Une atmosphère d’inquiétude et de mécontentement règne parmi les éleveurs du souk hebdomadaire d’Aïn Beni Mathar, le plus grand marché de bétail de la région de l’Oriental, qui se tient chaque lundi. En cause, une baisse d’environ 50% des prix des moutons, bien que les éleveurs saluent la décision du Commandeur des croyants, le roi Mohammed VI, qui a exhorté les citoyens à ne pas procéder au sacrifice de Aïd Al-Adha cette année.
Dans plusieurs déclarations accordées au média Le360, des éleveurs ont exprimé leur gratitude envers cette décision royale, la qualifiant de choix stratégique. Toutefois, ils ont critiqué ce qu’ils considèrent comme une défaillance du ministère de l’Agriculture dans son rôle de soutien et de préservation de leur cheptel.
Une concurrence jugée déloyale et des conditions de vie précaires
Les éleveurs dénoncent une concurrence «injuste» due à l’importation de moutons de l’étranger. L’un d’eux explique: «L’année dernière, des moutons ont été importés du Portugal et d’Espagne, et leurs propriétaires ont bénéficié d’une subvention de 500 dirhams par tête, alors qu’ils les ont vendus à 4.000 dirhams. Cela nous a fortement pénalisés, nous, les éleveurs du cheptel national.»
Ils soulignent également les grandes difficultés qu’ils affrontent pour élever des moutons de qualité, tout en faisant face à une baisse de leurs revenus. Certains affirment que leurs enfants sont contraints d’abandonner l’école pour s’occuper du bétail. Face à cette précarité, ils réclament une aide financière urgente de l’État et appellent le ministère concerné à réagir rapidement.
Un éleveur, visiblement en colère, témoigne: «Un mouton qui se vendait à 4.000 dirhams ne vaut plus que 2.200 ou 2.300 dirhams. Les éleveurs sont en grande difficulté.» Il interpelle le ministre de l’Agriculture sur la nécessité d’intervenir, notamment dans des zones comme les provinces de Jerada et Figuig, où les habitants font face à d’importants défis en matière d’éducation et de recherche d’alternatives économiques. Il estime aussi que les subventions pour l’alimentation du bétail sont insuffisantes pour couvrir leurs besoins.
Des demandes urgentes pour sauver le secteur
Face à cette crise, les éleveurs appellent l’État à lancer des mesures urgentes pour protéger le secteur de l’élevage, comme l’exportation d’une partie du cheptel national, le gel des importations de viande congelée, ou toute autre solution garantissant la survie du secteur. Ils insistent sur la nécessité d’un soutien direct aux éleveurs afin de leur permettre de surmonter cette dure période.
Bien qu’ils soutiennent le choix du Roi, les éleveurs avertissent que si la situation perdure, elle pourrait entraîner l’effondrement total du secteur de l’élevage dans la région de l’Oriental. Ils remettent en cause les résultats du dernier recensement réalisé sous l’égide de l’Association nationale des éleveurs d’ovins et de caprins, qualifiant les chiffres annoncés de «fantaisistes». Selon eux, ces données erronées ont conduit à des décisions inadaptées, aggravant davantage la crise.
Face à l’urgence, ils appellent à une intervention immédiate pour sauver le secteur et protéger les intérêts des éleveurs.
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