Le long-métrage Les Enfants de la Nouvelle Terre ne verra jamais le jour sous la direction de Narjiss Nejjar. La cinéaste, aujourd’hui à la tête de la Cinémathèque marocaine, est accusée par la société de production norvégienne Evil Doghouse, dirigée par Egil Odegard, d’avoir rompu abusivement un contrat signé en 2020.
Dans une sentence arbitrale rendue le 11 avril 2025, il a été statué que Narjiss Nejjar devra verser la somme de 4.417.636 dirhams, à laquelle s’ajoute une indemnité de 100.000 dirhams pour préjudice moral, ainsi que la prise en charge de l’ensemble des frais d’arbitrage. Contactée par Le360, une source proche de la société de production affirme que la décision est définitive. Si elle n’est pas exécutée dans un délai d’un mois, la réalisatrice pourrait faire l’objet d’une saisie sur salaire, voire d’une contrainte par corps – autrement dit, une peine de prison.
Face à cette décision, Narjiss Nejjar prévoit une action en annulation. «On me reproche de m’être retirée d’un projet, mais ce retrait n’est ni une défection ni une rupture abusive. Le contrat était caduc depuis quatre mois au moment des faits», affirme-t-elle.
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Le contrat en question stipulait en effet que si, «dans un délai de 24 mois à compter de la signature, le film n’était pas réalisé, la convention serait résolue de plein droit, sans nécessité de mise en demeure ni formalité judiciaire. La réalisatrice recouvrerait alors l’intégralité de ses droits, les sommes perçues lui restant acquises.»
Narjiss Nejjar justifie sa décision par des «dérives éthiques, morales et juridiques» qu’elle dit avoir constatées durant le développement du projet. «Le producteur a voulu imposer des modifications majeures au scénario, exigeant l’ajout de scènes portant gravement atteinte à l’image de mon pays. Il voulait en faire un foyer de radicalisation, alors que mon scénario initial mettait en lumière la vigilance des institutions marocaines et leur efficacité dans la lutte contre le terrorisme.»
Autre point de désaccord: l’usage d’armes à feu sur le tournage, pour lequel Nejjar avait exigé une autorisation officielle de la commission militaire. «Cette demande a été catégoriquement rejetée par la production. Face à ce refus, j’ai décidé de me retirer. Je ne pouvais pas m’engager dans un projet illégal ni trahir mes principes.»
La réalisatrice souligne que cette affaire n’a aucun lien avec ses fonctions actuelles à la tête de la Cinémathèque marocaine. «Il s’agit d’un litige purement privé, lié à un contrat antérieur à ma prise de fonction», conclut-elle.
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