Baptisée «Lions du califat en extrême Maghreb» par ses membres, la cellule démantelée le 19 février dans neuf villes du pays recevait des ordres d’un certain Abderrahmane Assahraoui, un Lybien qui dirige le pôle des affaires étrangères de l’organisation de Daech au Sahel. Peu d’informations circulent sur cet individu. «L’enquête se poursuit mais pour des raisons liées aux investigations, on ne peut pas en dire davantage», a déclaré Boubker Sabik, le porte-parole de la Direction générale de la sûreté nationale lors d’une conférence de presse tenue ce lundi 24 février 2025 au siège central du Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ) à Salé.
Les douze membres de cette cellule prévoyaient de s’attaquer à «des installations économiques et autres», a affirmé le porte-parole. Les forces de l’ordre ont saisi un véritable arsenal composé d’armes à feu, de munitions, de produits chimiques, de fils électriques, de téléphones portales, d’armes blanches ainsi que des dollars américains.
Les efforts se poursuivent pour écarter toute autre menace. «Ces efforts ont conduit, ces dernières années, à l’arrestation de 130 personnes accusées de tentatives d’actes terroristes», a expliqué Cherkaoui Habboub, directeur du Bureau central des investigations judiciaires.
«Les investigations techniques préliminaires ont révélé que les membres détenaient des coordonnées GPS et des adresses spécifiques de caches d’armes et de munitions destinées aux éléments du groupe», a poursuivi le responsable.
Les caches d’armes ont été localisées dans la région de Boudnib, à proximité d’Errachidia et de la frontière orientale du sud du Maroc. Selon le patron du BCIJ, «la dangerosité de la cellule démantelée ne réside pas seulement dans la multiplicité des cibles identifiées, mais aussi dans leur projet stratégique d’établissement d’une branche de Daech au Maroc. Cet objectif se manifeste clairement à travers la méthode adoptée. Sous l’impulsion du comité des opérations extérieures de cette organisation, les membres de la cellule ont mis en place un comité restreint chargé de coordonner avec cette instance les plans terroristes, leurs modalités d’exécution et la transmission des ordres aux autres éléments», a-t-il expliqué.
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Les responsables du BCIJ ont par ailleurs diffusé une bande sonore dans laquelle Aberrahmane Essahraoui donne des directives, en se référant à des versets coraniques, à la cellule marocaine. La découverte de la cache d’armes rappelle, selon Cherkaoui Habboub, la cellule dite d’Amgala, liée à Al Qaida et démantelée en 2011. Cette cellule disposait également d’une cache d’armes de guerre à 220 kilomètres de Laâyoune. «Seule une personne, munie d’un dispositif électronique de géolocalisation, pouvait accéder à ce dépôt. Ce mode opératoire, identique à celui de la cellule démantelée, confirme un lien supplémentaire entre les deux groupes, au-delà de leur contrôle à distance depuis le Sahel. La cellule d’Amgala était dirigée du Mali par l’ancien cadre marocain d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, Nourredine El Younbi (tué)», a ajouté le chef du BCIJ.
«Il est crucial de souligner que cette opération sécuritaire confirme la tendance des branches africaines de Daech à internationaliser le terrorisme en relançant des opérations extérieures pilotées par le commandement central.» Le patron du BCIJ de conclure: «Compte tenu de l’attrait croissant des idéologies terroristes, cette réalité annonce des perspectives futures inquiétantes».
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