Emanuel Macron au Maroc: «le choix de la raison»

Le roi Mohammed VI et le président de la République française, Emmanuel Macron. (AFP). AFP or licensors

Revue de presseDans une chronique parue sur le site en ligne du quotidien français «Le Figaro», le célèbre journaliste, écrivain et ancien reporter international au Moyen-Orient et en Asie, Renaud Girard, a salué la présente visite du président français Emmanuel Macron à Rabat, qualifiée de «choix de la raison ayant permis de réchauffer considérablement les relations bilatérales, qui s’étaient détériorées pour des raisons subalternes». Par «raisons subalternes», Renaud Girard fait allusion à la visite de Macron à Alger et Oran, du 25 au 27 août 2022, au plus fort de la brouille avec le Maroc.

Le 29/10/2024 à 21h59

Le journaliste français, connu pour avoir défié les dangers de la meurtrière guerre russo-afghane des années 70 et les hautes montagnes escarpées et abruptes pour aller interviewer le résistant antisoviétique et anti-Talibans, Ahmed Shah Messaoud, vient de publier, sur le site du journal «Le Figaro», une chronique sur le Maroc dans le sillage de la visite d’Etat qu’y effectue actuellement Emmanuel Macron.

Intitulée «Voyage d’Emmanuel Macron au Maroc, le choix de la raison», cette chronique s’ouvre sur un rappel historique d’une vieille amitié qui s’étend, sans interruption, sur six siècles. A commencer par le règne de François 1er d’Angoulême, qui a duré de 1515 à 1547, quand Paris était devenue la première capitale d’Europe à accréditer des diplomates français auprès du Sultan du Maroc à Fès.

Le journaliste passe par le traité du protectorat de 1912 où, contrairement aux autres colonies, le Royaume a gardé sa souveraineté et le sultan ses pouvoirs essentiels, pour parvenir à la période indépendance du Maroc, après la libération de la France du joug nazi, une libération dans laquelle le Maroc a sacrifié des milliers de ses fils. Un Maroc qui a également fait preuve de courage et d’humanisme, au grand dam du régime de Vichy, en accueillant à bras ouvert et en protégeant les citoyens de la communauté juive.

«Le 18 juin 1945, lors du défilé de la France combattante à Paris, Mohammed V fut fait compagnon de la Libération des mains du général de Gaulle, en reconnaissance des sacrifices consentis par son peuple pour soutenir l’effort de guerre de la France», rappelle Renaud Girad, pour expliquer que «par son voyage d’État au Maroc, du 28 au 30 octobre 2024, Emmanuel Macron renoue au plus haut niveau avec un pays très anciennement ami de la France».

Le chroniqueur français revient sur un autre fait historique, quand, «en juillet 1961, le président de Gaulle, qui a décidé de donner leur indépendance aux départements français d’Algérie, propose au roi une discussion sur le partage futur du Sahara. Mohammed V la refuse, expliquant qu’il préférerait l’avoir avec ses frères algériens lorsque ceux-ci auront obtenu leur indépendance».

La suite, on la connaît. «Les chefs du FLN algérien se montrèrent particulièrement ingrats à l’égard du trône marocain, qui les avait pourtant aidés dans leur lutte de «libération» nationale», écrit Renaud Giraud. Une ingratitude qui va encore se manifester lors de la récupération pacifique par Maroc de son Sahara en 1975. «Alors que ce territoire n’est que le prolongement naturel du Maroc vers le sud, les dirigeants algériens firent tout pour empêcher l’unité retrouvée du Royaume», explique Renaud, non sans relever le paradoxe de l’Algérie, qui soutient militairement les séparatistes du Polisario, et ne veut pas entendre de velléités autonomistes des Touaregs de Tamanrasset et des indépendantistes de la Kabylie.

En décidant de considérer que le présent et l’avenir du Sahara s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine, comme il l’a écrit le 30 juillet dernier dans un message au roi Mohammed VI, et réaffirmé ce 29 octobre dans un discours prononcé au parlement marocain, Macron a pris une décision «de reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental, conforme à l’histoire et à l’équité», se félicite le chroniqueur. Il qualifie cette décision historique de «choix de la raison» ayant «permis de réchauffer considérablement les relations bilatérales, qui s’étaient détériorées pour des raisons subalternes».

Par «raisons subalternes», Renaud Girard fait allusion à la visite de Macron à Alger et Oran, du 25 au 27 août 2022, au plus fort de la brouille avec le Maroc. Or cette virée algérienne «n’avait servi à rien. Car le régime algérien, policier, corrompu et paresseux, a besoin d’un niveau constant de francophobie pour conserver un minimum de légitimité auprès de son peuple, qu’il ne consulte jamais dans des élections libres et transparentes», écrit Renaud Girard. Enfonçant le clou dans les bottes du régime politico-militaire, il ajoute que l’Algérie n’a jamais su profiter de ses hydrocarbures pour construire, à l’image des Emirats arabes unis, un Etat moderne et opérationnel.

«Détruite par un système économique copié sur celui de feue l’URSS, l’Algérie importe aujourd’hui les deux tiers de sa nourriture. Le Maroc, lui, n’a pas reçu de cadeau pétrolier. Mais, par le travail et l’initiative privée, il s’est remarquablement développé au cours des vingt dernières années, et il rayonne aujourd’hui sur le continent africain, bien davantage que l’Algérie», conclut Renaud Girard.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 29/10/2024 à 21h59