Vers un nouveau Hirak en Algérie ou l’éternel retour du réel

Rachid Achachi.

ChroniqueNon seulement, les ingrédients d’un nouveau Hirak algérien sont déjà réunis, mais ces derniers risquent également d’amplifier la dynamique de frustration et de colère, en raison de la perte de légitimité définitive de toute la classe politico-militaire dans le pays. Cette fois, les changements qui vont être réclamés risquent d’être radicaux et non négociables.

Le 28/12/2023 à 10h59

Depuis la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc qu’elle a décidée unilatéralement le 24 août 2022, l’Algérie semble irrémédiablement s’enfoncer dans ce qu’il m’est déjà arrivé de qualifier d’enclavement diplomatique.

Un enclavement non pas subi en raison d’un changement stratégique majeur dans la région, mais volontaire, à l’image de la servitude dans le célèbre «Discours de la servitude volontaire» d’Étienne de La Boétie.

Dans un environnement mondial de plus en plus incertain et a fortiori dans la région chroniquement instable du Sahel, un pays qui se respecte cherche avant tout à se rapprocher de ses voisins et à forger des alliances, en vue de garantir sa sécurité et amplifier ses facteurs de puissance.

C’est par exemple le cas du Maroc, dont le renforcement des relations avec l’Espagne a abouti à une co-organisation de la Coupe du monde 2030 de football, avec le Portugal. Sans parler de la coopération énergétique et de plusieurs autres projets futurs comme ceux visant à relier les deux rives du détroit de Gibraltar.

À l’ouest, au-delà de l’Atlantique, le développement des relations avec les États-Unis et l’Amérique latine offre au Maroc des potentialités économiques quasi illimitées.

Au sud, le dernier discours de Sa Majesté prononcé à l’occasion de la commémoration de la Marche verte ouvre la voie non seulement à une mise à niveau de notre littoral atlantique, mais aussi à une intégration continentale plus poussée à travers la proposition visant à permettre aux pays du Sahel d’accéder à l’Atlantique via l’infrastructure marocaine. Quant à l’est, le Maroc renforce jour après jour ses partenariats avec les pays arabes, à l’instar du récent partenariat sans précédent signé avec les Émirats arabes unis.

Pendant ce temps, on imagine que l’Algérie a dû faire des pieds et des mains pour développer son influence diplomatique et économique dans la région et dans le monde, pour contrebalancer l’émergence fulgurante du Maroc.

Que nenni!

Alger a quand même une réputation à préserver. Celle d’être le principal facteur de parasitage diplomatique et d’instabilité dans la région.

Pendant que le Maroc renforçait sa souveraineté et étendait ses partenariats dans la région et à l’international, Alger a décidé d’emprunter une autre voie:

- Aller stérilement ramper à Moscou devant Poutine en bafouillant quelques poncifs.

- Imposer un quasi-protectorat éphémère à un voisin tunisien agonisant.

- Perdre pied au Sahel à travers des ingérences diplomatiques au Mali, qui mèneront très probablement à une rupture diplomatique avec Bamako, et par extension avec Niamey et Ouagadougou.

- Créer une crise diplomatique avec Paris.

- Et comme on s’y attend, accuser le Maroc de tout cela.

Un programme sacrément chargé pour un président élu sur la base de promesses électorales qui visaient à la base à répondre aux attentes du Hirak. Autrement dit, la prospérité économique, l’ouverture du système politique et une répartition équitable des richesses.

Qu’est-ce que les Algériens ont eu à la place? Un enclavement diplomatique presque total, une dégradation du niveau de vie, des purges politiques pour renforcer le clan actuellement au pouvoir.

Par conséquent, non seulement, les ingrédients d’un nouveau Hirak algérien sont déjà réunis, mais ces derniers risquent également d’amplifier la dynamique de frustration et de colère, en raison de la perte de légitimité définitive de toute la classe politico-militaire dans le pays. Cette fois, les changements qui vont être réclamés risquent d’être radicaux et non négociables.

Cela laisse-t-il présager un futur Hirak? Probablement oui. Cependant, la seule variable qui retarde la marche de l’histoire en Algérie, c’est la capacité du régime à extérioriser les contradictions internes, par la désignation d’un ennemi fictif: le Maroc.

