La chance a joué un rôle clé au tout début de sa carrière. Après avoir soutenu une thèse de doctorat à Paris, en janvier 1974, consacrée au «contentieux territorial entre le Maroc et l’Espagne», Rachid Lazrak va recevoir un appel de l’ancien ministre de l’Intérieur, Driss Basri. Ce dernier va lui proposer de soumettre une copie de la thèse au défunt roi Hassan II. Résultat: quelques semaines plus tard, Lazrak fera partie de la délégation marocaine à l’ONU, au lendemain du discours royal du 9 juillet 1974 dans lequel le Souverain a laissé entendre que «le Maroc a décidé de récupérer son Sahara».
La mission du Maroc à New York était présidée par feu Driss Slaoui, et comptait également parmi ses membres Majid Benjelloun (ancien ministre de la Communication) et Mohamed Bennouna (actuellement magistrat à la Cour internationale de justice). «Nous recevions de temps en temps la visite de Moulay Ahmed Laraki, alors ministre des Affaires étrangères, qui suivait de près l’évolution des travaux», note Rachid Lazrak.
Le 13 décembre 1974, l’assemblée générale de l’ONU a sollicité l’avis consultatif de la Cour internationale de la Justice (CIJ) sur deux questions concernant le Sahara: «Le Sahara était-il, au moment de la colonisation par l’Espagne, un territoire sans maître (terra nullius)? Y avait-il des liens juridiques d’allégeance entre les tribus sahraouies et les sultans du Maroc?»
«Nous avons accueilli le verdict de la CIJ avec beaucoup de satisfaction, car, d’une part, il confirme la marocanité du Sahara, qui n’était pas sans maître et, d’autre part, il appuie l’existence de liens d’allégeance entre les tribus sahraouies et les sultans du Maroc», souligne-t-il.
Interrogé sur l’obstination de l’Algérie, qui persiste à s’opposer à l’intégrité territoriale du Maroc, Lazrak estime que les causes ne sont pas toutes liées à la politique, et ont aussi trait à la psychologie humaine, évoquant le cas de Abdelaziz Bouteflika qui a vécu à Oujda, en tant qu’instituteur, dans des familles marocaines.
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Que ce soit Houari Boumédiène ou Abdelaziz Bouteflika, poursuit-il, ils n’avaient qu’un seul objectif: faire tout leur possible pour empêcher le Maroc de devenir une puissance régionale, quitte à créer une pseudo république au sud du Royaume.
Quelle sera alors l’issue du dossier du Sahara? «Au risque de surprendre plus d’un, l’affaire du Sahara est close depuis la Marche verte», affirme Lazrak en citant le roi Mohammed VI qui, dans son discours de la Marche verte le 6 novembre 2014, a affirmé que «Le Maroc restera dans son Sahara, et le Sahara demeurera dans son Maroc jusqu’à la fin des temps».
D’un point de vue juridique, estime Lazrak, «tout le monde le sait, il est impossible que le Maroc sorte de son Sahara. Mais chacun a son agenda, chacun cherche à exploiter le conflit en fonction des intérêts de son pays».
Et d’ajouter: «Le conflit du Sahara n’est plus un problème entre le Maroc et l’Algérie. C’est devenu un problème interne pour l’Algérie. Si le Maroc a récupéré le « titre foncier » du Sahara, le régime militaire algérien n’aura plus de quoi justifier les milliards de dollars dépensés pendant des décennies pour une cause perdue d’avance».