Dans un entretien avec Le360, cet expert en géopolitique a d’emblée pointé deux éléments majeurs. D’abord le fait que le Maroc œuvre à consolider une coopération entre les deux pays dans laquelle l’élément humain a toute sa place, au regard des liens entre le Maroc et l’État hébreu, où près d’un million d’Israéliens sont d’origine marocaine. Un volet qui s’ajoute à la coopération militaire et sécuritaire, appelée à se renforcer entre les deux pays.
L’autre aspect essentiel a trait à la cause palestinienne, sur laquelle la position du Maroc est «irréversible». Ceci étant souligné et précisé, le politologue estime que les contacts entre les deux pays connaissent «une dynamique impulsée depuis 2020 afin de permettre aux responsables marocains et israéliens de consolider la relation de partenariat et d’ouvrir de nouvelles perspectives».
Au sujet du voyage d’Amir Ohana, Zakaria Abouddahab estime que la Knesset «symbolise le pouvoir législatif, et donc les élus, et de ce fait, la visite va permettre de créer de vrais liens avec le Parlement marocain». C’est une visite à la portée stratégique, puisqu’il y a eu «reconnaissance solennelle (par la Knesset, NDLR) de la marocanité du Sahara, une marocanité historiquement prouvée».
Une coopération multidirectionnelle et multisectorielle
Et d’ajouter, par ailleurs, que quand «des Israéliens d’origine marocaine qui viennent visiter le Maroc, ils viennent en fait visiter leur pays. Il faut que nous ayons toujours cela à l’esprit». Ces échanges, a-t-il poursuivi, permettent au Maroc et à Israël «d’explorer de nouveaux horizons de coopération multidirectionnelle et multisectorielle».
En fait, les deux parties «cherchent à établir ce qu’on pourrait appeler des infrastructures géostratégiques, qui permettent de connecter les deux pays et d’établir des ponts et des passerelles permanents. Parallèlement, il est également question de créer des leviers de développement pour aller plus loin dans le cadre d’une interdépendance réciproquement bénéfique». Et au politologue de rappeler qu’Israël est un «pays développé dans les domaines économiques et technologiques».
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D’après Zakaria Abouddahab, le Maroc a besoin de «s’adosser à des pays avancés dans ces domaines pour renforcer davantage sa résilience. Sur ce point, il faut revenir aux discours de Sa Majesté, où il est question d’autonomie stratégique du Maroc en matière de sécurité énergétique et alimentaire».
Les domaines de coopération englobent différents secteurs, comme ceux des ressources hydriques, du dessalement de l’eau de mer et de l’autonomie sanitaire. «Cela donne un contenu concret et opérationnel. J’ai parlé d’infrastructures géostratégiques pour élargir le spectre de cette relation ouverte à d’autres partenaires, pour en faire des relations triangulaires (avec l’Europe et les États-Unis, NDLR)», explique-t-il. «C’est une approche progressive qui a pour but de développer également la paix et la stabilité, car nous pensons en termes régionaux de la Méditerranée, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord», soutient-il.
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D’autre part, le Maroc, a affirmé Zakaria Abouddahab, «n’a jamais abandonné la cause palestinienne. Si l’on remonte à l’accord tripartite signé entre les États-Unis, le Maroc et Israël le 21 décembre 2020, Sa Majesté le Roi avait insisté sur le fait que le Maroc n’abandonnera jamais sa position concernant un État palestinien reconnu».
Et de poursuivre: «Le fait de dire que le Maroc, en la personne de Sa Majesté le Roi, préside le Comité Al-Qods confirme la position de principe du Maroc. Le raffermissement des relations avec Israël ne changera pas l’attitude du Royaume envers la cause palestinienne», a-t-il conclu, allusion faite aux discours malveillants qui tentent d’induire en erreur l’opinion publique dans le cadre d’une vaine surenchère politique.