Cinéma, gaming, édition… Comment le Maroc et la France entendent booster leur coopération culturelle

Rachida Dati, ministre française de la Culture, et Mehdi Bensaid, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, mardi 18 février à Rabat. (K.Sebbar/Le360)

Cinéma, gaming, protection du patrimoine, archives, édition… Une collaboration renforcée entre le Maroc et la France est en marche. Pas moins de dix conventions ont été signées, ce mardi 18 février à Rabat, pour mieux structurer cette coopération culturelle et ouvrir de nouvelles perspectives aux acteurs des deux pays. Les détails.

Le 18/02/2025 à 13h28

Structurer la collaboration entre les institutions culturelles du Maroc et de la France, soutenir les industries créatives marocaines, valoriser le patrimoine commun et développer des échanges professionnels. Tels sont les objectifs que se sont fixés Mohamed Mehdi Bensaid, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, et Rachida Dati, ministre française de la Culture, à l’occasion de la signature de dix accords entre plusieurs institutions représentant Rabat et Paris, ce mardi 18 février.

Pour Rachida Dati, «ces accords sont une première étape de mise en œuvre des engagements pris lors de la visite d’État (du président de la République française, Emmanuel Macron), secteur par secteur. La première de nos priorités, c’est le renforcement des industries culturelles et créatives du Maroc, notamment dans les secteurs du cinéma et du jeu vidéo. Nous faisons le pari que la culture est une activité économique à part entière, facteur d’emploi pour la jeunesse et de croissance».

Dans le secteur du cinéma, le partenariat signé entre le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) et le ministère de la Culture ouvre de nouvelles perspectives pour la production audiovisuelle marocaine: «Cet accord nous permet de lancer plusieurs projets. Pour le cinéma, je veux mentionner les rencontres de co-production qui auront lieu en mai prochain lors du festival de Cannes, ainsi que par la mobilisation de l’expertise du CNC pour contribuer à la montée en puissance de l’industrie marocaine du cinéma et à la formation de vos professionnels, comme nous allons le faire à Dakhla.»

«Le patrimoine audiovisuel et cinématographique est aussi une histoire partagée entre nous. Nous avons souhaité la mettre en valeur à travers l’accord-cadre que nous venons de signer: il permettra d’appuyer le développement et le rayonnement des activités de la cinémathèque marocaine. Cette nouvelle institution culturelle marocaine pourra compter sur les partenariats également signés avec le CNC, l’Institut national de l’audiovisuel (INA), la Bibliothèque nationale de France (BnF) et l’Institut français. Ceci nous permet d’enclencher plusieurs projets: un travail d’identification, dans les collections françaises, des films sur le Maroc ou produits par le Centre cinématographique marocain (CCM) lui-même», fait savoir la ministre.

Dans cette optique, plusieurs actions concrètes seront mises en place pour assurer la sauvegarde et la diffusion du patrimoine cinématographique marocain. «Nous pourrons procéder à des remises de films originaux, ou à la numérisation voire à la restauration de ces œuvres audiovisuelles. Nous contribuerons également à l’enrichissement du catalogue de la cinémathèque, avec des œuvres africaines en particulier. Les échanges entre nos experts seront aussi tournés vers la formation des agents de la cinémathèque et l’appui à son plan de développement», ajoute Rachida Dati.

Le gaming, un axe de coopération clé

La coopération franco-marocaine s’étend également au domaine du jeu vidéo. «J’ai souhaité inviter le Maroc à participer pour la première fois au Game CreaLab francophone, une résidence dédiée à la création originale de jeu vidéo. Le CNC est également prêt à travailler avec vous sur la Cité du Gaming, afin de contribuer à l’attractivité du Maroc dans ce secteur. Je veux également souligner la mobilisation du secteur privé, avec la signature d’un accord ce matin avec l’entreprise française TA publishing qui souhaite développer ses activités au Maroc», poursuit la ministre.

Un autre axe important concerne la modernisation et la conservation des archives: «À travers l’accord signé entre le service interministériel des archives de France et les archives du Maroc, nous engageons un travail sur l’adaptation de la législation en matière d’archives, la formation de vos archivistes, et un appui également dans votre projet de développer un nouveau bâtiment, pour qu’il réponde aux meilleurs standards internationaux de conservation.»

La sauvegarde des archives s’accompagne d’un engagement tout aussi fort en faveur de la conservation et de la valorisation des sites historiques. «L’accord entre le Centre des monuments nationaux et la Direction du patrimoine du ministère de la Culture identifie quatre sites patrimoniaux marocains pour un partage d’expertise qui permettra de renforcer la valorisation touristique des sites de Lieus, Ighoud, des grottes d’Hercule à Tanger, et de la grotte du chameau dans le massif des Beni-Snasse. Nous travaillons également à la possibilité d’un jumelage entre le site du Chellah et le château de Chambord. Je veux aussi signaler les ressources du secteur privé. L’entreprise culturelle française Nuit noire signera en fin de matinée un accord pour développer des contes sonores à destination des enfants qui visitent le site du Chellah», note la ministre.

«L’archéologie est l’un des piliers de notre coopération patrimoniale. J’ai souhaité que nous puissions aussi renforcer notre partenariat dans ce secteur, en particulier celui de l’archéologie préventive. C’est l’objectif de l’accord entre l’INSAP et l’INRAP qui mobilisera l’expertise française au service de votre stratégie, Monsieur le Ministre, avec un travail sur la législation dans ce secteur, la formation de vos archéologues et un travail conjoint sur des grands chantiers d’infrastructures, en prévision de la Coupe du Monde notamment, qui pourraient demander une expertise en matière d’archéologie préventive», poursuit-elle.

Dans la même logique de préservation et de diffusion du savoir, un autre pan de la coopération porte sur les bibliothèques et le livre, vecteurs essentiels de transmission culturelle. «Après les industries culturelles et le patrimoine, cette visite nous permet également de renforcer notre coopération dans le secteur des bibliothèques et du livre. L’accord signé entre la BnF et la Bibliothèque nationale du Maroc permet d’enclencher un travail commun pour valoriser les fonds sur le Maroc dans les collections de la BnF, et les fonds sur la France au sein des collections de la Bibliothèque nationale du Maroc. La BnF mobilisera également son expertise dans le domaine de la numérisation et de la formation», détaille Rachida Dati.

«J’ai donc souhaité que nous puissions renforcer notre action dans le domaine de la traduction. Les auteurs marocains de langue française sont connus en France. Les auteurs de langue arabe le sont moins. Le Centre national du Livre a donc lancé un dispositif de soutien qui permettra la prise en charge à 70% des frais de traduction en français de ces auteurs», explique la ministre.

Pour Mohamed Mehdi Bensaid, ce partenariat stratégique avec la France représente une opportunité majeure pour le développement des industries culturelles et créatives marocaines: «Il ambitionne de relever au mieux les défis communs, en mobilisant l’ensemble des secteurs concernés par la coopération bilatérale, régionale et internationale.»

Par Hajar Kharroubi
Le 18/02/2025 à 13h28

Bienvenue dans l’espace commentaire

Nous souhaitons un espace de débat, d’échange et de dialogue. Afin d'améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.

Lire notre charte

VOS RÉACTIONS

Chapeau â notre ministre Franco-Marocaine. Une vraie patriote pour ces 2 pays la France et le Maroc. Etant Franco-Marocain moi même, vous me representez ã merveille dans ces innitiatives

0/800