Interview. Rama Yade: «Il faut tout faire pour préserver la relation entre le Maroc et la France»

Rama Yade, ancienne secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères français sous Nicolas Sarkozy et actuelle Senior Director du think tank américain Atlantic Council. (S. Bouaamoud / Le360).

Le 06/07/2024 à 18h42

VidéoRama Yade, ancienne secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères français sous Nicolas Sarkozy, appelle dans cet entretien à la sauvegarde des relations stratégiques entre le Maroc et la France.

Dans cette entretien, Rama Yade, Senior Director du think tank américain spécialisé dans les relations internationales Atlantic Council, ex-Secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères sous la présidence de Nicolas Sarkozy et ancienne ambassadrice de la France à l’Unesco, revient sur deux principaux sujets d’actualité: l’Initiative royale pour l’Atlantique et le réchauffement des relations entre le Maroc et la France. Le360 l’a rencontrée en marge de sa participation à la 7ème édition de la conférence internationale «Morocco Today Forum» (MTF 2024), organisée le vendredi 5 juillet à Dakhla par le Groupe Le Matin, en partenariat avec l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI) et le Conseil de la région Dakhla-Oued Eddahab.

Le360 : Que pensez-vous de l’Initiative royale pour l’Atlantique, lancée par le roi Mohammed VI?

Rama Yade: Il s’agit d’une initiative très importante. Elle permettra le développement d’un partenariat entre le Maroc et les États du Sahel qui sont très enclavés, et dont les populations souffrent terriblement de la pauvreté et des effets de la guerre contre les jihadistes depuis 20 ans. Ces populations ont besoin d’un accès à l’Atlantique pour se voir offrir de nouvelles perspectives économiques. C’est ce que permet ce projet, en mettant à disposition les infrastructures marocaines, qu’elles soient portuaires, aériennes ou terrestres. La ville de Dakhla sera au niveau portuaire un relais très important de cette alliance atlantique.

Quel regard portez-vous sur le réchauffement des relations entre le Maroc et la France, après la période de crise qu’elles ont connue?

Je ne suis pas en capacité de répondre, parce que je ne représente pas le gouvernement français. Et je n’ai pas d’informations particulières sur le sujet. Tout ce que je peux dire, en tant que citoyenne française, c’est que le Maroc et la France ont des relations anciennes et très importantes. La présence d’une diaspora marocaine importante en France et la proximité géographique commandent un partenariat serré entre les deux pays. C’est une relation très précieuse et il faut tout faire pour la préserver. Nous avons été très nombreux à regretter cette période de gel, espérant que les relations se réchauffent et que le Maroc retrouve la place qu’il aurait toujours dû occuper au cœur de la politique étrangère de la France.

En attendant la reconnaissance politique, la France a récemment reconnu la souveraineté économique du Maroc sur le Sahara. Quel est votre point de vue sur ce sujet?

Comme je l’ai précédemment indiqué, je ne représente pas le gouvernement français. Ce sont des questions qu’il faut poser au gouvernement français. Je suis installée aux États-Unis depuis quatre ans maintenant. C’est à l’ambassadeur de France au Maroc que vous devriez peut-être poser la question. Si je me permettais de répondre à la place du gouvernement français, cela me mettrait dans une situation très inconfortable. Vous le comprendrez.

Par Saad Bouzrou et Souilem Bouaamoud
Le 06/07/2024 à 18h42