est restée stable par rapport à 2023, tandis que les crimes violents, qui affectent directement le sentiment de sécurité des citoyens, ont reculé de manière significative avec une baisse de 10%. Ce recul inclut notamment:
-Une diminution de 24% des affaires de vol aggravé,
–20% des vols de véhicules,
–12% des vols avec violence.
Ces résultats témoignent de l’efficacité des stratégies adoptées.
Le taux de résolution des crimes se chiffre, quant à lui, à 95%, une performance en constante progression depuis huit ans. Les crimes violents ne représentent désormais que 7% du total des affaires pénales enregistrées, consolidant ainsi une amélioration notable du climat de sécurité.
En parallèle, les forces de police ont démantelé 947 bandes criminelles et arrêté 1.561 individus impliqués dans des actes graves, tout en confisquant 119 véhicules et 75 motos utilisés dans des activités criminelles.
Lutte contre les stupéfiants: des résultats tangibles
La lutte contre les stupéfiants a également produit des résultats significatifs, avec une réduction de 7% des affaires liées aux drogues, qui se chiffrent à 92.346 cas. Quelque 119.692 personnes ont été arrêtées, et les saisies ont permis de récupérer:
–123 tonnes et 971 kilogrammes de résine de cannabis,
–1 tonne et 948 kilogrammes de cocaïne,
–16 kilogrammes et 53 grammes d’héroïne,
–Plus de 1.429.052 comprimés psychotropes et hallucinogènes, dont 773.493 comprimés d’ecstasy. Deux tentatives de trafic de médicaments contenant des substances narcotiques soumises à un contrôle international ont également été déjouées. Ces cargaisons, en provenance d’Asie et destinées à des pays d’Afrique subsaharienne, comprenaient 704.000 flacons, soit un total de 70.400 litres de substances illicites qui ont été saisis.
L’année 2024 a aussi enregistré un recul notable des affaires liées à la drogue synthétique «L’bofa», avec une diminution de 47% des cas signalés et de 52% du nombre de personnes impliquées. Ce recul s’accompagne toutefois d’une augmentation de 58% des saisies, grâce à un renforcement des contrôles aux frontières et des opérations ciblées. Au total, 8 kilogrammes et 331 grammes de «L’bofa» ont été confisqués.
32.449 tentatives de migration illégale avortées
En matière de lutte contre l’immigration clandestine et le trafic d’êtres humains, 123 réseaux criminels impliqués dans l’organisation de l’immigration illégale ont été démantelés, soit une hausse de 2% par rapport à l’année précédente. Ces efforts se sont soldés par:
–L’arrestation de 425 organisateurs et intermédiaires,
–La saisie de 713 documents de voyage falsifiés. Par ailleurs, 32.449 tentatives de migration illégale ont été avortées, dont 9.250 concernaient des ressortissants étrangers, consolidant ainsi les avancées dans la lutte contre ce phénomène.
L’année 2024 a également été marquée par l’apparition d’un nouveau procédé criminel lié à l’immigration irrégulière: la diffusion d’appels à des migrations collectives via les réseaux sociaux. Les enquêtes menées ont permis d’identifier 65 incitateurs, parmi lesquels:
–50 ont été arrêtés et présentés à la justice,
–4 autres ont fait l’objet d’enquêtes approfondies avec transmission de leurs dossiers aux autorités compétentes,
–11 individus sont désormais recherchés à l’échelle nationale pour leur implication présumée dans ces actes d’incitation à l’immigration illégale.
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Cybersécurité: des progrès face à des défis croissants
Les efforts pour contrer la cybercriminalité ont également porté leurs fruits, malgré une augmentation de 40% des infractions enregistrées, atteignant 8.333 affaires. La plateforme numérique «E-blagh», lancée en juin, a permis de recueillir 12.614 signalements, facilitant ainsi l’identification et la neutralisation des menaces en ligne.
Les extorsions numériques ont cependant enregistré une diminution notable de 23%, grâce à une réponse rapide et coordonnée des forces de sécurité.
Crimes économiques et financiers: une vigilance accrue
Dans le cadre de la lutte contre les crimes économiques et financiers, la DGSN a traité 656 affaires de blanchiment d’argent, en hausse de 27%, tout en saisissant des avoirs criminels d’une valeur de 331 millions de dirhams, dont 101,81 millions dans des affaires spécifiques de blanchiment.
Ces résultats illustrent une montée en puissance des capacités techniques et opérationnelles des services d’investigation.
