Après l’annulation du sacrifice de Aïd Al-Adha, les prix des ovins chutent dans l’Oriental

بعد إلغاء ذبح الأضاحي.. أسعار الأغنام بجهة الشرق تتهاوى والكسابة يستغيثون

Les prix des ovins connaissent une baisse dans la région de l'Oriental. (M.Echellay/Le360)

Le 06/03/2025 à 10h30

VidéoAprès l’annonce de l’annulation du sacrifice de Aïd Al-Adha, les éleveurs de la région de l’Oriental font face à une crise sans précédent. Les prix des ovins ont chuté de près de 50%.

Une atmosphère d’inquiétude et de mécontentement règne parmi les éleveurs du souk hebdomadaire d’Aïn Beni Mathar, le plus grand marché de bétail de la région de l’Oriental, qui se tient chaque lundi. En cause, une baisse d’environ 50% des prix des moutons, bien que les éleveurs saluent la décision du Commandeur des croyants, le roi Mohammed VI, qui a exhorté les citoyens à ne pas procéder au sacrifice de Aïd Al-Adha cette année.

Dans plusieurs déclarations accordées au média Le360, des éleveurs ont exprimé leur gratitude envers cette décision royale, la qualifiant de choix stratégique. Toutefois, ils ont critiqué ce qu’ils considèrent comme une défaillance du ministère de l’Agriculture dans son rôle de soutien et de préservation de leur cheptel.

Une concurrence jugée déloyale et des conditions de vie précaires

Les éleveurs dénoncent une concurrence «injuste» due à l’importation de moutons de l’étranger. L’un d’eux explique: «L’année dernière, des moutons ont été importés du Portugal et d’Espagne, et leurs propriétaires ont bénéficié d’une subvention de 500 dirhams par tête, alors qu’ils les ont vendus à 4.000 dirhams. Cela nous a fortement pénalisés, nous, les éleveurs du cheptel national.»

Ils soulignent également les grandes difficultés qu’ils affrontent pour élever des moutons de qualité, tout en faisant face à une baisse de leurs revenus. Certains affirment que leurs enfants sont contraints d’abandonner l’école pour s’occuper du bétail. Face à cette précarité, ils réclament une aide financière urgente de l’État et appellent le ministère concerné à réagir rapidement.

Un éleveur, visiblement en colère, témoigne: «Un mouton qui se vendait à 4.000 dirhams ne vaut plus que 2.200 ou 2.300 dirhams. Les éleveurs sont en grande difficulté.» Il interpelle le ministre de l’Agriculture sur la nécessité d’intervenir, notamment dans des zones comme les provinces de Jerada et Figuig, où les habitants font face à d’importants défis en matière d’éducation et de recherche d’alternatives économiques. Il estime aussi que les subventions pour l’alimentation du bétail sont insuffisantes pour couvrir leurs besoins.

Des demandes urgentes pour sauver le secteur

Face à cette crise, les éleveurs appellent l’État à lancer des mesures urgentes pour protéger le secteur de l’élevage, comme l’exportation d’une partie du cheptel national, le gel des importations de viande congelée, ou toute autre solution garantissant la survie du secteur. Ils insistent sur la nécessité d’un soutien direct aux éleveurs afin de leur permettre de surmonter cette dure période.

Bien qu’ils soutiennent le choix du Roi, les éleveurs avertissent que si la situation perdure, elle pourrait entraîner l’effondrement total du secteur de l’élevage dans la région de l’Oriental. Ils remettent en cause les résultats du dernier recensement réalisé sous l’égide de l’Association nationale des éleveurs d’ovins et de caprins, qualifiant les chiffres annoncés de «fantaisistes». Selon eux, ces données erronées ont conduit à des décisions inadaptées, aggravant davantage la crise.

Face à l’urgence, ils appellent à une intervention immédiate pour sauver le secteur et protéger les intérêts des éleveurs.

Par Mohammed Echellay
Le 06/03/2025 à 10h30

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M.Axis7 ,mes amitiés. Permettez d'apprécier la qualité de votre commentaire .Je dois dire que si il ne pleut pas chez nous ,ce n'est pas à cause de surpâturage ; c'es planétaire, .Cela n'empêche qu'on lutte contre l'érosion et la désertification et travaille sur la préservation des sols. Faut penser à l'emploi (direct et non) généré par le secteur de l'élevage dominé non plus par le mode pastoral mais par la stabulation-sédentarité avec une pseudo-industrialisation .Pour dire que le secteur est important socialement et économiquement. Une question fondamentale que vous soulevez c'est LA SUBVENTION COMME LEVIER D'ENCOURAGEMENT à l'investissement .Elle concerne TOUT SECTEUR et à laquelle L'Etat devrait se pencher. sur l'efficacité ,gouvernance... Vous serez un écologiste ? MERCI.

Indéniablement la décision-exhortation Royale tombe à point nommé ,Et pour l'intérêt du citoyen-consommateur au vu du poids du cout de sacrifice dans les budgets familiaux dans une conjoncture marquée d'inflation ( produits alimentaires + charges scolaires+ loisirs..).Et pour l'éleveur car techniquement c'est le moment ou il démarre véritablement l'engraissement des agneaux occasionnant le pic des charges. Connaissant qu'il n'aurait d'Aid, il peut réorienter la conduite. La décision a permis d'annuler les surcouts sinon les alléger. Cette période est ,à exploiter pour réfléchir sur la filière, le conseil agricole, les experts technico-économiques ,les organisations professionnelles et les non moindres les vétos car la problématique santé animale et humaine est cruciale. .MERCI

L'Etat devrait confisquer ces subventions aux importateurs qui n'ont pas joué le jeu. Offrir des subventions en esperant qu'ils vont baisser le prix est d'une grande naïveté et un gâchis de l'argent public pour un rite qui n'a plus rien de religieux puisque on verse dans l'avarice et la cupidité. Par ailleurs, personne ne se pose la question du scandale d'un mouton qui coûte plus de 2 smics? Travailler deux mois pour ce payer un mouton! Enfin, il est temps de revoir notre politique d'elevage puisque le pastoralisme accentue l'arrachage des couverts vegetaux, l'erosion et la desertification et donc la rareté des pluies qui sont aussi provoquées par l'evaporation des eaux des plantes. Un cercle vicieux.

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