Sur injonction du régime algérien, la direction du Polisario a été obligée de réhabiliter son représentant en Europe, Oubi Bouchraya, en rupture de ban depuis plus d’un an avec Brahim Ghali, qui l’a récemment limogé.
Lundi 15 mai, le site officiel des séparatistes de Rabouni a ainsi annoncé indirectement qu’Oubi Bouchraya, désigné pudiquement sous le qualificatif de «diplomate sahraoui», a repris ses fonctions avec la nouvelle appellation de «chargé d’affaires en Europe et auprès des institutions européennes».
Pour camoufler ce rétropédalage humiliant pour Brahim Ghali, le média précité a choisi un thème peu à propos se rapportant à des «pronostics» du soi-disant diplomate sur ce que sera, dans quelques mois, le prochain verdict de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) sur les accords de pêche avec le Maroc.
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Cette réhabilitation d’Oubi Bouchraya intervient quelques jours seulement après que plusieurs médias, dont deux sites marocain et mauritanien, ont annoncé le 4 mai courant que ce séparatiste, natif du nord de la Mauritanie, a été «définitivement écarté» de son poste de représentant du Polisario en Europe. Le nom de son successeur a même été dévoilé. Il s’agit de l’ancien pseudo-ministre de l’Intérieur séparatiste, Omar Mansour, celui-là même qui avait annoncé, l’été dernier, que le Polisario allait être armé de drones iraniens commandés par le régime algérien.
Mais la nomination de ce dernier, débarqué en janvier dernier et remplacé par une Algérienne, Meryem Salek H’Mada, a fait long feu, car un démenti n’a pas tardé à être apporté par le journal officiel du pouvoir à Alger, qui a laissé indirectement entendre que Bouchraya n’a jamais été démis de son poste, ni remplacé par qui que ce soit.
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En effet, le quotidien El Moudjahid, ancien porte-voix de l’ex-parti unique, le Front de libération nationale, et actuelle Pravda du pouvoir militaire, a publié le 9 mai courant une interview d’Oubi Bouchraya. Il s’agit d’un entretien bidon, dont le seul objectif est de présenter ce séparatiste comme le toujours «représentant du Polisario en Europe et auprès de l’UE». Cet entretien avait pour objectif de montrer que le véritable protagoniste du conflit du Sahara désapprouvait la décision du guignol Benbattouche.
Pourtant, l’intéressé lui-même a biffé le «titre» de «représentant du Polisario en Europe et auprès de l’UE» de ses comptes sur les réseaux sociaux depuis qu’il a annoncé, le 15 décembre 2022, à travers un tweet daté du même jour, sa démission de sa mission de représentant du Polisario en Europe. «Après une demande présentée il y a plusieurs mois, j’ai remis aujourd’hui ma démission par écrit au secrétaire général du Polisario de mon poste en charge de l’Europe et de l’UE. Je l’ai remercié de m’avoir fait confiance, mais de profonds désaccords avec lui sur la vision et les méthodes m’ont forcé à prendre cette décision difficile», écrivait-il à l’époque.
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En plus de «désaccords profonds» avec Brahim Ghali, Bouchraya précisait aussi que sa décision de rendre le tablier a été prise beaucoup plus tôt, soit le 25 juin 2022, quand il a adressé une première demande au chef du Polisario en vue d’être déchargé de sa mission auprès de l’Union européenne, avant de la lui notifier officiellement par écrit, le 14 décembre 2022.
Cette démission d’Oubi Bouchraya Bachir, l’un des «diplomates» les plus médiatisés du Polisario, a créé de forts remous au sein du mouvement séparatiste, à quelques jours du congrès de janvier dernier. Oubi Bouchraya a assisté à ce congrès et y a mené une fronde pour exiger de la vieille garde corrompue du Polisario de passer le témoin aux jeunes cadres du mouvement séparatiste.
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Bien évidemment, il n’a pas été écouté et son ennemi juré, le très contesté Brahim Ghali, a non seulement été reconduit pour un nouveau mandat à la tête du Polisario, mais il a réussi à empêcher Bouchraya de rempiler en tant que membre du nouveau secrétariat national.
Finalement, cette «inexplicable démission» ne visait qu’à défier Brahim Ghali, mais pas les vrais employeurs de Bouchraya qui le rétribuent grassement et indûment avec l’argent des Algériens. Ces mêmes employeurs ont tenu à humilier publiquement le chef des séparatistes en lui rappelant qui est le patron.