Accidents de la circulation: une hémorragie persistante
En 2024, la DGSN a mis en service six nouveaux bureaux spécialisés dans le traitement des accidents de la circulation. Ces services, implantés dans des villes stratégiques telles que Marrakech, Casablanca, Salé et Kénitra, viennent s’ajouter à la création de cinq unités dédiées à la gestion de la circulation au sein de la préfecture de police de Marrakech.
Ces efforts seront bientôt renforcés par l’acquisition de plus de 180 radars de nouvelle génération, en partenariat avec l’Agence nationale de la sécurité routière (NARSA), pour moderniser les outils de contrôle routier à l’échelle nationale.
Cependant, l’année a enregistré une hausse notable des accidents corporels en milieu urbain, avec 96.810 incidents recensés, soit une augmentation de 14% par rapport à l’année précédente.
Ce constat s’accompagne d’un bilan humain préoccupant, comprenant:
–1.063 décès,
–5.046 blessés graves,
–126.147 blessés légers.
Ces chiffres illustrent l’ampleur des défis en matière de sécurité routière.
Face à cette situation, la DGSN a intensifié les contrôles sur les routes en mobilisant des patrouilles supplémentaires et en renforçant les équipes mobiles de surveillance. Ces initiatives ont abouti à l’établissement de 390.015 procès-verbaux pour infractions routières, marquant une augmentation de près de 6,5%.
De plus, le nombre de contraventions forfaitaires et transactionnelles a grimpé de 10%, passant de 1.679.331 en 2023 à 1.848.202 en 2024. Ces mesures traduisent un engagement accru pour garantir la discipline routière et réduire les risques sur les routes.
Le nouveau siège inauguré en 2025
Dans une dynamique de modernisation continue, la DGSN mettra l’accent sur la consolidation des progrès réalisés en matière d’infrastructures et de services policiers, tout en s’adaptant aux exigences croissantes des citoyens en matière de sécurité publique.
Un effort particulier sera consacré au renforcement de la coopération internationale en matière de sécurité, notamment par le partage d’expertise dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé avec des pays partenaires et des organisations internationales spécialisées.
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Parmi les projets importants qui seront finalisés, l’inauguration du nouveau siège central de la DGSN à Rabat constituera un moment clé. Cette infrastructure moderne permettra de rassembler toutes les directions et tous les services dans un espace intégré, ce qui optimisera l’utilisation des ressources humaines et financières pour une gestion plus efficace. L’ouverture du Centre supérieur de formation policière à Ifrane est également prévue. Ce centre, dédié à la formation des cadres de la police marocaine et africaine, deviendra un centre régional pour les formations internationales, accueillant des ateliers et des sessions organisées par des partenaires internationaux.
L’amélioration des ressources humaines est une priorité majeure pour 2025. Le développement d’une plateforme interactive (E-formation), regroupant les programmes de formation policière de base, spécialisée et continue, est programmé. Cette plateforme sera accessible depuis toutes les écoles de formation et les postes de police, et inclura également les contenus de formation internationale proposés par la DGSN.
Pour accompagner cette dynamique de modernisation des compétences, la DGSN prévoit également de renforcer ses infrastructures techniques. Côté police scientifique, la création de six nouveaux laboratoires régionaux est prévue dans des villes comme Marrakech, Fès, Agadir et Rabat. Parallèlement, six laboratoires spécialisés dans l’analyse des empreintes numériques seront mis en place, équipés des technologies de pointe nécessaires pour analyser les preuves numériques et les intégrer dans les enquêtes judiciaires.
En 2025, la DGSN vise également une avancée majeure dans la numérisation des salles de commandement et de coordination, avec une liaison directe avec les patrouilles sur le terrain. L’intégration des technologies d’intelligence artificielle dans la gestion de la circulation routière s’inscrit également dans une vision ambitieuse de villes intelligentes et sécurisées.
Les préparatifs pour les grands événements sportifs, tels que la Coupe d’Afrique des nations 2025 et la Coupe du monde 2030, figurent également parmi les priorités. La DGSN prévoit de renforcer ses capacités grâce à des partenariats internationaux, notamment avec le programme STADIA d’Interpol, axé sur la gestion de la sécurité des grands événements sportifs. De nouvelles unités seront également opérationnelles dans des villes clés telles qu’Agadir, Rabat, Casablanca, Fès, Marrakech et Tanger, afin de garantir un encadrement optimal de ces deux rendez-vous.