Je lui demande si elle a des soucis d’argent. Elle éclate de rire: «Maman, je suis minimaliste!» Mon cœur s’emballe: mon Dieu, ma fille est entrée dans une secte? NON!
Le minimalisme? Un courant né dans les années 60, aux USA, contre la consommation excessive. Il encourage le retour à l’essentiel: se focaliser plus sur les relations et les expériences humaines que sur la possession et le cumul d’objets, acheter des produits usagés plutôt que neufs…
Profiter de la vie mais avec éthique, en privilégiant les valeurs humaines et non matérielles. Se valoriser par l’être et non par l’avoir.
De nos jours, la consommation a explosé. Avant, nous sortions faire nos achats selon nos besoins. Aujourd’hui, avec la télévision, et surtout internet, les produits viennent à nous à travers la publicité. Le développement rapide de la technologie pousse au consumérisme. Les livraisons à domicile ont intensifié la consommation, parfois impulsive ou compulsive. Acheter pour le plaisir de consommer, pour frimer, montrer qu’on a les moyens d’avoir telle ou telle marque…
Mais la fabrication des produits de consommation est un danger pour la planète. D’où la création de courants tels que le minimalisme.
C’est le cas des végétariens, des végétaliens, des véganes, des pescétariens et des flexitariens. Ils adoptent un mode de vie contre l’exploitation des animaux. L’industrie et l’élevage intensif des animaux sont une menace: déforestation, usage intensif de l’eau, pollution de l’air, pollution de la terre par les engrais chimiques…
Par ailleurs, selon de nombreuses études scientifiques, manger trop de viande augmenterait de 25% le risque de cancer et d’autres maladies. C’est aussi pour préserver leur santé que de nombreuses personnes adoptent ces régimes.
Le végétarisme existait dans la Grèce antique. Pythagore, philosophe grec (VIe siècle avant J.C), aurait été le premier végétarien. Les végétariens étaient nommés pythagoriciens. Ils refusaient de se nourrir en faisant souffrir des animaux ou en leur ôtant la vie.
Les végétariens ne mangent pas de viande, ni de poisson. Ils mangent des produits laitiers et des œufs, et donc les gâteaux, les biscuits, le chocolat, les glaces…
Que mangent les végétaliens? Leur régime est plus strict que celui des végétariens, composé exclusivement d’aliments végétaux. Aucun produit d’origine animale: pas de viande, ni de poisson, ni de fruits de mer. Pas de produits laitiers, d’œufs, et parfois même de miel. Donc pas de gâteaux, ni de glace, ni de chocolat.
Que mangent les pescétariens? Pas de viande, ni d’aliments d’origine animale, mais les produits de la mer: poisson, crustacés...
Les flexitariens ne consomment ni viande ni poisson. Certains mangent des dérivés de produits animaux comme le lait et les œufs. Ils n’achètent pas les viandes et leurs dérivés, mais les mangent chez d’autres personnes. Ils restent flexibles.
Que mangent les véganes? Pas de viandes animales ni leurs dérivés (œufs et produits laitiers), pas de poisson. Ils ne consomment aucun produit cosmétique ou domestique contenant des ingrédients issus d’animaux. Donc pas de biscuits, ni de chocolat, ni de glace ou tout autre produit contenant du lait, de la crème, des œufs, de la graisse animale…
Les plus stricts des véganes ne portent ni chaussures ni vêtements en cuir animal, ou à base de laine. Il existe des magasins qui proposent des articles fabriqués avec des matières autres qu’animales. Certains véganes rejettent les loisirs et les sports qui exploitent des animaux: équitation, dressage d’animaux pour des spectacles, zoo…
Toute une industrie alimentaire s’est développée pour offrir aux végétariens, aux végétaliens, aux véganes, aux pescétariens et aux flexitariens des aliments à base de végétaux, non testés sur les animaux et ne contenant aucune graisse ou autres produits animaux.
Magasins spécialisés et grandes surfaces proposent des aliments véganes avec du tofu, fait à partir des graines de soja, ou avec le seitan, riche en protéines, fabriqué à partir de farine de blé, d’épeautre ou de gluten: fromage végane, saucisses, croquettes, nuggets, langoustes, crevettes, poisson, charcuterie, gâteaux, glaces, chocolat… Mais ces produits restent coûteux.
Au Maroc, on adore la viande. Mais une grande partie de la population ne la mange pas régulièrement par manque de moyens. On consomme en moyenne 17,3 kg par an et par habitant de viande rouge, alors que la moyenne mondiale est de 43 kg (FAO). Pour les Algériens, c’est 14,5 kg, les Tunisiens, 6 kg, les Français, 86,3 kg. Je suis certaine que si les Marocains en avaient les moyens, ils dépasseraient ces moyennes. L’Inde est le pays où la majorité de la population est végétarienne à cause de l’interdit religieux.
Comment se passer de méchoui, des dizaines de variétés de tajine de viande rouge, de poulet et de poisson? Et hargma (kar’ine: pieds de veau) et riousse mbakhrine (tête de mouton à la vapeur et au cumin), boulfafe (zennane: brochettes de foie)… Je vais éclater en sanglots rien qu’à l’idée de m’en priver.
Pendant des siècles, les besoins des êtres humains étaient primaires: se loger, se nourrir et se vêtir. Aujourd’hui, la consommation est liée au bien-être, à la réussite, au prestige!
L’Islam recommande al kana’â: jouir des délices (anna’ime) de ce monde, mais en profitant pleinement de ce que l’on a, en étant reconnaissant et en évitant le gaspillage.
La planète compte 8 milliards d’habitants. Que l’on adopte un de ces régimes ou non, on peut consommer en évitant la destruction de la planète et l’épuisement de ses ressources afin de transmettre aux jeunes générations un monde sain.