Certains, y compris des pays comme l’Algérie, les ont, jusqu’à récemment, considérés comme des gadgets. Pour d’autres, il s’agit d’un luxe que les moyens à disposition et les besoins réels ne justifient pas. Le Maroc, porté par une vision royale de long terme, est allé à rebours de ces «évidences» et a décidé d’y investir ressources matérielles et humaines. L’Histoire, marquée notamment par un réchauffement climatique aussi planétaire qu’incessant, lui a donné raison. Vous l’aurez deviné, il s’agir des Canadair, qui sont à ce jour, et de très loin, la réponse la plus appropriée et la plus efficace aux feux de forêt qui ravagent de nombreux pays, spécialement en été, en particulier dans le pourtour méditerranéen. Le Maroc n’y échappe pas. Si chaque année le Royaume évite bien des drames que vivent d’autres pays, limitant au maximum les dégâts, c’est en l’occurrence parce qu’il a très tôt considéré la lutte contre les incendies de forêt comme une priorité nationale.
Le seul pays arabe et d’Afrique à en disposer
Cette priorité passe par le déploiement des moyens nécessaires. Un budget de 200 millions de dirhams a d’ailleurs été annoncé pour lutter contre les incendies de forêt dans une nouvelle saison estivale qui s’annonce chaude. Le Royaume a enregistré, en 2022, 500 incendies qui ont touché 22.762 hectares de forêts.
Lire aussi : Lutte contre les incendies: 200 millions de dirhams mobilisés
Les Canadair sont, aujourd’hui plus que jamais, le fer de lance de cette stratégie. Le Maroc devait, à ce titre, réceptionner le sixième appareil du genre en fin de semaine dernière, tandis que deux autres seront livrés prochainement, indique le forum FAR-Maroc sur sa page Facebook.
S’ajoutent à ce dispositif 5 drones dédiés et des équipements de haute technologie. Fait notable: le Royaume reste le seul pays africain et arabe à être équipé de Canadair. En plus du Royaume, seuls quelques pays en disposent dans le monde: le Canada, les États-Unis, la France, l’Espagne, l’Italie, la Grèce, la Turquie, la Thaïlande, la Corée du Sud et la Croatie.
Efficace et malléable
Le Canadair CL-415, dont le prix varie entre 20 et 25 millions d’euros, est de fabrication canadienne. Ce bombardier d’eau peut effectuer plusieurs rotations par heure pour écoper puis larguer sur les feux un peu plus de 6.000 litres d’eau en l’espace de quelques secondes. Il suffit de 12 secondes au-dessus d’une réserve d’eau (un lac, un bassin, la mer, une rivière, etc.), d’une profondeur de 2 mètres et d’une largeur de 90 mètres au minimum pour que ce pompier des airs fasse une pleine cargaison d’eau.
Lire aussi : Vidéos. Le Canadair, ce pompier du ciel que tout le monde convoite en ces temps d'incendies
Cet avion est doté d’une vitesse de croisière maximale de 359 km/h. Il permet aux pilotes de contourner des obstacles tels que des coudes de rivière, toujours en mode vol, tout en continuant à écoper de l’eau. Il peut également remplir diverses autres missions, telles que la recherche, le sauvetage et le transport de personnes ou de marchandises.
Une arme diplomatique
Ces aéronefs jouent un rôle essentiel dans la lutte contre les incendies aussi bien au niveau national que dans les missions diplomatiques. C’est ainsi que, sur instructions royales, deux CL-415 ont été mobilisés pour contribuer aux efforts de lutte contre les incendies ayant ravagé bien des forêts au Portugal. Ceci, pendant deux années consécutives, en 2016 et 2017.
Lire aussi : Algérie: les fausses commandes de Canadairs faites par le président Tebboune ont conduit au drame du «mercredi noir»
Toujours sur ordre du Souverain, le Maroc avait également proposé son aide pendant l’été 2021 à l’Algérie, où la région de la Kabylie a payé un lourd tribut suite aux feux qui s’y étaient déclenchés. Deux Canadair avaient été mobilisés afin de participer à l’effort pour venir à bout des feux. Non seulement, le régime algérien a décliné la proposition, mais il a, en plus, accusé le Royaume d’être derrière ces incendies.
A l’arrivée, au moins 69 personnes sont mortes et 100.000 hectares de taillis sont partis en fumée dans des feux avivés par la chaleur extrême et contre lesquels pompiers, militaires et volontaires ont tenté, désespérément et avec les moyens de bord, de lutter. Le même scénario s’est d’ailleurs répété l’été dernier. A noter qu’à ce jour, malgré moult promesses émanant du président algérien Abdelmadjid Tebboune, le voisin ne dispose toujours pas d’avions bombardiers d’eau.