La recette est certes ancienne et bien rodée, mais comme tous les artifices des pouvoirs sans vision stratégique et sans soucis de leurs peuples, ce stratagème finira par épuiser ses ressources. C’est l’éternel retour du réel face auquel on ne peut qu’acheter du temps. Mais à quel prix? Celui du sacrifice du bien-être et des intérêts de toute une génération d’Algériens, victimes de l’aventurisme et du népotisme de leurs élites.

Par Rachid Achachi
Le 28/12/2023 à 10h59

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عبدالله العروي يتطرق في آخر اصداراته Carnets covid. Chez Centre culturel du livre. إلى الأسباب التاريخية للمشكل الجزائري بعد العثمانيين الاستعمار الفرنسي وجدو أنفسهم ورثوا اراضي مغربية تركتهم لهم فرنسا ليدافعوا عن هذه الوضعية تبغوا اطروحة الحدود التي تركها الاستعمار

Le mur de Berlin s est écroulé en quelques jours. Laissant place à des élans de liberté. L histoire démontre que tout peut changer en un rien de temps. Les bascules historiques sont des réalités, souhaitons que cela se passe pour l Algérie et pour ses voisins . Cela ne sera pas un hirak mais autre chose.....

Tu rêve Angie ! Jamais l'Algérie n ouvrira sa frontière !!

Bravo monsieur Saïd ACHACHI, article conci, juste et pertinent. J.espère que les algériens de France et d'ailleurs lisent vos lignes pour mieux se rendre compte de leur prise en otage, hold-up du siècle de tout un pays par une poignée de malfrats et d'une junte belliqueuse machiavélique sanguinaire Ânegerienne.. Autre chose, vous avez juste oublié de citer le grand projet Maroco britannique xlink réunissant les deux royaumes par câble électrique pour éclairer des millions de britannique avec une énergie verte d'avenir depuis nos pupilles villes au Sahara atlantique.

"Un baiser sans moustache est comme un beefsteack sans moutarde." Proverbe italien.

Il n'y aura pas de nouveau Hirak en Algérie. Si l'ancien Hirak a pu avoir lieu c'est grâce à un clan militaire, celui de Gaid Salah, qui l'a manipulé pour éliminer l'autre clan de Taoufik, Nezzar et Said Bouteflika. Nos voisins n'ont jamais goûté à la liberté : une domination Ottomane de 3 siècles, suivie d'une colonisation française de 132 ans qui, après 8 ans de guerre de libération, a cédé la place à une dictature militaire depuis 1962. La timide ouverture démocratique a provoqué une guerre civile de 10 ans avec 250 000 victimes. Le Hirak de 2 ans a abouti à un régime pire que son précédent, avec un président qui ne ressemble à rien. Bref ! قمة الصگوعية يا لطيف 🤔

Achachi connaissant assez bien ce pays et ayant vécu en présence de son système avant et près 1962, je me permets de porter un précision a "enclavement". En effet, devant le coup de Trafalgar de feu Hassan II "marche verte", boumedienne avait juré sur tous les diables de l'univers d'isoler ce Maroc et lui créer les pires soucis, il a commencé au lendemain de la marche verte, déporter 43000 familles des documents montrant des enfants pleurer semblables a ceux de Gaza, la police les a arrachés à leurs écoles pour les regrouper avec leur parents et direction gares de trie pour wagons a bestiaux. ce régime n'avait de cesse a enclaver le Maroc, le voilà enclavé pour une bonne durée, tout se paie.

Le peuple en sommeil profond rien ne changera c'est ainsi les pays dictatures mafieuse personnes. ne bougent

Les pays, c'est comme les liquides en chimie: Certains sont miscibles entre eux et d'autres pas. Les premiers se mélangent parfaitement dès la première interface. Les derniers restent isolés, chacun dans son volume. Même si on les mélange de force, le naturel revient toujours au galop et ils se séparent de nouveau. La solution trouvée pour les liquides non miscibles est l'utilisation d'un émulsifiant, type jaune d'oeuf, pour les naturels parmi eux. La mayonnaise est le produit type de deux liquides non miscibles qui forment un tout cohérent par émulsification. Question: Que faudrait-il imaginer alors comme "émulsifiant diplomatique" pour faire en sorte que deux pays proches comme le notre et son voisin de l'est, qui partagent beaucoup de choses et se complètent, forment un tout cohérent?

L Algerie est une terre morte de tout un pays qui recule et surtout qui va bientôt explosé voila se qui leurs attends a coup sur

Un grand chokrane, à vous, pour la limpidité de votre édifiante et juste analyse.

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